Epi­sode pré­cé­dent : La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 9 : Yere­ba­tan Sarnıcı, domaine de Méduse

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 140 - Sultanahmet Camıı (Mosquée bleue)

Dif­fi­cile de pas­ser devant sans être frap­pé par sa majes­té, son immense sta­ture, ses six inter­mi­nables mina­rets qui semblent déchi­rer le ciel. La Mos­quée Bleue, qu’on appelle ain­si en rai­son des mil­liers de car­reaux de faïence pro­ve­nant d’Iz­nik qui en parent l’in­té­rieur et dont la domi­nante de cou­leur créé un ensemble bleu, se voit de loin et attire néces­sai­re­ment le regard. Ses façades sont de marbre, de ce marbre qu’on retrouve par­tout dans la ville sous de mul­tiples formes, dans tous les lieux publics, sur les places, les fon­taines, les pave­ments des maga­sins, et même jusque dans les toi­lettes publiques, à Beya­zit, où des dalles de marbre séparent les cabines des toi­lettes à la turque et à la Süley­ma­niye où le marbre occupe riche­ment le moindre espace dans les toi­lettes sou­ter­raines de la mos­quée. Ce marbre vei­née de gris et de bleu, d’une excep­tion­nelle finesse, n’est pas là par hasard. La région n’a pas l’air spé­cia­le­ment pour­vue en miné­raux, et il faut en réa­li­té aller du côté d’une île au nom étrange, Pro­con­nèse (île aux che­vreuils en grec), qu’en turc on appelle Mar­ma­ra Adası et qui don­na son nom à la mer qui borde Istan­bul. Mar­ma­ra, c’est tout sim­ple­ment le marbre, celui qui affleure et donne sa majes­té à l’Is­tan­bul otto­mane en la parant de blanc, un blanc qui éblouit et donne mal à la tête lorsque le soleil s’y réfléchit.

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 142 - Sultanahmet Camıı (Mosquée bleue)

Entrer dans la mos­quée construite au XVIIème siècle sur les restes dévas­tés de l’an­cien palais de Constan­ti­nople par sul­tan Ahmet Ier qui lui don­na son nom (et qui ne don­na que ça à son empire, vu son règne sans cou­leur), c’est un peu entrer dans un temple aux dimen­sions pha­rao­niques, où l’es­pace semble écra­sant. Elle est plus récente que ses consœurs construites par Mimar Sinan, mais construite sur le même plan, avec ses tym­pans inté­rieurs copiés, comme presque toutes les autres, sur l’as­pect exté­rieur d’Aya­so­fya (Sainte-Sophie), voi­sine de quelques dizaines de mètres.

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 150 - Sultanahmet Camıı (Mosquée bleue)

La mos­quée bleue est belle, très belle, splen­dide avec ses piliers colos­saux, taillés dans des blocs gigan­tesques de marbre bleu sup­por­tant aux quatre coins de la cou­pole une struc­ture qui donne le tour­nis. Le moindre espace est qua­drillé de car­reaux de faïence et de pein­tures sur le stuc des orne­men­ta­tions, confé­rant à la masse légère une impres­sion de léger fouillis flo­ral, sou­te­nu par des vitraux colo­rés qui égayent l’in­té­rieur un peu sombre. Sul­ta­nah­met est tou­te­fois vic­time de son suc­cès et les mil­liers de tou­ristes qui s’y rendent s’y com­portent mal ; quelques femmes y entrent sans se cou­vrir la tête ou les bras, des hommes portent ber­mu­das ou short à l’in­té­rieur, et pire que tout, cer­tains pensent qu’ils sont chez eux et parlent à voix haute ou rigolent sans se pré­oc­cu­per du silence néces­saire à la prière des gens qui sont là pour les rai­sons prin­ci­pales qui font qu’on se rend dans une mos­quée. Je n’ai vu ça nulle part ailleurs dans les autres mos­quées d’Is­tan­bul, cer­tai­ne­ment parce que la masse des vul­gaires tou­ristes doit s’ar­rê­ter là, pen­sant avoir vu ce qu’il fal­lait voir de la ville et que par consé­quent, ce n’é­tait pas la peine d’al­ler voir d’autres lieux de culte. Trop de bruit, trop de gens mal éle­vés pour que je puisse appré­cier le lieu à sa juste valeur et m’im­pré­gner de l’im­pres­sion de majes­té liée à son impo­sante sta­ture. Tant pis, j’y retour­ne­rai en hiver, sous la neige et je m’y age­nouille­rai pour entendre le souffle divin en atten­dant l’adhan, l’ap­pel… lorsque tout le monde sera parti.

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 147 - Sultanahmet Camıı (Mosquée bleue)

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ALBUM PHO­TO

Épi­sode sui­vant : La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 11 : Sainte-Sophie (Aya­so­fya)… de Soğuk­çeşme Sokağı à Top­kapı Sarayı en pas­sant par le Hase­ki Hür­rem Sul­tan Hamamı et Aya İrini Kilisesi

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