Au travers des différentes lectures, compte-rendus de fouilles ou articles de revues décortiquées ces derniers temps, je me suis rendu compte que la présence de phallus dans les abris notamment de la Dordogne était beaucoup plus réduite que celle des vulves.
Bien évidemment, il existe certainement des sources fiables permettant d’en faire le descriptif et d’en décrire l’utilité ou la fonction, mais dans le domaine des représentations sexuelles, on trouve des choses très diverses qui parasitent les interprétations.
Alors on peut se demander, pourquoi plus de vulves que de phallus ?
Deux raisons peuvent l’expliquer. L’extériorité du sexe masculin porte beaucoup moins à caution que le sexe féminin sur la manifestation de ses formes. D’autre part, on l’a vu dans l’article précédent, il y a une dimension magique dans la représentation de la vulve qui est la conscientisation de sa propre origine et la perpétuation du mécanisme d’enfantement. Pour le phallus, même s’il est un symbole de fertilité, le mystère est moins prégnant. La seconde raison qui peut expliquer la différence, c’est que si les vulves étaient gravées dans la pierre ou sur des blocs, la vulve fendue clairement représentée, il est moins facile de représenter un phallus de la même manière, avec autant de symbolisme, ce qui expliquerait le passage à la sculpture (en l’occurrence avec le phallus de l’abri Blanchard, sur un os de renne), un phallus étant plus difficile à sculpter dans la pierre. L’art mobilier (mobile, détaché de la paroi) étant par la force des choses plus sujet à être déplacé, constitue un désavantage certain pour les scientifiques et les archéologues par rapport au pariétal gravé, en raison de sa mobilité mais aussi de la dégradabilité du bois et de l’os.
Après se pose la question de l’utilité de ces objets. Avaient-ils une fonction symbolique, nécessaire dans un quelconque rite de passage ou initiatique ? Avait-il une fonction décorative ? Ou alors était-ce un objet dont la visée était clairement située du côté du plaisir ? La question peut se poser lorsqu’on examine la forme de plusieurs d’entre eux, forme symbolique et métaphorique évidemment, mais quand même… Une question qui à mon sens reste ouverte et c’est à l’aide du double phallus de la Gorge d’Enfer qu’on peut se montrer circonspect.
Liens :
- L’abri Blanchard à Sergeac (Dordogne), descriptif du site sur Hominidés.
- Les représentations sexuelles masculines dans l’art paléolithique.
Photo © Réunion des musées nationaux (RMN)
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