Mar 18, 2010 | Livres et carnets |
Grâce à la bienveillance et à la grande curiosité de mon amie (à moi), j’ai pu découvrir ce site où sont regroupés plus de 800 documents numérisés dont plus de 500 imprimés du XVIè siècle, conservés dans plusieurs bibliothèques suisses. Un trésor qu’on peut compulser (j’aime beaucoup ce mot qui s’applique principalement aux livres) à distance, calé dans un fauteuil ou n’importe où dans le monde. Florilège… On pourrait y passer des heures…
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Mar 18, 2010 | Livres et carnets, Sur les portulans |
Source BNF
De la nuit cairote, je ressens encore les odeurs et les couleurs, la poussière du désert sur les trottoirs, je revois les murs de terre sèche, le Nil majestueux reflétant à l’infini un soleil écrasant. Visite guidée parmi les rayonnages de la bibliothèque.
Avec Gaston Maspero et son Guide du visiteur au Musée du Caire (1902). Une visite virtuelle dans le célèbre musée par un égyptologue de renom.
Cinq mois au Caire et dans la Basse Égypte / par Gabriel Charmes, 1880, un texte suave et moderne. (more…)
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Mar 17, 2010 | Histoires de gens |
Louis VIII par Henri Lehmann,
château de Versailles
Le roi de France Louis VIII, dit Le Lion, fils de Philippe-Auguste, mari de Blanche de Castille et père du futur Louis IX, plus connu sous le nom de Saint-Louis, était un homme d’une piété exemplaire. Son histoire est tragique. Parti en croisade contre les Albigeois soutenus par Raymond VII, comte de Toulouse (gravement suspecté de ne pas avoir voulu cautionner le massacre des hérétiques Cathares), il mène ses troupes aux portes d’Avignon qui finira par tomber puis aux portes de Toulouse. Mais l’hiver, ses maladies et les désertions auront raison de son armée. Le Roi de France Louis VIII sera frappé par la dysenterie.
Il lui aurait pourtant suffi de prendre le traitement qu’on recommandait à l’époque pour chasser le mal : coucher avec une jeune vierge, mais le Roi était pieux et refusa. Il mourut en 1226 dans d’atroces souffrances (près de la nationale 9), à Montpensier. Entre la dysenterie et coucher avec la vierge, mon cœur balance.
En parlant de pieux, voici une petite anecdote qui appartient également à l’Histoire.
Mamelouk (مملوك) est un terme arabe qui signifie possédé. Les mamelouks n’étaient ni plus ni moins que d’anciens esclaves qui se constituaient en milices au service d’un calife ottoman. Ils envahirent l’Égypte à partir de 1250 et malgré le fait qu’ils étaient de grands bâtisseurs (et pilleurs également) et des artistes hors-pair, laissant leur trace dans tous les plus beaux monuments de l’Égypte ayyubide, ils n’étaient pas spécialement réputés pour leur délicatesse comme en témoigne l’origine de leur nom. Leurs occupations consistaient surtout à passer à peu près tout le monde au fil de leur lame recourbée. Leurs supplices préférés étaient al-tawsit et al-khazuq.
Al-khazuq consiste à empaler les corps, tandis que al-tawsit consiste à les découper en deux à partir de l’abdomen. Une raffinement suprême.
Je ne me lasse jamais de ces petits faits qui font la grande histoire…
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Mar 16, 2010 | Histoires de gens, Livres et carnets, Sur les portulans |
Entre 1950 et 1958, Wilfred Thesiger se rend en Irak. A cette époque-là, Saddam Hussein n’a pas encore mené son coup d’état dans ce pays jeune dont l’indépendance est proclamée en 1932. Avant 1968, l’Irak est un pays rongé par les communautarisme et un fort sentiment antisémite qui conduira les 125000 juifs irakiens à affluer en Israël, ainsi que par des tensions entre la république instaurée et soutenue par le Troisième Reich et la monarchie promue par le Royaume-Uni. Loin de ces conflits d’intérêt, Thesiger passera quelques temps parmi les Yazidi (يزيدي), dans le nord du pays (région de Mossoul et de Ninive) puis au sud, dans la région des marais située dans le bassin du Tigre et de l’Euphrate (entre les tristement célèbres villes de Bassorah, Nasiriyah et le barrage de Kut), parmi les Arabes des Marais (عرب الأهوار), les Maadans ou Ma’dans (معدان).
Les Yazidi font partie de ces peuples trop souvent persécutés parce que minoritaires, confinés dans les arrière pays et parlant kurde. Les musulmans les appellent improprement « les adorateurs du Diable ». Le Yézidisme est un syncrétisme religieux dans lequel on adore aussi bien l’ange-paon Taous‑i Malek, oiseau qui représente Satan, que le cheikh Adi ibn Mustafa, fondateur de leur religion et observent également les fondements du zoroastrisme. Les Yazidi, malgré une volonté farouche de ne pas prendre part dans le conflit qui secoue l’Irak depuis 2003, ont payé un lourd tribut puisque leur communauté a été victime de l’attentat suicide le plus meurtrier depuis le 11 septembre 2001, dans la province de Ninive avec plus de 570 morts (cet attentat est en relation directe avec la lapidation de la jeune Yazidi Doaa Khalil Assouad).
Photo extraite de son livre Visions d’un nomade, chez Plon, 1987, coll. Terre humaine.
Dans le sud du pays, Thesiger arrive pour une période de quinze jours, histoire de passer un peu de temps à chasser le canard dans cette région foncièrement giboyeuse parmi les Ma’dans. Il y restera finalement sept ans. C’est dans cette région qu’est censée s’être trouvé le Jardin d’Éden et c’est également une région infestée de moustiques où l’on ne se déplace qu’à l’aide d’embarcations longues d’une dizaine de mètres sur un au plus de large. Lors des inondations qui ont eu lieu en 1954, le niveau de l’eau a monté de plus de deux mètres, réduisant considérablement les aires de vie des autochtones, mais ils se sont adaptés et ont bâti des îlots artificiels. Lorsque le Sheikh propose à Thesiger d’habiter une hutte confortable, une maison d’hôte appelé mudhif, une construction faite de roseaux géants en tunnel pouvant atteindre 26 mètres de longueur, il refuse, prétextant qu’après avoir vécu dans le désert avec les Rashid, il est habitué à l’inconfort et souhaite être logé à la même enseigne que n’importe quel Ma’dan.
Les Ma’dan ont subi les foudres de Saddam Hussein lorsqu’au lendemain de la guerre Iran-Irak, celui-ci se rendit compte qu’ils avaient aidé les déserteurs irakiens et qu’ils avaient également participé à l’insurrection de 91 ; il leur en tint une rancune mortelle. Il fit assécher les marais et la population des Ma’dans passa de 250.000 à quelques dizaines de milliers, ravageant à la fois un écosystème de terre humide unique au monde et décimant une population au mode de vie millénaire.
Photo © Wilfred Thesiger
Billet suivant: La voix du vieil homme au visage de sable, Wilfred Thesiger le nomade #5
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Mar 15, 2010 | Livres et carnets |
Des mots simples, la douce cohérence du verbe proférée à l’envi, le silence qui en résulte…
Les coursiers de la nuit
et les déserts semés d’embûches
me connaissent.
La guerre et les coups.
le papier, la plume
Al-Moutanabbi
(915 — 965)
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