May 5, 2010 | Arts, Histoires de gens |
Au XIIè siècle, l’autorité pontificale de l’Église Catholique Romaine légalise l’indulgence, un acte monnayable par lequel on obtient rémission partielle ou totale de la peine temporelle en relation avec un péché pardonné lors de la confession. Ainsi, les caisses de l’Église se remplissent bien vite, car les plus riches des fidèles se paient le luxe de commettre des péchés dont ils obtiennent rémission de peine en payant rubis sur l’ongle. C’est surtout vrai à une époque où la splendeur d’un évêché se mesure à la taille de son cathèdre, donc de l’église qui va avec, la Cathédrale (c’est bien la taille qui compte). Construire ces pieux monuments est un engagement de frais astronomiques, et si on assiste fréquemment à des détournements de fonds ou des méthodes peu recommandables de financements, l’indulgence y prend une grande part. Ainsi, on voit les cathédrales de Bourges et de Rouen se parer d’une « Tour de beurre ». Ce nom pour le moins étrange n’a rien à voir avec la couleur tendre de celle qu’on peut admirer à Rouen et qui s’élance à 75 mètres du sol, dans un délire de détails en faisant un fleuron de l’architecture gothique dite « flamboyante », mais évoque les nombreux cachets reçus de la part des fidèles qui se permettaient de consommer des matières grasses pendant le Carême et s’offraient ce droit, puisqu’après tout, ce n’était pas si interdit que ça…
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May 4, 2010 | Arts, Chambre acoustique |

Photo © Ryan Gallagher
[audio:mgv.xol]
Il est de ces musiques que l’on a envie d’écouter à l’infini parce que tout est juste et fonctionne à la perfection. Le Britannique Michael Nyman fait partie de ces artistes qui œuvrent dans le sens d’une rationalisation et d’une simplification de la musique pour le bien de tous. Musique à grande vitesse a été composée pour l’inauguration du TGV Nord-européen ligne Paris-Lille en 1993 et reste une de ses grandes œuvres.
Note : le morceau se termine un peu brusquement car les 5 mouvements sont joués à la chaîne.
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May 4, 2010 | Sur les portulans |
La grotte qui restera dans l’ombre
En 2000, une grotte de grande importance a été découverte — on dit inventée, et le découvreur devient inventeur — entre Bergerac et Sarlat-la-Canéda, sur le commune de Le Buisson-de-Cadouin. La grotte de Cussac renferme plus de cent cinquante gravures du Gravettien. L’âge des gravures — on y trouve également quelques rares traces de ponctuation de couleur — remonte à 25 000 ans et sa spécificité consiste en l’association des gravures et de sépultures aménagées dans les bauges à ours (cavités de trois à quatre mètres de diamètre, creusées par les ours dans l’argile meuble pour leur hibernation). Contrairement à d’autres grottes, l’accès en aurait été comblé après les inhumations, ce qui étaie l’idée que ce lieu était une sépulture ; la présence de gravures sur les murs renforce la présupposition que cette forme d’art est associée sinon à une religion, au moins à des croyances certainement chamaniques (voir Clottes et Lewis-Williams).
Cette grotte est encore sous surveillance scientifique car tous les relevés n’ont pas encore été effectués à ce jour. De plus, de fortes émanations de dioxyde de carbone en interdisent l’accès et pour cette raison, ce chef-d’œuvre ne pourra certainement jamais être ouvert au public.

La ville de lumière
Non loin de la légendaire péninsule du Yucatán, près de la petite ville de Tapijulapa coule une rivière laiteuse, d’une vague couleur turquoise, portant le nom prédestiné d’Azufre (souffre). Cette rivière provient des confins de la terre et lorsqu’on en remonte le cours d’eau vers sa source, une affreuse odeur d’œuf pourri saisit à deux kilomètres à la ronde, à tel point qu’aucune avancée n’est possible sans masque à gaz. La rivière prend sa source dans une grotte nommée Villa Luz (ville de lumière), en raison des grandes cavités qui lui confèrent une source lumineuse non négligeable, et elle est alimentée par une vingtaine de sources sulfurées dont on ne connait pas l’origine, puits pétrolifère ou proximité avec le volcan El Chichón…? Ici, la faune microbienne transforme l’hydrogène sulfuré en acide sulfurique et se nourrit de cet environnement particulièrement hostile. D’affreuses bactéries blanches collées aux parois pendouillent en se repaissant de cet air particulièrement nocif qui ne contient plus à certains endroits que 9,6% d’oxygène. Ces concrétions sont appelées prosaïquement « stalactites de morves » et contribuent à l’appellation d’une des caves de « paradis de morve ». La présence de lumière dans cette grotte à l’atmosphère particulièrement irrespirable (les cavités à l’air libre ont été creusées par le gaz, augmentant rapidement le volume de la grotte) est à l’origine de cette vie étrange qui s’est développée ici, comme par exemple Poecilia Mexicana, une sorte de Molly qui prend une coloration rouge vif en raison du fort taux d’hémoglobine lui permettant de capturer le peu d’oxygène des lieux, ou une espèce de diptère chironomide, envahissant la grotte à raison de dix individus par centimètre carré. L’espèce adulte ne se nourrit pas, puisant ses réserves accumulées à l’état larvaire. Une partie de la population est de couleur verte, l’autre de couleur rouge, sans raison apparente, ou connue en tout cas. D’autre part, fait étrange, deux couloirs inaccessibles fourmillent d’un bourdonnement intense, et on imagine que c’est le diptère qui en est à l’origine, mais à l’endroit où on peut l’observer, il reste silencieux.

Une civilisation révélée grâce au poison
En 1996, Robert Duane Ballard, le découvreur des épaves du Titanic et du Bismark, se lance dans un projet qui consiste à comprendre les origines de la Mer Noire. On savait depuis que certains relevés avaient été faits dans le bassin que plusieurs couches d’eau différentes se superposaient. La première plongeant à 200 mètres est une couche oxygénée. Le seconde, entre ‑200 et ‑600 mètres est une couche mixte fluctuante. La troisième sous 600 mètres est totalement anoxique (privé d’oxygène). Il y a des milliers d’années, la Mer Noire était un lac d’eau douce faisant environ les deux tiers de sa taille actuelle, une oasis féconde entourée par un paysage de steppes sèches. Avec les images satellites, on voit bien la limite de l’ancien lac. Il y a environ 12000 ans, la fin de la période glaciaire fait monter le niveau des océans. La Mer de Marmara se forme et il y a environ 7500 ans, ouvre une brèche dans une langue de terre qu’on appelle le Bosphore. En 1998, deux scientifiques, William Ryan et Walter Pitman découvrent, après avoir trouvé des restes de coquillages d’eau douce que le phénomène n’a pas été graduel mais au contraire d’une rare violence. Une cascade impétueuse se met alors en branle et déverse l’eau salée dans la cuvette avec un débit estimé à deux cents fois celui des chutes du Niagara. Le niveau de l’eau aurait monté de 15 cm/jour et aurait refoulé les riverains des rivages d’un kilomètre par jour jusqu’à ce que le niveau de l’eau monte jusqu’à 180 mètres au-dessus du niveau initial.
Les résidus trouvés sur les rivages par l’expédition Ballard ont mis en évidence qu’une activité commerciale a fleuri sur ces rives pendant 3000 ou 4000 ans. Des restes d’habitations de bois et de boue ont été découverts en dehors de la zone anoxique sulfurée, à quelques centaines de mètres du rivage, ce qui indique clairement que la nappe se déplace, tuant les poissons et noircissant les filets des pêcheurs. La particularité de cette couche empêchant la prolifération de la vie et notamment des espèces perceuses de bois comme le taret, est qu’elle permet la conservation des matières organiques et donc du bois. L’expédition a pu ainsi mettre à jour les restes de navires datant de l’empire romain et de l’empire byzantin datant de 1500 ans. Aucun autre milieu n’aurait pu amener jusqu’à notre époque de tels vestiges.

Photo © Caucas
Rivages de la Mer Noire à Sinop, Turquie
Ce déluge d’eau salée a balayé des populations vers de nouvelles terres, expulsant des milliers de personnes en étoile qui auraient colporté le récit de cette invasion d’eau. C’est très certainement de là que viennent les récits bibliques du Déluge (le Mont Ararat ne se trouve qu’à 200 kilomètres des rives de la Mer Noire), mais également le passage du Déluge de l’Épopée de Gilgamesh ou encore le mythe de l’Atlantide.
Localisation Google Maps de la grotte de Cussac, de Villa Luz et du lieu des recherches de l’expédition Ballard.
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May 4, 2010 | Arts |
Tout est dans le titre, ou presque. Voici comment se définit ce blog : Ce site parle des paysages évoqués, représentés ou transformés dans les arts: peinture, littérature, musique, cinéma, etc. Il traite également de la création ou la transformation des paysages par les architectes, les artistes et les paysagistes.
Tout simplement captivant de retrouver Rubens, Turner ou Caspar Friedrich.
Some Landscapes, par Andrew Ray ; beau comme un labyrinthe végétal, ludique, touffu et spacieux comme un jardin anglais.

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May 2, 2010 | Passerelle |
Dans le monde, il se passe de drôles de choses. Le verre en fusion tombant dans l’eau durcit à une vitesse inégale à sa surface et à l’intérieur, créant ainsi une terrible zone de contrainte à l’intérieur d’une minuscule goutte. Lorsqu’on en brise la queue, la goutte explose, ou plutôt implose sous le coup du rétablissement des forces. On appelle ça les gouttes du Prince Ruppert, ou larmes hollandaises.
Si on me demandait mon avis, pour la musique, je vous conseillerais Aloe Blacc, I need a dollar, sublime de soul d’un autre âge, et aussi New-York I love you but you’re bringing me down de LCD Soundsystem. Mais si c’était pour une vidéo, je conseillerais une cérémonie mevlevi parfaitement obscure et envoûtante. Si c’était un lieu dans le monde, ce serait le Pol‑e khajoo d’Ispahan ou des piliers égyptiens.
Si c’était pour un blog, ce serait le blog d’Agnès, un blog plein d’histoires et d’Histoire et ce serait aussi l’inventaire de l’esthétique, de la jolie Marion Berrin qui flâne et picore des images qui racontent des histoires, comme par exemple la mer du Japon. Il y a du Bouvier dans cette narration et dans le reste, beaucoup de sensualité.

On est dimanche matin, il faisait beau jusque là et il pleut à présent. On n’est pas bien là ? Les derniers pétales des cerisiers gisent à présent sur le sol.
Je ne sais pas encore ce que je fais, je sors, je sors pas ? Oui, mais c’est le premier dimanche du mois. Il faudrait peut-être se bouger un peu.
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