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Lec­tures du voyage et de la science

Pour en savoir plus sur celui qui s’ap­pe­lait Abu Abdul­lah Muham­mad Ibn Abdul­lah Al Lawa­ti Al Tan­ji Ibn Bat­tu­ta (أبو عبد الله محمد ابن عبد الله اللواتي الطنجي بن بطوطة) et qui s’est fait connaître à tra­vers le monde qu’il a par­cou­ru sous le nom de Ibn Bat­tu­ta, pas besoin d’al­ler bien loin, il suf­fit de pas­ser par Wiki­pe­dia. En effet, dans les sources bio­gra­phiques, on peut trou­ver des liens vers trois de ses œuvres majeures, des tra­duc­tions tom­bées dans le domaine public (C. Defre­me­ry et B. R. San­gui­net­ti — 1858).

Voyages I. De l’Afrique du Nord à La Mecque
Voyages II. De La Mecque aux steppes russes
Voyages III. Inde, Extrême-Orient, Espagne & Soudan

Presque contem­po­rain de Bat­tû­ta, Abou Zeid Abd er-Rah­man Ben Moha­med Ben Khal­doun el-Hadra­mi (أبو زيد عبد الرحمن بن محمد بن خالدأبو زيد عبد الرحمن بن محمد بن خالد بن شحش بن كليب القردي), plus connu sous de Ibn Khal­doun et qu’on nous pré­sente déjà tôt à l’é­cole sous le visage d’un des plus grands pen­seurs de la tra­di­tion arabe. De lui on pour­ra trou­ver ces titres:

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Le ser­mon du Hodja

Nasr Eddin Hod­ja est un per­son­nage mythique de la culture musul­mane, dont les innom­brables aven­tures qu’on lui prête ont été tra­duites, voire écrites dans des dizaines de langues. Ayant rare­ment des ver­tus morales, ses his­to­riettes sont la plu­part du temps drôles, voire coquines. Le Hod­ja est asso­cié à la ville turque de Akşe­hir, où il a sa tombe, répu­tée n’être qu’un canular.

Mosaïques

Nasr Eddin, un jour, est de pas­sage dans une petite ville dont l’i­mam vient de mou­rir. Les habi­tants, pre­nant le voya­geur pour un saint homme, lui demandent de pro­non­cer le ser­mon du ven­dre­di. Il monte en chaire et inter­pelle la nom­breuse assistance :
— Chers frères, savez-vous de quoi je vais vous parler ?
— Non, non, font les fidèles, nous ne le savons pas.
— Com­ment ? s’é­crie Nasr Eddin en colère, vous ne savez pas de quoi je vais vous par­ler dans ce lieu consa­cré à la prière ! Je n’ai rien à faire avec de tels mécréants.
Et le voi­là qui des­cend de la chaire et quitte la mosquée.
Impres­sion­nées par cette sor­tie qui les confirme dans leur convic­tion que l’homme est d’une grande pié­té, les gens s’empressent d’al­ler rat­tra­per le Hod­ja et le sup­plient de reve­nir prê­cher. Il remonte alors en chaire :
— Chers frères, vous savez peut-être à pré­sent de quoi je vais vous parler ?
— Oui, oui, répondent en chœur les fidèles, nous le savons !
— Fils de chiens ! tonne Nasr Eddin. Par deux fois, vous m’im­por­tu­nez pour que je prenne la parole, et vous pré­ten­dez savoir ce que je vais dire !
Il quitte alors de nou­veau les lieux, lais­sant der­rière lui l’as­sem­blée stu­pé­faite : que faut-il donc répondre pour qu’un tel saint accepte de répandre ses lumières ?
Une des per­sonnes de l’as­sis­tance pro­pose que si la ques­tion est encore posée, les uns crient : « Oui, oui, nous le savons ! », et les autres : « Non, non, nous ne le savons pas ! » L’i­dée est rete­nue, et l’on court cher­cher le Hod­ja, qui monte en chaire pour la troi­sième fois :
— Chers frères, savez-vous enfin de quoi je vais vous parler ?
— Oui, oui, répondent cer­tains, nous le savons !
— Non, non, crient d’autres, nous ne le savons pas !
— A la bonne heure, conclut Nasr Eddin. Dans ces condi­tions, que ceux qui savent le disent aux autres.

Sublimes paroles et idio­ties de Nasr Eddin Hod­ja,
trad. J.-L. Mau­nou­ry, Phé­bus Libret­to, 1990

Je dédie ce billet à mon grand-père, qui, j’en suis cer­tain, l’au­rait beau­coup fait rire.

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