Gas­pare Van­vi­tel­li, védu­tiste pré­coce venu de Hollande

Gas­pare Van­vi­tel­li, védu­tiste pré­coce venu de Hollande

L’homme est connu sous plu­sieurs noms ; Cas­par van Wit­tel naît à Ames­foort, en Hol­lande en 1653 et meurt à Rome en 1736, connu alors sous le nom de Gas­pare Van­vi­tel­li, et Gas­pa­ro degli Occhia­li. Exi­lé volon­taire depuis son plat pays avec sa famille, il s’ins­talle à Rome et entre­prend alors un tour des plus belles villes d’I­ta­lie, qu’il peint avec fer­veur, expor­tant son savoir faire acquis auprès des maîtres hol­lan­dais de la pein­ture des pay­sages pour l’ap­pli­quer sur les vues qu’il tra­verse. On le consi­dère, à juste titre, comme le père du védu­tisme ita­lien au tra­vers de ses œuvres pic­tu­rales venant de Venise. Si Van­vi­tel­li, qui s’est payé le luxe d’i­ta­lia­ni­ser son nom, n’a­vait jamais fait le voyage, on se demande si les peintres Bel­lot­to, Guar­di et sur­tout Cana­let­to auraient ren­con­tré le suc­cès qu’on leur connaît. D’autre part, son fils Lui­gi a été nom­mé par le Pape alors qu’il n’a­vait que 28 ans, archi­tecte offi­ciel de Saint-Pierre de Rome. Une influence ita­lienne non négligeable.

Van­vi­tel­li est sur­tout connu pour ses études de San­ta Maria del­la Salute, des des­sins superbes, simples lavis sur du papier qua­drillé et jau­ni, d’une force expres­sive hors du commun.

 

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Willem Claes­zoon Heda en quelques natures mortes (Stil­le­ven)

Willem Claes­zoon Heda en quelques natures mortes (Stil­le­ven)

On ne le dira jamais assez, la nature morte hol­lan­daise est loin d’être inno­cente dans ses propres paroles ; au contraire, elle est mora­li­sa­trice, pesante, presque dic­ta­to­riale. Née dans les brumes du pro­tes­tan­tisme du nord de l’Eu­rope, elle n’existe que comme un art méca­nique de la morale chré­tienne qui tend à vous don­ner des leçons : le temps passe inexo­ra­ble­ment, ce qui a été enta­mé ne peut faire l’ob­jet d’un retour en arrière, la vie est un poi­son, etc. Que de choses douces et agréables à entendre. Une nature morte, c’est gai et joyeux comme la Leçon d’a­na­to­mie du doc­teur Tulp de Rem­brandt, c’est ni plus ni moins qu’une chape de plomb. Sachant qu’il n’existe pas de code défi­ni­tif de la signi­fi­ca­tion des objets qui s’y trouvent, on est à peu près libre d’y trou­ver ce qu’on veut.

Willem Claeszoon Heda - Nature morte à la vigne - 52x68cm - Musée Hallwyl - Stockholm

Willem Claes­zoon Heda — Nature morte à la vigne — 52x68cm — Musée Hallwyl — Stockholm

Willem Claeszoon Heda - Nature morte aux huîtres, Roemer, citron et coupe en argent

Willem Claes­zoon Heda — Nature morte aux huîtres, Roe­mer, citron et coupe en argent — 1634 — 43x57cm — Museum Boi­j­mans Van Beu­nin­gen — Rotterdam

Willem Claeszoon Heda - Nature morte à la tartelette - 1635 - 106x111cm - National Gallery of Art - Washington

Willem Claes­zoon Heda — Nature morte à la tar­te­lette — 1635 — 106x111cm — Natio­nal Gal­le­ry of Art — Washington

Ce qui reste tou­te­fois impor­tant dans cette pein­ture, et notam­ment chez Claesz. Heda, c’est la pure­té de la ligne, le trai­te­ment de la cou­leur par palettes variées mais tou­jours presque mono­chro­ma­tiques, l’in­fi­ni ren­du de la lumière et des ombres, une finesse d’exé­cu­tion proche de la pré­ci­sion hor­lo­gère. Regar­dons d’un peu plus près ces six toiles du maître hol­lan­dais, dont on sait fina­le­ment assez peu de choses. Pas d’au­to­por­trait pour la pos­té­ri­té, un titre de pré­sident de la pres­ti­gieuse cor­po­ra­tion artis­tique, la Guilde de Saint Luc et l’af­faire est bouclée.

Les tableaux qui sont pré­sen­tés ici sont dis­po­nibles en haute défi­ni­tion, ain­si que la gale­rie des détails pro­po­sée en-des­sous. Ils sont clas­sés par date d’exé­cu­tion. L’a­van­tage de cette gale­rie de détails per­met d’ob­ser­ver les tableaux comme si vous étiez face à eux.

Willem Claeszoon Heda - Nature morte à la tourte aux mûres - 1631 - 54x82cm - Gemäldegalerie Alte Meister - Dresde

Willem Claes­zoon Heda — Nature morte à la tourte aux mûres — 1631 — 54x82cm — Gemäl­de­ga­le­rie Alte Meis­ter — Dresde

Willem Claezsoon Heda - Nature morte avec coupe Nautilus - 1654 -  Museum of Fine Arts - Budapest

Willem Claez­soon Heda — Nature morte avec coupe Nau­ti­lus — 1654 — Museum of Fine Arts — Budapest

Willem Claeszoon Heda - Festin de jambon - 1656 - 152x111cm - The Museum of Fine Arts - Houston

Willem Claes­zoon Heda — Fes­tin de jam­bon — 1656 — 152x111cm — The Museum of Fine Arts — Houston

Gale­rie de détails

En vrac, voi­ci quelques signi­fi­ca­tions déco­dées des objets :

  • Flûte de Cham­pagne : la fra­gi­li­té de la vie
  • Roe­mer : fra­gi­li­té de la vie dûe au temps qui passe (voir ce billet sur une nature morte de Willem Kalf)
  • Citron éplu­ché : la nature en voie de corruption
  • Aiguière : la richesse qui n’est que vanité
  • Verre à moi­tié plein : le temps qui passe
  • Verre ren­ver­sé : la vie consom­mée, la mort qui approche
  • Verre cas­sé : la vie qui se brise, donc la mort
  • Sucre en poudre : le dan­ger et la douceur
  • Canne à poi­son : le dan­ger et la mort
  • Papier rou­lé : le secret de la nature et de l’existence
  • Montre à gous­set : le temps arrêté
  • L’as­siette en équi­libre : la fra­gi­li­té de la vie
  • Mouche : la nature en voie de corruption
  • Pain : le temps qui passe
  • La plu­part du temps, ces natures mortes sont com­po­sées comme des repas inter­rom­pus, ce qui est en soi une méta­phore du temps qui s’arrête…

Il est tou­jours inté­res­sant de consta­ter com­ment est inter­pré­té le mot nature morte dans les autres langues. Pre­nons des exemples les uns après les autres :

  • Anglais : Still life
  • Alle­mand : Stil­l­le­ben (avec 3 l)
  • Hol­lan­dais : Stilleven
  • Danois : Stilleben
  • Alé­ma­nique : Stilllääbe
  • Fran­çais : nature morte
  • Ita­lien : Natu­ra morta
  • Polo­nais : Mart­wa natura
  • Por­tu­gais : Natureza-morta
  • Turc : Natürmort

Peut-on déduire que de la manière dont on envi­sage ce mot, on se trouve plu­tôt du côté de la vie ou du côté de la mort ? L’un dit clai­re­ment “vie arrê­tée”, l’autre dit que tout y est mort…

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Willem Claes­zoon Heda — Nature morte à la tourte, à l’ai­guière d’argent et au crabe

Voi­ci une autre nature morte de Claesz. Heda, Nature morte à la tourte, à l’ai­guière d’argent et au crabe. Si l’on com­pare cette nature morte avec celle nom­mée Petite nature morte d’apparat au crabe, on peut consta­ter une ren­ver­se­ment du sens de lec­ture (ici on lit de gauche à droite), mais éga­le­ment une palette radi­ca­le­ment dif­fé­rente. Ici on tourne dans les gris et les ocres tan­dis que l’autre va cher­cher dans les verts et les jaunes.
Ce tableau est mon sens le tableau de l’ex­pres­sion du gris ; on pour­rait presque le com­pa­rer aux gri­sailles, ces superbes petits vitraux qu’on obtient par addi­tion d’oxydes métal­liques avant cuis­son. Une pure merveille.

Willem Claeszoon Heda - Nature morte à la tourte, à l'aiguière d'argent et au crabe - 1658 - 103 x 123 cm - Frans Halsmuseum - Haarlem

Willem Claes­zoon Heda — Nature morte à la tourte, à l’ai­guière d’argent et au crabe — 1658 — 103 x 123 cm — Frans Hals­mu­seum — Haarlem

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Willem Claes­zoon Heda — Petite nature morte d’ap­pa­rat au crabe

Une simple toile car­rée de 118 sur 118 cm, un citron pelé, une aiguière, un Roe­mer, une flûte à cham­pagne des plus fines, une nappe soyeuse et brillante tout juste sor­tie du meuble, un bol d’o­lives, un pain rond, une nappe de velours épais, et voi­ci une nature-morte des plus déli­cates, incroya­ble­ment fine, par Willem Claes­zoon Heda, plus connu sous le nom de Claesz. Heda. Qui sait ce qui se cache dans le reflet de l’aiguière ?

Willem Claeszoon Heda - Petite nature morte d'apparat au crabe - 1648 - 118x118 - Musée de l'Ermitage - Saint-Petersbourg

Willem Claes­zoon Heda — Petite nature morte d’ap­pa­rat au crabe — 1648 — 118x118 — Musée de l’Er­mi­tage — Saint-Petersbourg

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Au-des­sus des petites villes de Hol­lande avec les cartes de Johannes Blaeu

Joan Blaeu et son père Willem étaient tous deux des car­to­graphes hol­lan­dais répu­tés. A la mort du père, le fils reprend l’œuvre et publie en 1662 puis en 1665 l’Atlas Maior (ou Thea­trum Orbis Ter­ra­rum). Au total, ce sont douze volumes de planches en cou­leur repré­sen­tant les prin­ci­pales villes des pays euro­péens qui consti­tue cette œuvre unique en son genre et une source de ren­sei­gne­ments colos­sale sur l’ur­ba­nisme des villes de cette époque. Ce qui est fas­ci­nant, c’est de décou­vrir ces superbes cartes au regard des images actuelles, de voir que le tra­cé des routes reprend le tra­cé des anciennes for­ti­fi­ca­tions et que fina­le­ment peu de choses ont chan­gé. L’ex­pan­sion des villes n’est pas si impor­tante que ce qu’on pour­rait imaginer.

Schoon­ho­ven

On constate qu’il y a un tra­cé d’un canal (ou d’une for­ti­fi­ca­tion) ulté­rieur à l’é­ta­blis­se­ment de la carte de Blaeu, lequel a du être com­blé par la suite. La cam­pagne de Schoo­ho­ven est par­cou­ru de champs tout en lon­gueur et on s’a­per­çoit que ce pays de mar­chands est ponc­tué de petites villes éta­blies sur le bord des rivières et des canaux.

Gou­da

Gou­da, l’autre ville du fromage…

Veere

Veere, petite ville cos­sue qui res­semble tel­le­ment à la cam­pagne hol­lan­daise sous un ciel de Flandres

On peut retrou­ver la tota­li­té des feuilles de l’at­las numé­ri­sée sur le site atlasblaeu.com, mal­heu­reu­se­ment inté­gra­le­ment en fla­mand. Quelques unes sont éga­le­ment dis­po­nibles sur Wiki­com­mons.

D’autres sites où il est ques­tion de Joan Blaeu:

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