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Istan­bul au tra­vers des yeux d’O­rhan Pamuk

Istan­bul au tra­vers des yeux d’O­rhan Pamuk

J’ai com­men­cé Istan­bul, d’Orhan Pamuk cet été, dans l’a­vion qui m’a­me­nait à l’aé­ro­port Atatürk pour la seconde fois. Pour la seconde fois j’ar­ri­vais à Istan­bul que j’a­vais décou­vert quelques mois aupa­ra­vant. J’en ai lu une cen­taine de pages et puis j’ai lais­sé tom­ber parce que je n’é­tais pas dans de bonnes dis­po­si­tions. Et puis pour tout dire, je n’ai pas vrai­ment accro­ché car plus qu’un livre sur la ville, c’est une fresque en forme d’au­to­bio­gra­phie avec la ville en toile de fond, un sub­strat sans lequel l’au­teur ne serait pas ce qu’il est, comme un esprit fon­du dans un corps. L’un n’exis­te­rait pas sans l’autre, alors on assiste au grand désha­billage de l’au­teur stam­bou­liote, prix Nobel de lit­té­ra­ture 2006 et dont le nom signi­fie « coton », par­fois avec une cer­taine impu­deur qu’on pré­fé­re­rait peut-être ne pas connaître…

Turquie - jour 1 - Istanbul - 28 - Eminönü, Nurettin Alptogan Vapuru

Tou­jours est-il qu’à la sor­tie de ce livre, je vois la ville sous un autre angle, au tra­vers du prisme de celui qui en est une éma­na­tion pure, et qui n’a jamais pu quit­ter les quar­tiers de sa vie, Nişan­taşı et Cihan­gir. A un moment don­né, dans le pre­mier tiers de son livre, on assiste à une tirade d’une hui­taine de pages abso­lu­ment superbes, d’une jus­tesse ter­rible et pour qui ne connaît pas (encore) Istan­bul, c’est à la fois une ode et une réquisitoire…

Cepen­dant main­te­nant, je m’ef­force de par­ler non pas de la mélan­co­lie d’Is­tan­bul, mais du hüzün (qui res­semble à cette der­nière), de ce sen­ti­ment inté­rio­ri­sé avec fier­té et en même temps par­ta­gé par toute une com­mu­nau­té. Cela signi­fie avoir la capa­ci­té de voir les lieux et les moments où le sen­ti­ment lui-même se mêle à l’en­vi­ron­ne­ment qui le com­mu­nique à la ville. Je parle des fins de jour­née qui arrivent tôt, des pères qui rentrent à la mai­son un sac à la main, sous les lam­pa­daires des quar­tiers reti­rés. Je parle aus­si des bou­qui­nistes âgés qui, après une crise éco­no­mique comme il en sur­vient si fré­quem­ment, attendent le client toute la jour­née en gre­lot­tant de froid dans leur bou­tique, je parle des coif­feurs qui se plaignent que les gens après la crise se fassent moins  sou­vent raser; je parle des marins qui, un seau à la main, net­toient les vieux vapur du Bos­phore amar­rés aux embar­ca­dères déserts, un œil sur la petite télé­vi­sion en noir et blanc posée plus loin, avant de plon­ger dans le som­meil sur leur bateau; je parle des enfants qui jouent au foot­ball dans les étroites rues pavées, entre les voi­tures ; je parle des femmes en fou­lard, un sac plas­tique à la main, atten­dant sans dire un mot un auto­bus qui déci­dé­ment ne vient pas, à une sta­tion per­due ; je parle des han­gars à caïques vides des anciens Yalı, des mai­sons de thé pleines à cra­quer de chô­meurs, des proxé­nètes patients qui arpentent le trot­toir, les soirs d’é­té, avec l’es­poir de trou­ver un tou­riste, bien ivre sur la plus grande place de la ville.
Je parle des foules qui, les soirs d’hi­ver, se dépêchent pour ne pas man­quer le vapur, des femmes qui, atten­dant leur mari ne ren­trant jamais à la mai­son le soir, entrouvrent les rideaux pour jeter un coup d’œil dans la rue ; je parle des vieux à tur­ban qui vendent dans les cours des mos­quées des petits opus­cules reli­gieux, des cha­pe­lets et des onguents de pèle­rin ; je parle des entrées de dizaines de mil­liers d’im­meubles qui se res­semblent déses­pé­ré­ment toutes, des construc­tions en bois trans­for­mées en bâti­ments muni­ci­paux — à l’é­poque où ils étaient des konak dépen­dants du Palais, chaque lame de leur par­quet gémis­sait bruyam­ment au moindre pas ; des balan­çoires cas­sées dans les parcs déserts, des sirènes des vapur dans le brouillard, des murailles de la ville, héri­tées de Byzance, dans un état de décré­pi­tude avan­cé, des empla­ce­ments de mar­ché qu’on vide le soir venu, des anciens tekke, tom­bés en ruine, des dizaines de mil­liers d’im­meubles à la face déco­lo­rée par la pol­lu­tion, la rouille, la suie et la pous­sière, des mouettes qui res­tent sans bou­ger sous la pluie, per­chées sur les pon­tons rouillés cou­verts de moules et de mousse, des immenses konak cen­te­naires qui crachent par une unique che­mi­née une fluette fumée visible seule­ment les jours les plus froids de l’an­née, des foules d’hommes pêchant sur le pont de Gala­ta, des grandes salles froides des biblio­thèques, des pho­to­graphes ambu­lants, de l’o­deur de mau­vaise haleine de ces salles — qui, jadis, étaient des ciné­mas somp­tueux aux pla­fonds dorés — trans­for­mées en lieux de pro­jec­tion de films por­no où les hommes pénètrent tout hon­teux -, des ave­nues où tu ne pour­rais pas voir une seule femme après le cou­cher du soleil ; des foules agglu­ti­nées, les jours chauds et ven­tés, aux portes du quar­tier des pros­ti­tuées sous contrôle de la muni­ci­pa­li­té, des jeunes femmes qui font la queue à l’en­trée des bou­tiques où la viande est ven­due à bas prix, des lampes grillées des guir­landes lumi­neuses ten­dues entre les mina­rets les jours de fêtes reli­gieuses, des affiches murales déchi­rées et noir­cies çà et là, des rues sales de la ville qui aurait été trans­for­mée en musée si on avait été dans un pays occi­den­tal, des voi­tures amé­ri­caines fati­guées, res­ca­pées des années cin­quante et uti­li­sées comme dol­muş, qui geignent atro­ce­ment dans les rai­dillons abrupts, des foules qui rem­plissent à ras bord les auto­bus, des mos­quées dont les pla­cages et les gout­tières en plomb sont constam­ment volés, des cime­tières qui vivent, au cœur de la ville, à la manière d’un monde paral­lèle et de leurs cyprès, des lampes falotes allu­mées le soir à l’in­té­rieur des vapur en ser­vice entre Kadıköy et Karaköy, des petits enfants qui essaient de vendre un paquet de mou­choirs au moindre pas­sant, des tours à hor­loge que per­sonne ne regarde, des coups que reçoivent les enfants le soir chez eux, ain­si que des vic­toires otto­manes qu’ils lisent dans leurs livres d’his­toire, de l’at­tente crain­tive des « employés » lors des couvre-feu décré­tés fré­quem­ment sous pré­texte d’un recen­se­ment des élec­teurs, d’un dénom­bre­ment de la popu­la­tion ou d’une recherche de ter­ro­ristes, du cour­rier des lec­teurs coin­cé dans un petit coin des jour­naux — et que per­sonne ne lit — avec des phrases du genre « la cou­pole de la mos­quée de notre quar­tier, vieille de trois cent soixante-dix ans et des pous­sières, menace de s’ef­fon­drer ; que fait l’É­tat? » ; des par­ties cas­sées — chaque fois à un endroit dif­fé­rent — de cha­cune des marches d’es­ca­lier des pas­sages sou­ter­rains ou aériens situés dans les lieux les plus fré­quen­tés de la ville, de l’homme qui vend à la même place depuis qua­rante ans des cartes pos­tales d’Is­tan­bul, des men­diants qui sur­gissent devant vous du recoin le plus impro­bable et des men­diants qui eux, tou­jours dans le même recoin, vous disent chaque jour les mêmes mots, de l’o­deur forte des toi­lettes qui vous monte sou­dain aux narines dans les ave­nues popu­leuses, dans les vapur et les pas­sages, des jeunes filles qui lisent les colonnes « Güzin Abla » du jour­nal Hür­riyet, des cou­chers de soleil qui teignent en rouge oran­gé les fenêtres à Üskü­dar, de ces heures les plus mati­nales où tout le monde dort sauf les pêcheurs qui prennent la mer, des trois chats se mou­rant d’en­nui et des deux chèvres à l’in­té­rieur de cages dans cet endroit qu’on ne peut même pas qua­li­fier de zoo, au parc de Gül­hane, des chan­teurs de troi­sième caté­go­rie imi­tant dans les sor­dides clubs de nuit les stars de la pop turque et les chan­teurs amé­ri­cains, et aus­si des chan­teurs de pre­mière caté­go­rie, des élèves qui s’en­nuient à mou­rir dans les cours d’an­glais inter­mi­nables où en six ans on n’ap­prend rien d’autre que « yes » et « no », des migrants qui attendent sur le quai de Gala­ta, des belles femmes en fou­lard qui négo­cient, hon­teuses, dans les mar­chés forains, les soirs d’hi­ver — au moment où les ven­deurs com­mencent à démon­ter leurs étals et à tout replier -, tout ce qui reste : légumes, fruits, détri­tus, papiers, sacs plas­tique, sacs, boîtes, sur­plus de caisses; je parle des jeunes mères qui marchent péni­ble­ment dans la rue avec leurs trois enfants, de la vue qu’on a sur la Corne d’Or quand on regarde en direc­tion d’Eyüp, depuis le pont de Gala­ta, des ven­deurs de simit en fac­tion sur le quai, dans l’at­tente du client, per­dus dans la contem­pla­tion du pay­sage ; des sirènes de vapur qui sonnent toutes en même temps au loin, chaque année, alors que toute la ville observe res­pec­tueu­se­ment une minute de silence, avec foi, en mémoire d’A­tatürk ; des fon­taines de quar­tier cen­te­naires trans­for­mées en tas de marbre aux robi­nets arra­chés, de ces fon­taines qui demeurent à pré­sent sous le niveau de la route — à force de mettre et de remettre des couches d’as­phalte géné­reu­se­ment déver­sées sur les pavés -, alors que jadis on y mon­tait par une volée de marches, des jeunes filles qui tra­vaillent pour les salaires les plus bas de la ville, par­fois jus­qu’au matin, pour pou­voir faire face à une com­mande, sur des machines à coudre ou à bou­ton­ner à pré­sent entas­sées et coin­cées dans des appar­te­ments d’im­meubles situés dans les rues adja­centes — et où durant mon enfance, le soir, les femmes et leurs enfants des familles des classes moyennes, des doc­teurs, des avo­cats et des ensei­gnants écou­taient la radio -, je parle de l’é­tat d’u­sure et de déla­bre­ment de tout ; de la ville entière qui contem­plait, à l’ap­proche de l’au­tomne, les cigognes venues des Bal­kans, de l’Eu­rope de l’Est ou du Nord, et qui, filant vers le sud, pas­saient au-des­sus du Bos­phore et des Îles aux Princes, et je parle des foules d’hommes qui ren­traient chez eux en fumant fré­né­ti­que­ment après les matchs de l’é­quipe natio­nale qui se sol­daient tou­jours par une sévère défaite quand j’é­tais enfant.
Quand on per­çoit bien ce sen­ti­ment et les pay­sages, les endroits et les gens qui le dif­fusent à la ville, quand on a été éle­vé avec lui, à par­tir d’un cer­tain point, d’où que l’on regarde la ville, ce sen­ti­ment de hüzün acquiert une net­te­té per­cep­tible dans le pay­sage et chez les gens — un peu à la manière de cette buée qui, les froids matins d’hi­ver, alors que le soleil fait sou­dain son appa­ri­tion, com­mence à vire­vol­ter sub­ti­le­ment au-des­sus des eaux du Bosphore.

Orhan Pamuk, Istan­bul (İst­anb­ul: Hatı­ra­lar ve Şehir)
Tra­duit du turc par Savas Demi­rel, Valé­rie Gay-Aksoy et Jean-Fran­çois Pérouse
Gal­li­mard 2003, 2007 pour la tra­duc­tion française

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Retour à la mai­son (ritour­nelle ottomane)

Retour en ter­rain connu, en Cap­pa­doce sur la terre des pre­miers chré­tiens, là où la terre n’est que tuf, un pays qui dis­pa­raî­tra un jour et qui tai­ra à jamais ses refuges d’er­mites qui se cachaient de leurs per­sé­cu­teurs. Retour aus­si dans la ville lumière à la porte de l’O­rient, au bord du Bos­phore, où le thé coule à flot au chant du muez­zin. Retour à la mai­son, dans ce pays qui me devient de plus en plus étran­ger au fur et à mesure qu’il me devient fami­lier, dans lequel je me sens vivre, où j’aime à me poser pour regar­der la vie battre des pau­pières comme les ailes d’un papillon. Retour à la mai­son, pour en reve­nir une fois de plus dépos­sé­dé de moi-même, kid­nap­pé par ses sou­rires enjôleurs.

Istanbul - avril 2012 - jour 6 - 114 - Vapur - Sur le Bosphore

Départ demain matin pour İst­anb­ul, escale puis saut de puce jus­qu’à l’aé­ro­port de Kay­se­ri (l’an­cienne Césa­rée) dans la par­tie est de la Cap­pa­doce, voi­ture de loca­tion à l’aé­ro­port pour rejoindre Çavuşin où je serai logé pen­dant 5 jours. Le 6 mai, retour à Kay­se­ri, retour à İst­anb­ul pour 5 jours, dans un hôtel à deux pas de la mos­quée de Beyazıt. Retour à Paris le 11 mai au soir.

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Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 31 juillet) : Kariye Kili­se­si, Balat, Fener…

Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 31 juillet) : Kariye Kili­se­si, Balat, Fener…

Épi­sode pré­cé­dent :Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 30 juillet) : Ana­do­lu Kavağı et Rüs­tem Paşa Camii

Bul­le­tin météo de la jour­née (mar­di) :

  • 10h00 : 36.4°C / humi­di­té : 42% / vent 33 km/h
  • 14h00 : 35.6°C / humi­di­té : 43% / vent 26 km/h
  • 22h00 : 31.2°C / humi­di­té : 53% / vent 15 km/h

Il fait tel­le­ment chaud que je pense pou­voir comp­ter sur les mos­quées ou les églises pour me rafrai­chir un peu, mais en pure perte. Je finis quand même après quatre jours à ne plus res­sen­tir la cha­leur comme une fata­li­té et j’ai l’im­pres­sion que mon corps ne trans­pire plus autant. C’est étrange à dire, mais j’ai l’im­pres­sion d’a­voir pas­sé mon temps à suer du matin au soir pen­dant ces quelques jours. Les choses vont mieux à pré­sent, et c’est vrai­ment comme si mon méta­bo­lisme s’a­dap­tait dou­ce­ment. Ce matin, je file encore vers Eminönü pour prendre le bus. Je ver­rai bien sur place com­ment faire et par chance, en regar­dant les plans de bus de la gare rou­tière, un type me tape sur l’é­paule et me dit « Kariye Museum ? this bus » et il me fait mon­ter dans le E38 qui va jus­qu’à Edir­ne­kapı, une des portes de la ville située près des rem­parts. Par bon­heur, le bus est cli­ma­ti­sé, ce qui sur­prend un peu quand on voit que ce sont quand même de grosses machines qui crachent leur die­sel dans des nuages de fumées noires. On s’i­ma­gine faci­le­ment que ce sont des fours rou­lants mais pas du tout.

Turquie - jour 5 - Istanbul - 03 - Edirnekapı

Lorsque le bus s’ar­rête, le chauf­feur klaxonne pour pré­ve­nir qu’il est là (comme à peu près tout ce qui roule à Istan­bul) et par­ler d’un arrêt est peut-être exa­gé­ré. On dirait plu­tôt que, jeune ou vieux, il faut attra­per le bus en marche, et donc pour en des­cendre, c’est à peu près le même tarif. Le chauf­feur, sans cha­leur exces­sive mais très ser­viable me fait signe lors­qu’il est temps pour moi de des­cendre, ce qui m’ar­range plu­tôt étant don­né que je voyais bien les arrêts défi­ler sur le tableau de contrôle, mais je n’a­vais aucune idée du nom de l’ar­rêt qu’il fal­lait que je prenne. C’est Edir­ne­kapı, tout simplement.

Kariye KilisesiL’é­glise est très bien indi­quée, des pan­neaux indiquent à ma grande sur­prise le che­min au tra­vers des petites rues qui des­cendent le long de la col­line pour arri­ver au pied de ce qui fut autre­fois l’é­glise Saint-Sau­veur-in-Cho­ra. Cette église byzan­tine se trou­vait à l’é­poque de sa construc­tion en dehors de la ville, dans les champs (en grec, le mot cho­ra désigne ce qui fait par­tie de la ville mais n’est pas en son centre même) En turc, l’é­glise peut prendre trois appel­la­tions différentes :

  • Kariye Kili­se­si (église de Chora)
  • Kariye Camii (mos­quée de Chora)
  • Kariye Müze­si (musée de Chora)

A l’é­poque de la conquête, l’in­té­rieur de l’é­glise fut recou­vert d’un badi­geon léger qui au lieu d’en­dom­ma­ger les mosaïques, les pro­té­gèrent de la lumière pen­dant des années, jus­qu’à ce qu’elle fut réha­bi­li­tée en musée. Pour cela, je pré­fère par­ler d’é­glise plu­tôt que de musée puisque c’est sa voca­tion pre­mière. On arrive à l’é­glise en pas­sant par une petite place ombra­gée sous les mar­ron­niers, sur la gauche, là où se trouve un türbe (tombe) à l’angle d’une rue sans pas­sage, où deux femmes voi­lées de noir sont en train de prier der­rière les grilles.

Turquie - jour 5 - Istanbul - 09 - Kariye Türbesi

On contourne dans un pre­mier temps l’é­glise par le jar­din qui se trouve à ses pieds et qui offre une jolie vue sur les quar­tiers hauts de la ville. J’entre dans l’é­glise qui est de taille assez réduite, mais qui offre dès les pre­miers ins­tants une vision épous­tou­flante de ce que pou­vait être l’art byzan­tin, l’art d’a­vant la conquête. On dit sou­vent que cette église est le chant du cygne de l’art byzan­tin, avec notam­ment ses deux superbes cou­poles et la scène de l’Anas­ta­sis du Parac­cle­sion, scène qui tient du mys­tère par­fait. L’é­glise est construite sur un plan qu’on n’a pas for­cé­ment l’ha­bi­tude de voir. La par­tie cen­trale, qu’on peut appe­ler église prin­ci­pale et qui est en fait un Naos pro­lon­gé par une abside orien­tée est, est déco­rée très sim­ple­ment de marbres colo­rés et d’une cou­pole nue. Au-des­sus de la porte se trouve une Dor­mi­tion de la Vierge assez étrange puis­qu’on voir au-des­sus de Marie, le Christ tenant un enfant (lui-même ?) dans ses bras, sur­mon­té d’une man­dorle et de la repré­sen­ta­tion byzan­tine du séra­phin. Sur les piliers laté­raux, seule­ment deux mosaïques repré­sen­tant Marie et l’en­fant à droite et Saint-Jean Bap­tiste à gauche. C’est donc une repré­sen­ta­tion de la Déi­sis.

Turquie - jour 5 - Istanbul - 57 - Kariye Kilisesi

Turquie - jour 5 - Istanbul - 59 - Kariye Kilisesi

Avant d’en­trer dans ce naos, on accède à deux nar­thex. Le pre­mier, l’exo­nar­thex, com­mence l’his­toire sur la par­tie nord avec l’an­nonce à Joseph de la nais­sance du Christ puis raconte au fur et à mesure la vie du Christ jus­qu’à ses miracles et la cou­pole du Christ Pan­to­cra­tor qui est cer­tai­ne­ment la pièce maî­tresse de ce lieu ; le Christ bénis­sant entou­ré de ses ancêtres.

Turquie - jour 5 - Istanbul - 26 - Kariye Kilisesi

Le nar­thex inté­rieur ou exo­nar­thex s’en­vi­sage en repar­tant du nord où l’on peut voir des scènes plus anciennes dans la chro­no­lo­gie (Annon­cia­tion, la pré­sen­ta­tion au temple, etc.).

Turquie - jour 5 - Istanbul - 40 - Kariye Kilisesi

La visite se ter­mine par le Parac­cle­sion (lit­té­ra­le­ment, église paral­lèle), orien­té est éga­le­ment, dans lequel on trouve la seconde cou­pole inté­res­sante, la Vierge à l’en­fant. Dans le nar­thex on trouve éga­le­ment une vierge à l’en­fant avec les Patriarches sous une cou­pole en mosaïque, mais celle-ci, comme tout le Parac­clé­sion est peint à fresque, ce qui témoigne d’un chan­ge­ment d’é­poque et de tech­nique (du XIII au XIVè siècle).

Turquie - jour 5 - Istanbul - 45 - Kariye Kilisesi

Turquie - jour 5 - Istanbul - 52 - Kariye Kilisesi

Plus on avance, plus on va vers la fin des temps. On arrive au pla­fond du juge­ment der­nier, où l’on peut voir un archange tenant au-des­sus de lui une immense coquille d’es­car­got blanche, sym­bole fort de pure­té et de cycli­ci­té rela­tive à la résurrection.

Turquie - jour 5 - Istanbul - 67 - Kariye Kilisesi

Enfin, dans l’ab­side, la scène la plus connue ; l’Anas­ta­sis (en grec anas­ta­tis, sta­sis = res­ter, gésir, ne pas bou­ger. Anas­ta­sis = se rele­ver) est une scène poi­gnante, chro­no­lo­gi­que­ment située après le juge­ment der­nier puisque c’est le moment de la Résur­rec­tion (non pas du Christ) à la fin des temps où les morts se relè­ve­ront de leur tombe après la pesée des âmes. Une scène très belle, très dyna­mique où les corps semblent en lévi­ta­tion et qui pré­fi­gure réel­le­ment l’art ita­lien du Quattrocento.

Turquie - jour 5 - Istanbul - 72 - Kariye Kilisesi

Turquie - jour 5 - Istanbul - 76 - Kariye Kilisesi

Turquie - jour 5 - Istanbul - 73 - Kariye Kilisesi

Au pied du Christ se trouvent tout un tas d’ou­tils bri­sés dont je n’ai pas encore réus­si à com­prendre la signi­fi­ca­tion, mais on peut res­ter des heures devant cette scène sans res­sen­tir la moindre las­si­tude. Voi­là pour­quoi je vou­lais venir me perdre dans ce quar­tier et voir cette église, car accro­chée au flanc de cette col­line se trouve le ves­tige le mieux conser­vé de cette chré­tien­té qui a fait Constan­ti­nople, il ne fal­lait pas que je manque ça.

Après être res­té deux bonnes heures dans l’é­glise, je vais man­ger vite un pide (le pide est l’é­qui­valent turc de la piz­za) sur la ter­rasse du res­tau­rant (Kariye Pembe Köşk Aile çay bah­çe­si, que je ne recom­mande pas pour la fraî­cheur de la nour­ri­ture) qui a bien com­pris que sa situa­tion pri­vi­lé­giée dans le quar­tier lui per­met­tait de gon­fler hon­teu­se­ment ses prix, ce qui n’empêche abso­lu­ment pas les pigeons de chier allè­gre­ment sur les nappes en kilim.

Turquie - jour 5 - Istanbul - 87 - Tekfursaray Hançerli Panayla Kilisesi

Quand je repars, je tente de trou­ver un lieu que j’ai repé­ré sur le guide et que je n’au­rais cer­tai­ne­ment pas trou­vé tout seul. Après l’angle d’une rue où se trouve une petite mai­son sous une ton­nelle de vigne four­nie de trouve une entrée sur­plom­bée d’un tout petit clo­cher en fer indi­quant que nous sommes devant l’en­trée d’une église… ortho­doxe. Construite à l’é­poque byzan­tine, la toute petite église Tek­fur­sa­rayı Han­çer­li Panay­la Rum Kili­se­si Vakıfı (on trouve dans cette appel­la­tion Tek­fur­sa­rayı, le nom du palais de Constan­tin Por­phy­ro­gé­nète situé non loin de là, et le mot Rum qu’on retrouve un peu par­tout et qui à l’o­ri­gine dési­gnait les Romains, puis par exten­sion les Grecs et qu’on retrouve en arabe sous la forme Rumi ou Rou­mi, mot dési­gnant les non-Arabes, chré­tiens, ou par exten­sion, les hommes blancs…) se cache der­rière une enceinte peinte en jaune. Lorsque je passe la tête par l’en­trée, je trouve deux femmes assises en train de dis­cu­ter sous un porche ombra­gé. L’une d’elle ma fait signe d’en­trer puis d’at­tendre. Elle revient de l’in­té­rieur avec une grosse clef dans une main et une hache dans l’autre, et lors­qu’elle voit mes yeux ronds comme des sou­coupes, elle éclate de rire puis pose la hache à l’en­trée de l’é­glise. Elle ouvre la porte et je découvre là un tré­sor, un pur tré­sor… Une église ortho­doxe avec son ico­no­stase, ses icônes immenses, des chan­de­liers et une odeur de cire et de ren­fer­mé indi­quant que le lieu est très peu uti­li­sé. Elle m’ex­plique dans un gali­ma­tias de turc, de grec, de fran­çais et d’an­glais que je ne peux pas faire de pho­tos et je tente de lui deman­der qui elle est. Elle m’ex­plique qu’il y a deux semaines encore l’é­glise fonc­tion­nait les jours de messes et qu’elle n’est qu’une fidèle ortho­doxe, grecque, mais le prêtre s’est vola­ti­li­sé avec la caisse et n’ayant plus de nou­velles, c’est elle qui tient la bou­tique et elle me dit qu’elle va devoir assu­rer l’en­tre­tien avec les autres fidèles, et comme il n’y a plus de prêtre, il n’y aura plus de messes. L’his­toire est à la fois cocasse et triste, car je peux sen­tir chez cette femme ron­douillarde la tris­tesse de la fin d’une époque. Elle me fait visi­ter et m’in­dique en grec le nom de cha­cun des saints repré­sen­tés sur les icônes ; Saint Patrick, Saint Nico­las (qui est Turc), Saint Élie, Sainte Bar­ba­ra, Saint-Jean…
J’a­vise une icône per­cée d’un trou dans lequel des gens ont dépo­sé des billets, cer­tai­ne­ment pour les offrandes. Je ne fais jamais ça, mais cette fois-ci j’ai dépo­sé un billet de 20TL dans le cercle. Je ne m’at­ten­dais pas à trou­ver ce petit joyau dans les rues bru­lantes du vieil Istan­bul, au milieu des immeubles bas où vivent pour la plu­part des Ana­to­liens dans une rela­tive pau­vre­té. Je res­sors de là ébloui, remer­cie cha­leu­reu­se­ment la vieille dame et nous nous quit­tons en nous pre­nant mutuel­le­ment les mains et en se sou­hai­tant cha­cun dans la langue de l’autre une bonne fortune.

Turquie - jour 5 - Istanbul - 88 - Draman Caddesi

Je reprends la route pour me diri­ger vers un autre quar­tier, Fener. Ancien quar­tier grec de la ville, la com­mu­nau­té pré­sente avant 1955 a consi­dé­ra­ble­ment dimi­nué pour lais­ser place à des gens pauvres de la cam­pagne ana­to­lienne. C’est aus­si dans ces quar­tiers que se déve­loppe de plus en plus un esprit très com­mu­nau­taire et beau­coup plus tra­di­tio­na­liste qu’ailleurs, notam­ment en ce qui concerne la reli­gion. Les femmes voi­lées sont beau­coup plus pré­sentes qu’ailleurs, les hommes portent la barbe, le saroual et le tar­bouche. Lorsque j’ar­rive au pied d’un autre musée, la Fethiye Camii, je tombe nez à nez avec trois hommes pati­bu­laires en train de faire la sieste à l’en­trée. On me fait payer l’en­trée 5TL. Cette église est en réa­li­té divi­sée en deux par­tie. La pre­mière est celle qui se visite et qui porte le nom de musée, est éga­le­ment connue sous le nom d’é­glise Theo­to­kos Pam­ma­ka­ris­tos (radieuse mère de Dieu) mais n’est en fait que le parac­clé­sion de l’é­glise, sépa­ré de la seconde par­tie par un mur. Le seconde par­tie a été trans­for­mée en mos­quée que je visite juste après. Le bâti­ment date du XIème siècle et fut spé­cia­le­ment divi­sé en deux par­tie pour accueillir d’un côté les musul­mans, de l’autre les chré­tiens, ce qui, si on y réflé­chit est un par­fait signe d’œcuménisme de la part des conqué­rants (en l’oc­cur­rence, le sul­tan Murat III). La par­tie ouest de l’é­glise conserve encore quelques pein­tures à fresques très anciennes, dont une qui repré­sente les Rois Mages. L’ab­side du parac­clé­sion est recou­verte d’une superbe mosaïque dorée repré­sen­tant le Christ en majes­té. La cou­pole est le véri­table chef d’œuvre du lieu avec son Christ Pan­to­cra­tor entou­ré des douze apôtres, une superbe mosaïque éclai­rée par la lumière aveu­glante des fenêtres de la cou­pole. On peut ima­gi­ner l’ef­fet sur les fidèles à l’é­poque de sa construction.

Turquie - jour 5 - Istanbul - 106 - Fethiye Camii

Turquie - jour 5 - Istanbul - 104 - Fethiye Camii

Je me rends ensuite dans la mos­quée qui, à ma sur­prise, est cli­ma­ti­sée. Un jeune gar­çon est en train de réci­ter dans un micro des sou­rates en arabe en se dan­di­nant sous le regard amu­sé de ses deux cama­rades qui font com­plè­te­ment autre chose. Le son de sa voix enva­hit l’an­cienne église dont la cou­pole a dû être magni­fique en son temps, mais nous ne le sau­rons pas de sitôt. Je le disais tout à l’heure, j’ai l’im­pres­sion que le quar­tier est strict, très reli­gieux, c’est pal­pable dans l’air et je croise des per­sonnes habillées de façon très aus­tère, hommes et femmes, enfants aus­si, et pas un ne semble remar­quer ma pré­sence. Ma tenue, pour une fois, me semble presque indé­cente dans ce quar­tier où l’on ne voit pas un seul bout de chair, alors que je porte un t‑shirt et un ber­mu­da (je confesse que j’ai des chaus­settes dans mes chaus­sures de marche, ce qui doit me don­ner un petit air…allemand…). Une chose me paraît tout de même assez frap­pante : j’ai bien vu quelques tou­ristes à la Kariye Kili­se­si, mais depuis que je suis sor­ti du cir­cuit des lieux les plus connus, je n’ai pas croi­sé un seul visage qui ne soit pas turc. Même à la Fethiye, j’ai eu l’im­pres­sion de déran­ger pen­dant la sieste. Je ne suis pas cer­tain qu’ils voient grand-monde, même au mois d’août…

Turquie - jour 5 - Istanbul - 121 - Fener

Je des­cends le quar­tier de Fener avec ses rues pen­tues et ses mai­sons autre­fois riches. Ici vivaient les riches arma­teurs et com­mer­çants grecs dans une opu­lence tran­quille, à l’é­cart du reste de la ville. Tout est calme ici, je ne croise que quelques âmes, des femmes sur­tout, des Ana­to­liennes avec leur fichu sur la tête. Le quar­tier semble être endor­mi. Sans le faire exprès, j’ar­rive au pied du Lycée Grec (Büyük Okul Fener Rum Lise­si), une grande bâtisse en briques rouges qu’on voit de loin depuis la Corne d’Or. J’ar­rive plus bas vers le bras de mer après être pas­sé par Balat, l’an­cien quar­tier juif. Là aus­si, il n’y a plus autant de Juifs qu’en d’autres temps. La popu­la­tion s’est uni­for­mi­sée et on ne trouve plus guère que des Ana­to­liens. Le quar­tier est très ani­mé, les com­mer­çants sont affables et je pro­fite d’une petite épi­ce­rie pour faire le plein d’eau et me jeter un Sir­ma citron der­rière la cra­vate. Je dois avouer que j’ai beau­coup mar­ché et que je com­mence à avoir mal aux pieds. C’est dom­mage car j’au­rais sou­hai­té pou­voir visi­ter un peu plus les deux quar­tiers, mais je suis fran­che­ment vanné.

Turquie - jour 5 - Istanbul - 137 - Büyük Okul Fener Rum Lisesi -  Aya Stefanos Bulgar kilisesi

Je rejoins le Balat Parkı, au pied du pont bleu d’Hasköy, celui pré­ci­sé­ment qui empêche les bateaux d’al­ler à Eyüp. Ici s’é­tend une grande pelouse grasse qui vient d’être arro­sée et je m’as­sieds le cul dans l’herbe mouillée, vite rejoint par un cor­niaud qui porte dans sa gueule un pois­son grand comme une dau­rade et qui s’ins­talle juste à côté de moi. Il m’a­boie des­sus, mais après quelques caresses, il vient me léchouiller les doigts avec son haleine pois­son­nière puis s’en­dort à côté de moi, ava­chi sur l’herbe. Un peu plus loin, des poufs sont épar­pillés sur l’herbe devant un bateau qui porte le doux nom de Okya­nus Nar­gile Cafe, où je com­mande un çay au jeune gar­çon qui, j’en suis cer­tain, n’a jamais vu un étran­ger de sa vie. Je m’as­sou­pis à moi­tié au vent léger qui fait un bien fou après cette jour­née dans la four­naise des hauteurs.

Turquie - jour 5 - Istanbul - 127 - Hasköy köprüsü

Turquie - jour 5 - Istanbul - 128 - Hasköy köprüsü

Je remonte ensuite les quais jus­qu’à Eminönü en pas­sant devant les bar­be­cues qui s’ins­tallent au bord de la route et qui fument au vent. Les gens viennent ici en atten­dant la rup­ture du jeûne et pré­parent leur bar­be­cue de pois­son ou de bro­chettes (şiş) de viande. A quelques endroits, on peut voir les restes de la muraille de Théo­dose dépas­ser entre les mai­sons déla­brées. Il fait une douce cha­leur sur la Corne d’Or.

Turquie - jour 5 - Istanbul - 147 - Haliç

Les quais entre le pont Atatürk et le pont de Gala­ta sont désa­gréables et je réus­sis à me faire accos­ter par un gitan qui pue l’al­cool et qui me demande de l’argent d’une manière assez agressive.

J’ar­rive à Eminönü van­né, où je mange un börek à la viande au Sarıyer Börek­çi­si.

Au pied de la Yeni Camii, j’at­tends le chant du muez­zin qui ne vient pas. Je pose ma camé­ra et j’at­tends. Un petit homme à la barbe blanche me regarde et me salue avec ces mots « Selâmün aleyküm » qui res­semble lar­ge­ment à la for­mule de salut tra­di­tion­nelle. Un peu décon­te­nan­cé, je lui répond en inver­sant les mots mais ça res­semble plus à quelque chose comme « Aleyküm Selâm ». Il sou­rit et voyant cer­tai­ne­ment que je ne suis pas habi­tué, il me donne une petite tape sur l’é­paule en me sou­riant. Dans la vidéo au-des­sus, on voit un homme en polo bleu rayé blanc mon­ter les marches avec ses clefs en main. C’est lui le muez­zin de la mos­quée, que je ver­rai ren­trer par une petite porte au pied du mina­ret. Il se fera même engueu­ler par un type qui devait l’at­tendre de pied ferme parce qu’il avait près de deux minutes de retard.

Cette vidéo est com­po­sée d’ex­traits pris au bord de la Corne d’Or, à l’ar­rêt du tram­way à Eminönü, sur l’hip­po­drome où des tables sont ins­tal­lées pour le rama­dan, puis dans les petites rues aux alen­tours de Kadır­ga Parkı, à la ter­rasse du petit café sur la place et dans le jar­din public.

Cette der­nière vidéo est com­po­sée d’ex­traits de la prière dans le jar­din de la Kariye Kili­se­si, de la prière à l’in­té­rieur de la Yeni Camii (je ne sais pas bien pour­quoi per­sonne ne m’a viré à ce moment-là, alors je suis res­té) et d’un air de musique turque moderne au pied du pont de Gala­ta.

Je retourne à l’hô­tel, il est 23h27 et les voi­sins sont en train de cas­ser du bois sur le trot­toir en buvant du thé. Le chat monte sur la gly­cine et arrive sur le toit. Le mari n’a qu’une jambe, l’autre est dans le cani­veau, le fau­teuil rou­lant plié à côté. En entrant dans l’hô­tel, le récep­tion­niste me pro­pose un thé que je bois avec bon­heur, mais à l’heure qu’il est, j’ai hâte de prendre ma douche et de pré­pa­rer ma valise. Demain, je quitte Istanbul.

Voir les 154 pho­tos de cette jour­née sur Fli­ckr.

Liens concer­nant la Kariye Kili­se­si:

Épi­sode sui­vant : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 1er août) : Istan­bul – Anta­lya – Kum­lu­ca – Demre – Kaş

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Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 30 juillet) : Ana­do­lu Kavaği et Rüs­tem Paşa Camii

Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 30 juillet) : Ana­do­lu Kavaği et Rüs­tem Paşa Camii

Épi­sode pré­cé­dent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 29 juillet) : Kaba­taş et Beşik­taş par le Bosphore

Bul­le­tin météo de la jour­née (lun­di) :

  • 10h00 : 37.5°C / humi­di­té : 69% / vent 17 km/h
  • 14h00 : 37.0°C / humi­di­té : 39% / vent 17 km/h
  • 22h00 : 34.9°C / humi­di­té : 68% / vent 15 km/h

Je me lève tôt ce matin et je déjeune en vitesse. Je dois vite rejoindre Eminönü car j’ai déci­dé de prendre le bateau pour aller jus­qu’à la Mer Noire (Kara­de­niz). Cette mer a une his­toire com­pli­quée et encore aujourd’­hui sujette à dis­cus­sion, mais sur­tout, c’est une mer ancienne, qui porte en elle une his­toire longue à tel point qu’on l’ap­pelle encore par­fois la mer des Scythes (Sky­thi­kos Pon­tos ou encore Pon­tos Euxei­nos, mer accueillante, tra­duit en fran­çais par Pont-Euxin). La rai­son pour laquelle on lui a adjoint le qua­li­fi­ca­tif noir, c’est  une ques­tion de culture ana­to­lienne (l’A­na­to­lie com­pose la majeure par­tie de l’ac­tuelle Tur­quie asia­tique) ; les quatre points car­di­naux sont repré­sen­tés par des couleurs.

  • Kara, le « noir » désigne le nord,
  • Ak, le « blanc » désigne le sud,
  • Kızıl, le « rouge » désigne l’ouest,
  • Yeşil, le « vert » ou Sarı, le « jaune » dési­gnent l’est. (source Wiki­pe­dia)

Turquie - jour 4 - Istanbul - 04 - Sur le Bosphore

C’est la rai­son pour laquelle la mer se trou­vant au nord de la Tur­quie a pris l’é­pi­thète « noir », celle du sud ayant pris le « blanc ». La Mer Médi­ter­ra­née se dit donc Akde­niz. (more…)

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