L’histoire de l’art commence avec ce moment très particulier où l’être humain ne fait plus simplement des images de sa perception une représentation, mais à partir du moment où il le représente en en simplifiant les formes ou en les rendant plus belles dans un but décoratif ou esthétique. Il y a une idée de rendre la réalité avec quelque chose “de plus”, de plus simple ou de plus compliqué, de plus beau ou de plus laid, de plus neutre ou de plus dramatique, mais il y a l’idée de transcender.
La découverte en 1931 de la grotte de Vogelherd, dans la vallée de la Lone, nous a permis de découvrir les plus anciens vestiges d’art stylisé, datant de la période aurignacienne (c’est-à-dire entre 37000 et 28000 avant le présent, vingt fois notre ère !), avec ce cheval et ce mammouth taillés dans l’ivoire. La statue du cheval est également le plus ancienne représentation connue de cette espèce avec des dimensions tout à fait modeste, ce qui le rend un peu plus précieux. 4,8 cm de long, 2,5 cm de hauteur et 0,7 cm d’épaisseur, le cheval de Vogelherd est un chef d’œuvre de stylisation. Cou allongé et recourbé, pattes regroupées dans un même faisceau (elles sont d’ailleurs figurées écartées car si on avait retrouvé le reste des pattes, on aurait certainement vu qu’il n’est pas debout), queue figurée par un simple appendice, il est représenté dans un attitude qui est certainement celle du rut.
Le mammouth de Vogelherd est certainement un mâle dont la forme de la boîte crânienne est caractéristique. Il est perforé à l’avant et à l’arrière, faisant certainement office de pendant, ce qui confirme sa vocation esthétique. On remarquera que la figurine est criblée de points et de croix sur une grande partie du corps, comme on peut en trouver sur le pariétal des grottes contemporaines. La fonction magique de l’objet est presque évidente. Il mesure 5 cm de long, 3,1 de haut et 2,2 d’épaisseur.
Parmi les découvertes majeures du mobilier de cette grotte, on trouve également en haut à gauche un lion des cavernes, au centre et à droite un bison, en bas à gauche un léopard. Clairement, les objets ici représentés ne sont pas des représentations naturalistes ou réalistes. On retrouve également des traces de ce comportement dans d’autres œuvres d’art majeures de la même époque, comme l’ours dansant de Geißen-klösterle, le cheval sautant de Bruquinel ou les bouquetins de Montesquieu-Aventès. L’exemple le plus flagrant car il représente une figure humaine symbolisant très certainement la fécondité, est la très célèbre Vénus de Hohle Fels, haute de 5,9 cm et large de 3,4 cm, mais ceci est une autre histoire…
Cheval sautant de Bruquinel
Bouquetins affrontés de Montesquieu-Aventès
Ce sont les prémices d’une stylisation à vocation clairement esthétique. La clarté de ces formes nous indique que nous avons affaire à un artiste, à une personne qui comprend les proportions pour les modifier ensuite, dans un processus de transformation. La théorie de l’histoire de l’art voulant qu’il n’y ait pas une évolution linéaire des préceptes de l’art mais bien plutôt une succession d’apogées et de déclins trouve ici une belle illustration. 35000 ans avant notre ère déjà, l’esprit figuratif corrélé à l’abstraction des formes prouve que l’art commence bien ici.
Tags de cet article: animal, art, chamanisme, préhistoire, style
les “Bouquetins affrontés de Montesquieu-Aventès”, on dirait 2 poulets rôtis qui s’enlacent.
J’ai faim
et oui, je sors
C’est bon le poulet, bien roti…
Oui, 2 poulets qui s’enlacent sur un morceau de haddock fumé 🙂
on appellera ça “le poulet à l’aurignacienne”, une spécialité qui réchauffe bien les jours d’hiver
servie avec des choux rouges et des patates rôties dans la graisse d’oie.
burp
Le truc , c’est qu’il faut que les choux soient bien cuits, et les petites patates juste à point, comme ça la composition ne s’affaisse pas dans le plat au moment de servir…