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L’ir­ré­sis­tible Mrs Frances “Fan­ny” Abing­ton et le facé­tieux Sir Joshua Reynolds

I never saw a part done so excellent in all my life, for in her acting she has all the sim­pli­ci­ty of nature and not the least tinc­ture of the theatrical…

On enten­dit un homme un jour par­ler d’elle en ces termes. Fan­ny Abing­ton était une actrice célèbre en son temps, une femme de spec­tacle, mal mariée à un homme trop âgé, son propre pro­fes­seur de musique. Sir Joshua Rey­nolds, lui, était un peintre fameux, spé­cia­liste du por­trait et pre­mier direc­teur de la Royal Aca­de­my et acces­soi­re­ment, le maître de Joseph Mal­lord William Tur­ner.

Joshua Rey­nolds avait une pré­di­lec­tion pour les por­traits des gens de cour. Le trai­te­ment de la lumière est chez lui abso­lu­ment excep­tion­nel. Sa façon de trai­ter les car­na­tions en fait un des plus grands spé­cia­liste du portrait.

On le voit éga­le­ment dans ce triple por­trait des dames Wal­de­grave. Le détail du grain de peau des sœurs est par­ti­cu­liè­re­ment bien ren­du et l’on se rend compte que celle de gauche devait cer­tai­ne­ment avoir la peau véro­lée. Chez les deux autres femmes, ce n’est que débauche de cous et de poi­trines blanches…

Il sem­ble­rait que Rey­nolds fut ami avec Mrs Frances “Fan­ny” Abing­ton, qui selon les sources, était actrice, selon d’autre une pros­ti­tuée deve­nue cour­ti­sane après avoir joué quelques grands rôles. Regar­dez bien la suc­ces­sion des pein­tures et la ten­dresse avec laquelle il la repré­sente au fur et à mesure de ces toiles. D’a­bord en actrice sor­tant de der­rière le rideau…

En jeune fille timide et provocante…

Le regard et l’air mutin de Frances Abing­ton est ici ter­ri­ble­ment révé­la­teur d’une com­pli­ci­té entre le peintre et son modèle…

Sur cette toile par­ti­cu­liè­re­ment aérienne, les traits fins de l’ac­trice sont magni­fiés, le trai­te­ment du ren­du est beau­coup moins clas­sique que les autres peintures.

Cette toile en défi­ni­tive, est la plus belle de toutes. La lumière tami­sée, l’air un peu absent de cette belle femme et la pos­ture presque négli­gée, assise face au dos­sier du siège, un doigt élé­gam­ment posé sur la lèvre, et sur­tout, le regard légè­re­ment déca­lé par rap­port au peintre… Comme s’il la sur­pre­nait dans l’in­ti­mi­té de ses pen­sées pro­fondes. C’est je pense un tableau révé­la­teur du fait que les rela­tions entre Rey­nolds et Mrs Abing­ton étaient plus qu’amicales…

On remar­que­ra éga­le­ment cette étude par­ti­cu­liè­re­ment tou­chante, une superbe pièce du peintre…

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Plu­sieurs visions d’un même couple mythique dans l’art, Eros et Psyché

L’his­toire d’Eros et Psy­ché est une his­toire tra­gique comme les Grecs les aimaient tant, une his­toire dans laquelle Psy­ché, femme à la beau­té incroyable se voit l’ob­jet de cultes et de dévo­tions de la part des Hommes, mais ne trouve pas de mari pour l’é­pou­ser, contrai­re­ment à ses deux sœurs. Le culte dont elle est l’ob­jet agace for­te­ment Aphro­dite, jalouse qu’on puisse la concur­ren­cer. Elle envoie alors Eros pour la séduire et la punir en fai­sant en sorte qu’elle tombe amou­reuse d’un humain mépri­sable, mais l’his­toire tourne court quand Eros lui-même tombe amou­reux de sa proie à la beau­té insou­te­nable en se bles­sant avec une de ses flèches (car Eros n’est ni plus ni moins qu’un ange­lot armé d’un arc et de flèches…). Psy­ché arrive à échap­per au cruel des­tin que la Pythie lui pré­dit et Eros la rejoint dans la palais d’or dans lequel Zephyr l’a dépo­sée. Tous les deux passent leurs nuits à faire l’a­mour (c’est en tout cas comme ça que je tra­duis la scène ; il y a peu de chances pour que leurs nuits fussent pas­sées à lire les Méta­mor­phoses d’O­vide…) mais le dieu de l’a­mour deman­da à son amante de ne pas cher­cher à connaître son iden­ti­té. Com­blée, elle sou­haite tou­te­fois décou­vrir l’i­den­ti­té de son amant qui la quitte tous les matins avant l’aube, et tan­dis qu’elle tend une lampe à huile au-des­sus du visage du jeune homme, une goutte tombe sur son épaule et le réveille. Furieux, il s’en­fuit et Aphro­dite sou­met la traî­tresse à une série d’é­preuves dont elle ne sor­ti­ra pas indemne. Eros la rani­me­ra d’un bai­ser… et l’emmènera devant Zeus qui lui fera boire l’am­broi­sie, pour lui don­ner l’éternité.

Cette his­toire d’a­mour com­plexe et tour­men­tée a ins­pi­ré bon nombre d’ar­tistes dont ils ont ren­du des ver­sions plus ou moins heu­reuses, plus ou moins sen­suelles… Petit tour d’ho­ri­zon avec des peintres peu connus et un sculpteur.

Káro­ly BRO­CKY (Hon­grois): Eros est repré­sen­té avec le corps d’un ado­les­cent, mais à regar­der de plus près, on jure­rait que c’est le corps d’une per­sonne de petite taille. Les pro­por­tions sont étran­ge­ment courtes et on voit bien que la jambe d’E­ros est plus petite que celle de Psy­ché. Son tronc semble par contre trop grand. Sa posi­tion défie les lois de l’at­trac­tion et nous confirme que nous sommes bien en pré­sence d’un être fan­tas­tique. C’est une œuvre qui m’a l’air neutre, sans grand inté­rêt, sur­tout pour un peintre tardif.

Fran­çois-Édouard PICOT (Fran­çais): De la part d’un peintre néo­clas­sique, on pou­vait s’at­tendre à trou­ver dans cette his­toire un sujet par­fait. Nous avons ici un Eros gam­ba­dant, dans un style lyrique et enle­vé dans un décor dra­pé, pro­pret et ordon­né. Même les ailes d’E­ros ne sont pas frois­sées après cette nuit d’a­mour. Tout ici semble trop ran­gé, trop mis en scène, la toile manque cruel­le­ment de spon­ta­néi­té, et au lieu d’une nuit d’a­mour pas­sion­née, on se croi­rait plu­tôt dans une pièce de théâtre antique par­fai­te­ment acces­soi­ri­sée. Tou­te­fois, la lumière est abso­lu­ment superbe.

Hugh Dou­glas HAMIL­TON (Irlan­dais): J’aime beau­coup celui-ci (peut-être parce que Psy­ché res­semble à une fille que je connais). Le mou­ve­ment d’E­ros est tout en ten­sion et enve­loppe son amante. Ici le décor n’est plus une chambre, mais nous sommes en pleine nature, ce qui aug­mente l’im­pres­sion de clan­des­ti­ni­té, et Psy­ché étran­ge­ment, a les yeux ouverts. Pour le coup, je me demande si la scène cor­res­pond à la période où ils se ren­contrent dans le secret ou si ce n’est pas le moment où il la res­sus­cite, d’au­tant qu’elle aus­si porte une paire d’ailes. Est-ce parce que l’au­teur est Irlan­dais, mais il me semble que les amants ont les che­veux roux, non ?

Jacques-Louis DAVID (Fran­çais, à ne pas confondre avec le coif­feur): Je n’ai jamais beau­coup aimé David, trop pom­peux à mon goût, trop par­ti­san ou trop napo­léo­nien pour être hon­nête. Ici, il me donne une autre bonne occa­sion de ne pas spé­cia­le­ment l’ap­pré­cier, car je trouve l’œuvre pré­sente ridi­cule. Si cette Psy­ché m’in­dif­fère par sa froi­deur, Eros a la trogne rouge et avi­née d’un faune bac­chu­sien et le che­veux lui­sant. On croi­rait un soû­lard qui vient de tirer son coup, plu­tôt fier de ses prouesses. De plus, on a presque l’im­pres­sion qu’il regarde le peintre de la scène… Vrai­ment, je la trouve inconvenante. 

Joshua REY­NOLDS (Anglais): Voi­ci cer­tai­ne­ment la repré­sen­ta­tion que je trouve la plus belle et la plus sen­suelle car la scène est prise sur le vif ; la main ouverte de Psy­ché le signi­fie bien. Eros, quant à lui, est ici désa­cra­li­sé ; c’est un être frêle, pâle et jeune, mais d’une beau­té trou­blante. Son som­meil a l’air pro­fond et l’ex­pres­sion de son amante tra­duit son admi­ra­tion, et cer­tai­ne­ment aus­si le sou­la­ge­ment. Rey­nolds fut le maître de William Turner.

Anto­nio CANO­VA (Ita­lien): Je me sou­viens que mon pro­fes­seur de des­sin détes­tait Cano­va et qu’il m’in­vi­tait à me détour­ner de son œuvre, qui est pour­tant d’une grand finesse, si l’on exclue son propre tom­beau, par­ti­cu­liè­re­ment de mau­vais goût. Cette sculp­ture de Cano­va est à mon sens d’une grande beau­té. C’est ici la scène de la résur­rec­tion qui est évo­quée et la posi­tion d’E­ros sou­te­nant le corps de son aimée qui à sa tour le prend de ses deux mains et un geste d’une finesse et d’une déli­ca­tesse hors du com­mun, fluide et natu­relle, même si au fond, si on enlève toute poé­sie à la situa­tion, je doute qu’il puisse la rete­nir par l’en­droit où il la tient sans lui faire mal… (on me dit dans l’o­reillette que ce n’est qu’une sta­tue de marbre blanc et non de vrais êtres de chair). Cano­va a su trans­fi­gu­rer la scène et la rendre légère et sacrée, ce qui n’est pas for­cé­ment le cas des autres œuvres.

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Cinq por­traits russes

Ivan Groz­ny

Ivan IV le ter­rible, venu jus­qu’à moi  par l’in­ter­mé­diaire de Ser­gueï Eisen­stein dans sa superbe fresque en deux par­ties, admi­ra­ble­ment ser­vie par le géant Niko­laï Tcher­kas­sov dont on a dit qu’il avait été impo­sé à Eisen­stein pour sur­veiller sa défé­rence au Par­ti de Sta­line, dont il était ami per­son­nel. Ivan IV est un des grands per­son­nages de l’his­toire de la Rus­sie, car pre­mier tsar de la Grande Rus­sie, contem­po­rain de Cathe­rine de Médi­cis et de ses enfants, il est celui qui, dans une période trouble de défiance du pou­voir, de haine et de com­plots, arri­ve­ra à fédé­rer une Rus­sie alors sous l’emprise des grands sei­gneurs, les Boyards. On dit qu’il était exces­si­ve­ment cruel et qu’il tua par inad­ver­tance son propre fils Ivan Iva­no­vitch d’un coup de sceptre (peint par Ilya Repine)… Éton­nam­ment, sa repré­sen­ta­tion la plus célèbre est celle qu’en fit Vik­tor Vas­net­sov et on jure­rait qu’En­sen­stein s’en est ser­vi pour gri­mer Tcherkassov…

Vik­tor Vasnetsov

Peintre de la fin du XIXè siècle, il se spé­cia­li­sa dans les repré­sen­ta­tions de scènes de la lit­té­ra­ture, de la mytho­lo­gie et de l’his­toire de la Rus­sie. Ain­si, il pei­gnit une très supre­nant Ali Baba sur son tapis volant ou Le Che­va­lier à la croi­sée des chemins.


Ilya Repine

Peintre du début du XXè siècle, il fut un des plus grands cri­tiques de la socié­té russe et pas­sa son temps à faire le por­trait de ses contem­po­rains comme Mous­sorg­sky ou Tol­stoï, des por­traits lumi­neux et repo­sants des grands visages de la Russie.

Veli­mir Khlebnikov

Poète futu­riste du début du XXè siècle aux faux airs de Bret Eas­ton Ellis, Veli­mir Khleb­ni­kov a pas­sé les der­nières années de sa vie en hôpi­tal psy­chia­trique pour échap­per à sa mobi­li­sa­tion dans l’Ar­mée Rouge. Il en res­sor­ti­ra bri­sé et mour­ra vaga­bond dans la cam­pagne russe. L’in­ven­tion de Khleb­ni­kov fut le zaoum, une pra­tique qui consiste à orga­ni­ser les vers d’un poème en fonc­tion de leur sono­ri­té et non de leur sens, proche de l’in­ven­tion du sur­réa­lisme. Son recueil le plus carac­té­ris­tique, Zan­gue­zi, n’ar­ri­va en France qu’en 1996. La construc­tion de sa poé­sie est née de recherches avan­cées en mathématiques.

Alexandre Nevs­ki

Éga­le­ment connu sous le nom d’A­lexandre de la Neva, c’est un des plus grands héros natio­naux de la Rus­sie. On le recon­nait éga­le­ment comme l’un des saints les plus impor­tants de l’é­glise ortho­doxe russe. Le roi Alexandre acquit ses lettres de noblesse après avoir ter­ras­sé les Sué­dois lors de la bataille de la Neva, puis en repous­sant les che­va­liers Teu­to­niques à la bataille du lac Peï­pous, écar­tant ain­si le “dan­ger” de la conver­sion de la Rus­sie à la reli­gion catho­lique… C’est éga­le­ment Tcher­kas­sov qui inter­pré­ta son rôle dans le film d’Eisenstein…

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Moka au bar sur les terres vertes du Kalaal­lit Nunaat ou avec les femmes nues des toiles d’An­ders Zorn

Au lever il fait froid, il fait presque soleil, vague­ment. Je me suis levé sur les coups de sept heures, la gorge sèche, pour boire un coup, cal­mer le feu qui s’a­nime à l’in­té­rieur. J’ai rêvé d’a­qua­relles et d’un voyage dans le désert ; une femme toua­reg au loin engon­cée dans ses dra­pe­ries bleues me fixait depuis le toit pous­sié­reux d’une mai­son en adobe, son regard vert intense ne cil­lant qu’à peine. J’ai rêvé de mouettes volant au-des­sus de la terre verte (Kalaal­lit Nunaat).

En octobre, les cou­leurs de la nature sont plus vives, plus nettes et plus nom­breuses que pen­dant les autres mois de l’an­née. La glace, dans la mer, prend des cou­leurs avec le soleil bas et rayonne for­te­ment de bleu, de rouge et de vio­let, et les som­mets des mon­tagnes, qui, chaque matin, sont sau­pou­drés de neige, brillent d’un bleu de glace toute la jour­née, pour virer au rose, et fina­le­ment au rouge sang le soir. Pen­dant une courte période, on peut à nou­veau divi­ser les vingt-quatre heures en jour et en nuit, et per­sonne ne com­prend où est par­tie la longue jour­née claire de l’é­té, ni com­ment on va pou­voir sur­vivre à la nuit éter­nelle de l’hiver.
Le pire en octobre, c’est le silence. L’a­gi­ta­tion de l’é­té dis­pa­raît, la mer gèle de plus en plus, cou­vrant ain­si les der­nières flaques, les rivières coulent de plus en plus fai­ble­ment pour enfin se figer, la neige nou­velle feutre l’a­gréable cris­se­ment des cailloux sous les bottes, et les oiseaux sont par­tis pour des régions plus accueillantes. On découvre une fois qu’ils sont dis­pa­ru à quel point ils chan­taient bien et fort. Au cours de ce mois étrange, on n’en­tend plus que le cri des cor­beaux, quelques appels de goé­lands du haut ciel bleu et, loin sur la mer, le souffle d’ailes de quelques mouettes attardées.

Le rat, in Un safa­ri arctique
Jørn Riel
, Ed 10/18

J’ai décou­vert Anders Zorn un peu par hasard, en feuille­tant une revue, je ne me rap­pelle plus quand ni où, mais j’ai le sou­ve­nir per­sis­tant de ces femmes nues au bord de l’eau, peintes dans des car­na­tions trou­blantes, des peaux velou­tées et des regards las­cifs ou pro­vo­ca­teurs. On sent dans l’œuvre de Zorn une cer­taine vio­lence dans les cou­leurs, un trouble roman­tique et l’an­goisse du sujet. Je repro­duis ici un mini Zorn­Mu­seet autour de ces femmes prises sur le vif, sen­suelles et cal­li­pyges, peintes sans pudeur ou offertes, sou­vent en pré­sence de l’élé­ment liquide, pour une rai­son qui m’é­chappe. La der­nière œuvre est une gra­vure met­tant en scène l’au­teur et un de ses modèles dans une mise en scène tout à fait éton­nante de modernisme…

Si Zorn reste mar­gi­nal par­mi les plus grands peintres, sa noto­rié­té s’est envo­lée de manière spec­ta­cu­laire le 3 juin 2010, lors­qu’une de ses plus lumi­neuses toiles, Som­marnöje (Plai­sirs d’é­té, peinte en 1886) a été ven­due 26 mil­lions de cou­ronnes sué­doises (soit près de 3 mil­lions d’eu­ros). Ce tableau est majes­tueux ; il suf­fit de se rap­pro­cher et de regar­der le trai­te­ment de la matière de l’eau et de la robe de la femme. Un chef d’œuvre de lumière nordique.

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Por­trait d’une inconnue

Avec cette ico­no­gra­phie russe que je com­mence à bien connaître, j’a­vance pru­dem­ment, je décor­tique dou­ce­ment les codes de ce dix-neu­vième siècle incer­tain, écar­té entre Mos­cou et Saint-Péters­bourg, entre un peuple affa­mé confi­né dans un cam­pagne sou­mise la plu­part du temps sous des mètres de neige et une bour­geoi­sie et une aris­to­cra­tie qui n’ont pas hési­té à atti­rer à elles les plus grands écri­vains et artistes pour syn­thé­ti­ser le raf­fi­ne­ment de l’i­den­ti­té russe.

Ivan Kramskoi, portrait d'une inconnue

Ce por­trait (1883) peint par Ivan Kram­skoi (Иван Николаевич Крамской), un peintre très en vogue à la fin du dix-neu­vième siècle s’ap­pelle Por­trait d’une incon­nue et fait par­tie des pein­tures mys­té­rieuses qui ont eu un réel rôle dans la créa­tion à leur époque. En plus d’a­voir entre­te­nu le mythe de son abso­lu incon­nui­té, Kram­skoi a peint une incon­nue par­fai­te­ment sen­suelle ; joues rosées et pleines, fines lèvres rehaus­sées de rouge, sour­cils fins et regard las­cif. Son air à la fois hau­tain et déta­ché, sa pos­ture dans la voi­ture et ses habits riches (regar­dez le man­chon cou­su de rubans de velours bleu et les four­rures de son col) ont atti­ré sur elle les regards… et le scan­dale, car un visage sans nom et un air si pro­vo­cant ne peuvent être que celui d’une pros­ti­tuée. Peut-être, mais c’est en tout cas, selon cer­tains, ce tableau qui ins­pi­ra Tol­stoï dans la concep­tion d’Anna Kare­nine (Анна Каренина — 1887). Aujourd’­hui encore, on retrouve une repro­duc­tion de cette toile sur la plu­part des édi­tions du livre.

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