Larmes du Caucase
Ryuichiro Utsumi est un presqu’inconnu — il l’est en tout cas pour moi — et il s’en est fallu de peu que je passe à côté. Si je l’ai trouvé, c’est que son nom était accolé à celui d’un dessinateur dont je me suis entiché, Jirō Taniguchi. Lui au dessin, Utsumi au scénario, c’est un mélange exquis, même si la force tragique de Taniguchi s’en trouve renforcée par des histoires d’une sublime clarté.
Les bandes-dessinées, et a fortiori les manga, sont un genre particulier qui, si l’on y regarde de près, permet de traiter des sujets graves, ou plus simplement des histoires où intercèdent des tragédies personnelles fondues dans le non-dit. Même si on n’est plus dans le roman ou la nouvelle et que les visages et les corps ne sont pas dans le champ de l’imagination, on est comme happés par ce dessin réaliste et cette finesse dans les temps, les courts et les longs comme des notes de musiques parfaitement maîtrisées. On est loin de Dragonball Z, et sous les traits de plumes fins de Taniguchi, L’Orme du Caucase prend une dimension terrifiante tellement ces histoires prennent vie sous nos yeux avec une intensité qui, personnellement, n’est pas loin de me faire frémir autant que dans le roman.
Dans cette œuvre intime, intimiste, ce qui est exploré, ce sont ces étapes de la vie dans lesquelles on se trouve confronté à des écueils, des événements insurmontables, comme la perte d’un être cher et la soudaine réalité de l’absence venant tout submerger, ou la répétition des traumatismes de l’enfance.
Ce qui frappe une fois que l’on a fermé l’album, c’est cette sagesse qui résonne comme un chant interminable, mais qui n’hésite pas à explorer les tabous d’une société aussi rigide que celle du Japon.
Jirō Taniguchi & Ryuichiro Utsumi
L’orme du Caucase (Keyaki no ki), éditions Castermann
Baraka, le souffle de vie
Baraka (1992) est un film de Ron Fricke dont on a dit que ce n’était qu’une pâle imitation d’un autre grand film sans parole, Koyaanisqatsi, de Godfrey Reggio, produit par Francis Ford Coppola, sur une musique de Philip Glass et des images de… Ron Fricke. Pourtant, sous ce titre qui signifie Souffle de vie se trouve une grande œuvre, un de ces films dont l’essence réside dans un pouvoir de signifiance qui va au-delà de ce que sont capable de faire nombre de cinéastes avec des dialogues et des didascalies compliquées.
Pas vraiment un documentaire, pas vraiment un film non plus, Baraka (Wikipedia en) est une vision du monde, constituée par un certain ordre empilé d’images dont on ne se lasse pas. Les plus curieux voudront absolument savoir où sont et que sont ces lieux, mais parfois, il est bon de se laisser guider par la magie du cinéma et finalement, se laisser émouvoir par le spectacle qui est offert. Quoi qu’il en soit, pour ceux qui connaissent Koyaanisqatsi, ce ne sera pas un grand dépaysement.
On peut retrouver Baraka en intégralité sur Youtube.
- Baraka, Partie 1
- Baraka, Partie 2
- Baraka, Partie 3
- Baraka, Partie 4
- Baraka, Partie 5
- Baraka, Partie 6
- Baraka, Partie 7
- Baraka, Partie 8
- Baraka, Partie 9
- Baraka, Partie 10
Peintres de la lumière au milieu des hommes n°1
Youngsuk Suh
Patrizia Di Fiore
Francesco Millefiori
Read moreLa liberté enfin…
Voilà, c’en est fini de l’ancien blog. Un boulet derrière, des sacs d’ordure à jeter aux orties… Comme un fil à la patte enfin coupé.
Comment ? De quoi parlé-je ? De rien. Rien du tout, c’est du passé.
Et puis tout commence.