C’est une époque dont on parle avec éloignement car si peu de choses nous y renvoient directement, une fracture du temps aussi douloureuse que la Shoah mais dont on témoigne moins car ceux qui en sont revenus n’en ont pas forcément fait état — il fallait bien oublier. Cette période fait partie des heures sombres de l’Europe, entre 1939 et 1953 où l’en envoyait des innocents (ou dissidents, mais quelle est la différence ?) “dans les mines de sel”, “en Sibérie”, à “Arkhangelsk”, des noms de lieux qui sonnaient comme des châtiments du jugement dernier. Russes, Polonais, ressortissants des anciens pays baltes annexés par la Russie Soviétique, Tadjidks, Moldaves, Biélorusses ou Ukrainiens, Ouzbeks ou Kazakhs autrefois tous réunis sous la même bannière rouge tachée d’une faucille et d’un marteau, sans distinction, étaient envoyés dans ces camps de la mort staliniens dont on a été jusqu’à nier l’existence ; les goulags.
Jonas Žemaitis-Vytautas, général des partisans avec ses compagnons d’armes,
autour de 1948.
Pour le première fois, un site internet rapporte les témoignages de 160 anciens déportés qui ont parlé, souvent dans leur langue maternelle, parfois dans la langue du pays qui les a accueilli, avec documents personnels à l’appui, photos, lettres, témoins d’un passé déchirant. Une plongée dans les heures sombres, avec au bout du tunnel l’impression que la vie a tenu bon…
Archives sonores, mémoires européennes du goulag.
Recto d’une carte envoyée de Paris, à la mère de Micheline Herc au Kazakhstan, arrivée le 21/11/1945
Le grand-père maternel de Micheline Herc, Mikhaïl Model,
avant la Première guerre mondiale