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Le vase Portland

Un des plus beaux objets qui nous soient arri­vés depuis l’é­poque romaine est un tout petit vase sombre, nom­mé vase Port­land. 24 cen­ti­mètres de hau­teur pour 56 de cir­con­fé­rence pour ses dimen­sions, il a ceci de par­ti­cu­lier qu’il a été fabri­qué en verre et selon la tech­nique du camée (et donc de la pâte de verre). La finesse du tra­vail dont il a été l’ob­jet est excep­tion­nelle et montre la par­faite maî­trise d’une tech­nique com­pli­quée puis­qu’il faut tra­vailler deux couches de verre suc­ces­sives. La pre­mière sert de sup­port, tan­dis que la seconde est appli­quée et taillé en retrait pro­gres­sif jus­qu’à la pre­mière couche (qui n’est pas noire, mais d’un beau bleu violet).
L’in­ter­pré­ta­tion des scènes qu’il repré­sente n’a tou­jours pas été clai­re­ment défi­nie et prête le flanc à des que­relles de cha­pelles aujourd’­hui encore, mais ce qui appa­rait cer­tain c’est que sa fonc­tion pre­mière semble avoir été celle d’un cadeau de mariage. Trou­vé dans les col­lec­tions archéo­lo­giques de la famille Bar­be­ri­ni (dont fai­sait éga­le­ment par­tie le faune), il arri­vé jus­qu’aux salle du Bri­tish Museum où il a été cas­sé par un vandale :

Le 7 février 1845, un van­dale pro­je­ta sur le vase une sculp­ture qui se trou­vait à proxi­mi­té, bri­sant les deux pièces en de mul­tiples fragments.
Le vase fut immé­dia­te­ment recons­ti­tué, mis à part 37 petits éclats dont on ne sut que faire dans l’im­mé­diat et dont on finit par perdre la trace. En 1948, ces éclats furent remis à un gar­dien par une per­sonne qui les avait retrou­vés sans les iden­ti­fier. Lors d’une nou­velle res­tau­ra­tion, la même année, trois d’entre eux purent être remis en place.

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La tombe de Nebamon

Tombe de Nebamon

Le Bri­tish Museum expose depuis peu les fresques de la tombe de Neba­mon. En paral­lèle, le musée a fait réa­li­ser un module inter­ac­tif per­met­tant de visi­ter la tombe et de décou­vrir ces fresques peintes. La réa­li­sa­tion agréable et ludique appuie un dis­cours infor­ma­tif sur la tech­nique de réa­li­sa­tion, le sujet des scènes et le contexte his­to­rique. À voir en ligne à cette adresse : A 3D inter­ac­tive ani­ma­tion of the tomb-cha­pel of Neba­mun. (source Egyp­to­pe­dia)

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Choses gla­nées I

Ocean­dots

Ocean dots Atlantic Ocean  Navassa

Ocean dots est une ency­clo­pé­die des îles qui manque peut-être un peu de pro­fon­deur, mais qui per­met de faire de belles décou­vertes et sur­tout de fonc­tion­ner en réponse aux sys­tèmes glo­baux de posi­tion­ne­ment et notam­ment Google Earth ; une idée qui pour­rait don­ner des idées à cer­tains, his­toire d’é­tof­fer l’outil…

Codex xcix

Codex XCIX est un blog sur les arts visuels à tra­vers les âges. Les articles ne sont pas nom­breux, mais de bonne qua­li­té et sur­tout, diver­si­fiés. Pour les ama­teurs de belles choses à voir.

Le voyage de Lapérouse

Pré­sen­té par le très bon blog Biblio­dys­sey, on peut trou­ver le livre et les illus­tra­tions d’o­ri­gine sur le site de l’u­ni­ver­si­té de Har­vard(et télé­char­geable). Un superbe docu­ment issu d’une époque où la repré­sen­ta­tion pas­sait par de véri­tables artistes sou­vent éga­le­ment eth­no­logues ou géographes.

Dis­co­ver Isla­mic art

Dis­co­ver Isla­mic art est un site de musées sans fron­tières (MWNF), pré­sen­tant une immense base de don­nées d’œuvres dis­sé­mi­nées aux quatre coins de la pla­nète. On peut y faire des visites vir­tuelles de musées ou d’ex­po­si­tions, comme de monu­ments plus ou moins inac­ces­sibles, comme par exemple le palais Qasr al-Khayr al-Ghar­bi. (Existe aus­si en ver­sion dis­co­ver baroque art)

MWNF

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Le Tré­sor de l’hô­tel de Cluny

Même si lors­qu’au­jourd’­hui on tra­verse le dépar­te­ment de la Saône-et-Loire, on s’i­ma­gine être tom­bé dans un de coins les plus recu­lés de France, il faut avoir à l’es­prit que c’est un des dépar­te­ments fran­çais dans lequel on trouve le plus d’ou­vrages d’art roman et par­mi les villes de ce dépar­te­ment, on trouve Tour­nus, Mâcon, Paray-le-Monial, Autun et sur­tout Clu­ny qui fut le siège d’un puis­sant ordre béné­dic­tin et le lieu de construc­tion de la plus grande cathé­drale romane jamais construite (190 mètres de long, 59 et 73 mètres au tran­sept, 30 mètres sous les voûtes éta­blies sur trois niveaux et enfin une cou­pole qui domine à 40 mètres à la croi­sée du grand tran­sept) dont il ne reste aujourd’­hui presque plus rien, l’Abba­tiale de Clu­ny III.

Au Moyen-Âge, tous les ordres monas­tiques, dont on sait que la plu­part d’entre eux étaient suf­fi­sam­ment à l’aise finan­ciè­re­ment pour acqué­rir la plu­part des biens fon­ciers du Royaume, pos­sé­daient à Paris un « hôtel », sorte de pied-à-terre per­met­tant d’a­voir toute lati­tude pour appro­cher le siège du pou­voir sans faire des allers et retours avec l’autre bout de la France. Le Musée natio­nal du Moyen-Âge tel qu’il existe aujourd’­hui et que je connais­sais autre­fois sous le nom de Musée de Clu­ny est en fait l’hô­tel des abbés de Clu­ny (le plus ancien hôtel par­ti­cu­lier de Paris), construit au XIIIè siècle contre les ves­tiges du plus ancien témoi­gnage du pas­sé gal­lo-romain de la capi­tale, les Thermes de Lutèce, dont on peut voir encore à ce jour les murs en façade et les col­lec­tions expo­sées dans ce qui était autre­fois le fri­gi­da­rium. Si ce bâti­ment est deve­nu le musée du moyen-âge, c’est parce qu’Alexandre Du Som­me­rard, grand col­lec­tion­neur du XIXè siècle s’y éta­blit afin de conser­ver ses col­lec­tions d’œuvres de cette époque. L’É­tat a acquis ses biens et les conserve depuis sa mort.

Visi­ter le musée de Clu­ny, c’est se plon­ger dans un monde colo­ré et loin­tain, dans une riche col­lec­tion d’or­fè­vre­rie dont on peut admi­rer les pièces dans une salle rec­tan­gu­laire confi­née, dans une col­lec­tion de vitraux superbes et récem­ment res­tau­rée, au beau milieu des anciennes sta­tues des rois de Juda et d’Is­raël qui ornaient autre­fois la façade de Notre-Dame de Paris, détruites par les Com­mu­nards en 1873 (prises pour les sta­tues de Rois de France), et qui ont été retrou­vées en 1977 sous terre lors du per­ce­ment du par­king de la Chaus­sée d’An­tin, mais éga­le­ment les tapis­se­ries de la Dame à la Licorne, les ron­dels (petits vitraux blanc et jaune d’or) de Jean Fou­quet et des par­ti­tions anciennes…

L’in­té­gra­li­té des pho­tos prises en mai der­nier sur Fli­ckr (je le pré­cise tout de même, à toutes fins utiles, toutes les pho­tos sont de moi).
Loca­li­sa­tion sur Google Maps.

Le trésor de Cluny

Le trésor de Cluny

Le trésor de Cluny

Le trésor de Cluny

Le trésor de Cluny

Le trésor de Cluny

Le trésor de Cluny

Le trésor de Cluny

Le trésor de Cluny

Le trésor de Cluny

Le trésor de Cluny

Le trésor de Cluny

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Plu­sieurs visions d’un même couple mythique dans l’art, Eros et Psyché

L’his­toire d’Eros et Psy­ché est une his­toire tra­gique comme les Grecs les aimaient tant, une his­toire dans laquelle Psy­ché, femme à la beau­té incroyable se voit l’ob­jet de cultes et de dévo­tions de la part des Hommes, mais ne trouve pas de mari pour l’é­pou­ser, contrai­re­ment à ses deux sœurs. Le culte dont elle est l’ob­jet agace for­te­ment Aphro­dite, jalouse qu’on puisse la concur­ren­cer. Elle envoie alors Eros pour la séduire et la punir en fai­sant en sorte qu’elle tombe amou­reuse d’un humain mépri­sable, mais l’his­toire tourne court quand Eros lui-même tombe amou­reux de sa proie à la beau­té insou­te­nable en se bles­sant avec une de ses flèches (car Eros n’est ni plus ni moins qu’un ange­lot armé d’un arc et de flèches…). Psy­ché arrive à échap­per au cruel des­tin que la Pythie lui pré­dit et Eros la rejoint dans la palais d’or dans lequel Zephyr l’a dépo­sée. Tous les deux passent leurs nuits à faire l’a­mour (c’est en tout cas comme ça que je tra­duis la scène ; il y a peu de chances pour que leurs nuits fussent pas­sées à lire les Méta­mor­phoses d’O­vide…) mais le dieu de l’a­mour deman­da à son amante de ne pas cher­cher à connaître son iden­ti­té. Com­blée, elle sou­haite tou­te­fois décou­vrir l’i­den­ti­té de son amant qui la quitte tous les matins avant l’aube, et tan­dis qu’elle tend une lampe à huile au-des­sus du visage du jeune homme, une goutte tombe sur son épaule et le réveille. Furieux, il s’en­fuit et Aphro­dite sou­met la traî­tresse à une série d’é­preuves dont elle ne sor­ti­ra pas indemne. Eros la rani­me­ra d’un bai­ser… et l’emmènera devant Zeus qui lui fera boire l’am­broi­sie, pour lui don­ner l’éternité.

Cette his­toire d’a­mour com­plexe et tour­men­tée a ins­pi­ré bon nombre d’ar­tistes dont ils ont ren­du des ver­sions plus ou moins heu­reuses, plus ou moins sen­suelles… Petit tour d’ho­ri­zon avec des peintres peu connus et un sculpteur.

Káro­ly BRO­CKY (Hon­grois): Eros est repré­sen­té avec le corps d’un ado­les­cent, mais à regar­der de plus près, on jure­rait que c’est le corps d’une per­sonne de petite taille. Les pro­por­tions sont étran­ge­ment courtes et on voit bien que la jambe d’E­ros est plus petite que celle de Psy­ché. Son tronc semble par contre trop grand. Sa posi­tion défie les lois de l’at­trac­tion et nous confirme que nous sommes bien en pré­sence d’un être fan­tas­tique. C’est une œuvre qui m’a l’air neutre, sans grand inté­rêt, sur­tout pour un peintre tardif.

Fran­çois-Édouard PICOT (Fran­çais): De la part d’un peintre néo­clas­sique, on pou­vait s’at­tendre à trou­ver dans cette his­toire un sujet par­fait. Nous avons ici un Eros gam­ba­dant, dans un style lyrique et enle­vé dans un décor dra­pé, pro­pret et ordon­né. Même les ailes d’E­ros ne sont pas frois­sées après cette nuit d’a­mour. Tout ici semble trop ran­gé, trop mis en scène, la toile manque cruel­le­ment de spon­ta­néi­té, et au lieu d’une nuit d’a­mour pas­sion­née, on se croi­rait plu­tôt dans une pièce de théâtre antique par­fai­te­ment acces­soi­ri­sée. Tou­te­fois, la lumière est abso­lu­ment superbe.

Hugh Dou­glas HAMIL­TON (Irlan­dais): J’aime beau­coup celui-ci (peut-être parce que Psy­ché res­semble à une fille que je connais). Le mou­ve­ment d’E­ros est tout en ten­sion et enve­loppe son amante. Ici le décor n’est plus une chambre, mais nous sommes en pleine nature, ce qui aug­mente l’im­pres­sion de clan­des­ti­ni­té, et Psy­ché étran­ge­ment, a les yeux ouverts. Pour le coup, je me demande si la scène cor­res­pond à la période où ils se ren­contrent dans le secret ou si ce n’est pas le moment où il la res­sus­cite, d’au­tant qu’elle aus­si porte une paire d’ailes. Est-ce parce que l’au­teur est Irlan­dais, mais il me semble que les amants ont les che­veux roux, non ?

Jacques-Louis DAVID (Fran­çais, à ne pas confondre avec le coif­feur): Je n’ai jamais beau­coup aimé David, trop pom­peux à mon goût, trop par­ti­san ou trop napo­léo­nien pour être hon­nête. Ici, il me donne une autre bonne occa­sion de ne pas spé­cia­le­ment l’ap­pré­cier, car je trouve l’œuvre pré­sente ridi­cule. Si cette Psy­ché m’in­dif­fère par sa froi­deur, Eros a la trogne rouge et avi­née d’un faune bac­chu­sien et le che­veux lui­sant. On croi­rait un soû­lard qui vient de tirer son coup, plu­tôt fier de ses prouesses. De plus, on a presque l’im­pres­sion qu’il regarde le peintre de la scène… Vrai­ment, je la trouve inconvenante. 

Joshua REY­NOLDS (Anglais): Voi­ci cer­tai­ne­ment la repré­sen­ta­tion que je trouve la plus belle et la plus sen­suelle car la scène est prise sur le vif ; la main ouverte de Psy­ché le signi­fie bien. Eros, quant à lui, est ici désa­cra­li­sé ; c’est un être frêle, pâle et jeune, mais d’une beau­té trou­blante. Son som­meil a l’air pro­fond et l’ex­pres­sion de son amante tra­duit son admi­ra­tion, et cer­tai­ne­ment aus­si le sou­la­ge­ment. Rey­nolds fut le maître de William Turner.

Anto­nio CANO­VA (Ita­lien): Je me sou­viens que mon pro­fes­seur de des­sin détes­tait Cano­va et qu’il m’in­vi­tait à me détour­ner de son œuvre, qui est pour­tant d’une grand finesse, si l’on exclue son propre tom­beau, par­ti­cu­liè­re­ment de mau­vais goût. Cette sculp­ture de Cano­va est à mon sens d’une grande beau­té. C’est ici la scène de la résur­rec­tion qui est évo­quée et la posi­tion d’E­ros sou­te­nant le corps de son aimée qui à sa tour le prend de ses deux mains et un geste d’une finesse et d’une déli­ca­tesse hors du com­mun, fluide et natu­relle, même si au fond, si on enlève toute poé­sie à la situa­tion, je doute qu’il puisse la rete­nir par l’en­droit où il la tient sans lui faire mal… (on me dit dans l’o­reillette que ce n’est qu’une sta­tue de marbre blanc et non de vrais êtres de chair). Cano­va a su trans­fi­gu­rer la scène et la rendre légère et sacrée, ce qui n’est pas for­cé­ment le cas des autres œuvres.

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