Les visages de San­xing­dui (三星堆)

Dans les années 20, un pay­san découvre un bel objet de jade en labou­rant son champ. Puis, plus rien. Ce n’est qu’en 1986 que deux fosses ont été décou­vertes dans la pro­vince de Sichuan à proxi­mi­té du champ, dans la ville de Guan­ghan, sur le site de San­xing­dui. Les objets qui y furent trou­vés ont per­mis de dater que cette culture remonte à une période allant de 2800 à 800 av. J.-C., soit une période de 2000 ans, mais sa pré­sence a posé énor­mé­ment de pro­blèmes aux archéo­logues dans le sens où, contem­po­raine de l’âge de bronze de la dynas­tie des Shang, elle pré­sen­tait une manière tout à fait dis­tan­ciée d’abs­trac­tion par rap­port à ce qui était connu alors. Ce fait est d’au­tant plus étrange que dans les textes, il n’est fait men­tion nulle part de cette culture qui en outre, a dis­pa­ru brus­que­ment en enfouis­sant tous ses bronzes et ses objets rituels en très peu de temps, et sur des lieux très concen­trés. Ce qui est d’au­tant plus trou­blant, c’est qu’ayant côtoyé pen­dant quelques siècles la culture de la dynas­tie Shang, dis­tante de quelques cen­taines de kilo­mètres, celle-ci ne soit pas nour­rie des tech­niques de la fonte du bronze, qu’ils maî­tri­saient par­fai­te­ment dans la finesse des détails, mais dans de moindres pro­por­tions que dans cette culture de San­xing­dui puisque les plus grosses pièces trou­vées font près de 180 kg, ce qui néces­site des quan­ti­tés consi­dé­rables de mine­rai. Les plus grands masques retrou­vés sont colos­saux et indiquent que la tech­nique de la fonte était hau­te­ment maî­tri­sée pour une époque aus­si loin­taine. En com­pa­rai­son avec l’oc­ci­dent, une telle tech­nique n’est maî­tri­sée que lors de l’âge clas­sique grec. Le site sur lequel furent décou­vert ces objets a fini par être déli­mi­té en 1996 lors­qu’on trou­va les restes d’une enceinte encer­clant une ville de 12km², ce qui en fait la plus grande ville de l’A­sie antique. (more…)

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Tra­di­tions funé­raires des Han de l’ouest (2) : les lin­ceuls (ou armures) de jade

Cong* en néphrite

Le jade est une pierre semi-pré­cieuse connue sur­tout au tra­vers de la varié­té verte qui a fait sa renom­mée, mais la plu­part des jades sont blancs. Pierre très dure, elle est géné­ra­le­ment dif­fi­cile à tailler et depuis les Incas, on lui prête des ver­tus médi­ci­nales cen­sées gué­rir les mala­dies liées au rein et les coliques néphré­tiques, à tel point qu’on a attri­bué à une de ses varié­tés le nom de néphrite. Les cou­leurs du jade varient du blanc au vert avec plus ou moins d’in­ten­si­té, mais peuvent éga­le­ment être bleu­tés, noirs ou roses. (more…)

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Tra­di­tions funé­raires des Han de l’ouest (1) : la Mar­quise de Dai

Atten­tion, ce billet contient des images pou­vant heur­ter la sen­si­bi­li­té de cer­taines personnes.

Par­mi les décou­vertes sur­pre­nantes faites en Chine, celles qui sont sor­ties de terre du site de Mawang­dui (馬王堆) entre 1972 et 1974 sont par­ti­cu­liè­re­ment éton­nantes. Sous deux tumu­li datant de la dynas­tie des Han de l’ouest se trou­vait un tré­sor excep­tion­nel ; celui du Mar­quis de Dai (軼侯), enter­ré avec sa femme (Xin Zhui — 辛追) et son fils. Mal­heu­reu­se­ment, les tombes du père et du fils n’é­taient pas dans un très bon état de conser­va­tion, mais en revanche, celle la Mar­quise était remar­qua­ble­ment conser­vée. Enchâs­sé dans une struc­ture en bois ajus­tée, se trou­vaient un cer­cueil en laque d’une fac­ture excep­tion­nelle, dans lequel se trou­vaient deux autres cer­cueils gigognes ain­si qu’une très belle ban­nière en forme de T, longue de 205 cen­ti­mètres, répu­tée comme étant la plus ancienne pein­ture sur soie conser­vée. Rete­nu par neuf cein­tures, le corps de la Mar­quise a été retrou­vé enve­lop­pé d’une ving­taine d’é­pais­seurs de voiles de soie d’une finesse excep­tion­nelle, dont le plus léger pèse à peine trente grammes. A l’in­té­rieur, un corps momi­fié conser­vé comme aucun autre… (more…)

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Le bianz­hong et le jian du Mar­quis Yi de Zeng

Pho­to © Feng Zhong

Par­mi les objets trou­vés dans la tombe du Mar­quis Yi (乙) de Zeng, datant du Vè siècle avant J.-C., se trou­vait un ins­tru­ment colos­sal, regrou­pant 65 cloches de bronze, toutes rete­nues sur une char­pente fine­ment ouvra­gée. La décou­verte de cet ins­tru­ment dans la tombe du roi d’une petite pro­vince de la période des Royaumes Com­bat­tants (战国) indique à quel point les arts pre­naient une place impor­tante dans les cours des petits royaumes d’a­lors. Dans la tombe ont éga­le­ment été trou­vés les cer­cueils emboi­tés du Mar­quis, recou­verts d’un somp­tueux laque rouge et noir ain­si qu’un jian en bronze, une énorme cuve à double fond ser­vant d’i­so­therme. (more…)

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Le masque tao­tie (tao tie wen)

Masque taotie sur la couverte d'un ding en bronze de la dynastie Shang

Le masque tao­tie a cette par­ti­cu­la­ri­té de se confondre avec la déco­ra­tion de cer­tains types de réci­pients, notam­ment les ding, des tri­podes mas­sifs ori­gi­nel­le­ment en céra­mique mais géné­ra­le­ment en bronze cen­sés recueillir les offrandes et pla­cés à l’en­trée des temples, équi­pés de deux poi­gnées oppo­sées. La dis­cré­tion de ces déco­ra­tions per­met d’ap­por­ter une symé­trie douce et de creu­ser des figures en bas-relief, plus facile à figu­rer sur des objets en bronze. On retrouve la plu­part du temps ces motifs enchâs­sés au creux de spi­rales car­rées et de cro­chets enrou­lés. (more…)

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