Dec 3, 2013 | L'oeil de la caméra |
Jean Painlevé, fils du célèbre Paul Painlevé, mathématicien et Président du Conseil sous la IIIème République, est l’homme qui a donné ses premières lettres de noblesse au documentaire scientifique. D’abord pris pour une hurluberlu dont les méthodes n’avaient rien de scientifique, il permit d’ouvrir la voie à nombre de documentaristes qui lui sont redevables. Même lorsqu’ils sont muets, ses films montrent que le parti pris est clairement esthétique et une certaine poésie calme s’en dégage. On commence avec celui-ci que j’aime beaucoup, la pieuvre…
La Pieuvre
de Jean Painlevé
France/1928/12′54″
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Mar 23, 2013 | Livres et carnets |
Voici un petit livre tout à fait étonnant. Trouvé dans la sélection 2013 du prix du meilleur roman décerné par les lecteurs de Points, cet OVNI littéraire à la couverture rose brillante est un conte clair comme l’eau du ruisseau. Parfois, je me demande ce qui me passe par la tête quand je me décide à acheter des bouquins.
L’auteur, Vaikom Muhammad Basheer, est connu pour son œuvre à caractère social, racontant avec une certaine tendresse la vie dans la province du Kerala (extrême sud-ouest de l’Inde), où un quart des habitants sont musulmans), aussi bien que pour son rôle politique dans le processus d’indépendance de l’Inde.
Kounnioupattoumma est une jeune fille indienne, musulmane, élevée dans un cocon de tendresse et de richesses ; son père s’occupe des affaires de la mosquée et personne ne lève le petit doigt sans en référer à son avis, jusqu’au jour où les affaires ne vont plus et voici la famille ruinée, la jeune fille et sa mère obligée de vendre leurs bracelets en or pour acheter une petite maison dans les faubourgs, là où les gens font leurs besoins sur la route ou dans la rivière où est tirée l’eau à boire… Pourtant, Oumma, sa mère est la fille préférée de son grand-père, lequel avait pourtant un éléphant, un grand mâle avec des défenses !
Photo © Riccardo Romano
Dans cet univers devenu sombre, Kounnioupattoumma passe les années sans trouver d’homme qui ne veuille d’elle à marier, à plus forte raison parce que ses parents sont pauvres, jusqu’au jour où, voulant secourir un moineau femelle, elle tombe dans un fossé et n’arrive à en sortir que grâce aux bons soins d’un jeune homme qui va disparaître aussi vite qu’il est apparu.
Derrière l’histoire simple d’une fille naïve surprotégée qui finit par être livrée à un monde dur se trouve une belle réflexion sur les liens qu’entretiennent les différentes religions qu’on trouve en Inde. Car même entre musulmans, parfois, on a du mal à reconnaître les siens…
- C’est quoi? demande Kounnioupattoumma.
Pour le reste, elle avait compris. Elle avait entendu parler de « poules électriques » qui s’allument quand on appuie sur un bouton. Mais le mot « radio », en revanche, elle ne le connaissait pas.
— C’est une boîte, explique Aïsha, d’où sortent de la musique et des informations de très, très nombreux pays.
— On entend La Mecque ?
— L’Arabie, la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan, la Russie, l’Afrique, Madras, l’Allemagne, l’Amérique, Singapour, Delhi, Karachi, Lahore, Mysore, l’Angleterre, Le Caire, l’Australie, Calcutta, Ceylan — on peut capter des stations de presque partout dans le monde.
Kounnioupattoumma ne comprenait pas bien de quoi il était question. Mais une chose était sûre, cette fille en faisait trop.
— Tu as un tamarin chez toi ?
— Non !
Et pourtant, c’était bien le plus important, non ? Elle poussa l’avantage :
— Et un éléphant, fausse bécasse, tu en as un ?
— Non !
— Mon grand-père avait un éléphant, dit Kounnioupattoummaen se rengorgeant, un grand mâle à défenses !
Aïsha répondit avec fierté :
— Mon grand-père avait un char à bœufs ! Il transportait des marchandises qu’il livrait dans des boutiques ou chez les gens. C’était son travail. Avec son char à bœufs, il a payé des études à mon père jusqu’à la maîtrise. Et ton grand éléphant, où est-ce qu’il est ?
— Oh, il est mort. Enfin, décédé.
— Quand est-ce qu’il est mort ?
— Pas mort, décédé. (C’était un éléphant musulman, il fallait donc dire « décédé », ou « trépassé », comme pour les croyants. « Mort », c’était bien pour les kafir(*).) Il a tué quatre kafir !
— Seulement quatre ? Et combien de musulmans ?
— Zéro. C’était un éléphant formidable !
— Si c’est bien vrai, répondit Aïsha en riant, il aura droit à quatre demeures au paradis, richement incrustées, pierres précieuses, diamants, perles et rubis, respectivement !
Quand une personne avait accompli ici bas des actions méritoires — et tuer un kafir en était une — elle jouissait dans l’autre monde de multiples plaisirs.
Notes :
kafir : désigne de manière péjorative les non-musulmans.
Vaikom Muhammad Basheer, Grand-père avait un éléphant
Points Zulma, 2005
Traduit du Malayalam (Inde) par Dominique Vitalyos
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May 24, 2012 | Carnets de route (Osmanlı lale), La rose et la tulipe (carnet de voyage à Istanbul), Sur les portulans |
Épisode précédent : La rose et la tulipe, carnet de voyage à Istanbul 7 : Le Grand Bazar (Kapalıçarşı) et la mosquée Bayezid II (Beyazıt Camıı)
Le chat au pied du minbar de Sainte-Sophie
S’il est une chose qui surprend à Istanbul, c’est l’omniprésence des chats. Véritables rois des rues, ils se faufilent partout sous les palissades, par les vantaux des caves et investissent les poubelles qu’ils retournent avec une certaine dextérité, habitent certainement en colocation dans les maisons abandonnées qu’on trouve à tous les coins de rue. Les seuls chiens que j’ai vus se trouvaient sur la rive asiatique, à Üsküdar. Les uns ou les autres sont les rois du pavé, et ce n’est pas rare de les voir étendus sur le passage des badauds, pas inquiétés pour un sou par la présence des humains. Mon fils a même sympathisé avec un jeune chat qui tous les soirs nous attendait près du café des sports sur la place de Kadırga Meydanı et qu’il avait surnommé… Constantinople.
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Feb 16, 2012 | Livres et carnets |
Voici à nouveau un livre écrit en latin — De Salamandrae Terrestris Vita, Evolutione, Formatione Tractatus — par le naturaliste Adolph Friedrich Funk, datant de 1827 dans lequel sur les trois dernières pages s’étendent de superbes planches d’illustrations représentant la salamandre terrestre (salamandra salamandra) sous toutes ses coutures. Une rare qualité de représentation…
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Feb 14, 2012 | Livres et carnets |
Petrus (ou Peder) Ascanius est un zoologiste norvégien de l’époque de Carl von Linné. Il parcourut les côtes de son pays pour en ramener un inventaire illustré en cinq cahiers de la faune et de la flore des fjords sous le titre Icones rerum naturalium ou figures enluminées d’histoire naturelle du Nord (Copenhague, 1805), disponible à la consultation et au téléchargement sur Google Books. Un vieux livre joliment relié et parfaitement conservé, illustré de gravures aux couleurs resplendissantes. (more…)
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