Mar 30, 2011 | Sur les portulans |
On appelle fleuve tout cours d’eau qui se jette dans la mer ou l’océan, or, en France, on est loin de n’avoir que cinq grands fleuves et on oublie souvent que la liste est plutôt longue…
En examinant le tableau, on se rend compte avec stupéfaction que le plus petit fleuve de France a une longueur de très exactement… 1 195 mètres. La Veules arrose le petit bourg de Veules-les-Roses et tire son nom de Wellas (1025. Pluriel vieil anglais de wella / wiella source, fontaine, cours d’eau comme les Wells d’Angleterre).
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Mar 27, 2011 | Arts |
Même si lorsqu’aujourd’hui on traverse le département de la Saône-et-Loire, on s’imagine être tombé dans un de coins les plus reculés de France, il faut avoir à l’esprit que c’est un des départements français dans lequel on trouve le plus d’ouvrages d’art roman et parmi les villes de ce département, on trouve Tournus, Mâcon, Paray-le-Monial, Autun et surtout Cluny qui fut le siège d’un puissant ordre bénédictin et le lieu de construction de la plus grande cathédrale romane jamais construite (190 mètres de long, 59 et 73 mètres au transept, 30 mètres sous les voûtes établies sur trois niveaux et enfin une coupole qui domine à 40 mètres à la croisée du grand transept) dont il ne reste aujourd’hui presque plus rien, l’Abbatiale de Cluny III.
Au Moyen-Âge, tous les ordres monastiques, dont on sait que la plupart d’entre eux étaient suffisamment à l’aise financièrement pour acquérir la plupart des biens fonciers du Royaume, possédaient à Paris un « hôtel », sorte de pied-à-terre permettant d’avoir toute latitude pour approcher le siège du pouvoir sans faire des allers et retours avec l’autre bout de la France. Le Musée national du Moyen-Âge tel qu’il existe aujourd’hui et que je connaissais autrefois sous le nom de Musée de Cluny est en fait l’hôtel des abbés de Cluny (le plus ancien hôtel particulier de Paris), construit au XIIIè siècle contre les vestiges du plus ancien témoignage du passé gallo-romain de la capitale, les Thermes de Lutèce, dont on peut voir encore à ce jour les murs en façade et les collections exposées dans ce qui était autrefois le frigidarium. Si ce bâtiment est devenu le musée du moyen-âge, c’est parce qu’Alexandre Du Sommerard, grand collectionneur du XIXè siècle s’y établit afin de conserver ses collections d’œuvres de cette époque. L’État a acquis ses biens et les conserve depuis sa mort.
Visiter le musée de Cluny, c’est se plonger dans un monde coloré et lointain, dans une riche collection d’orfèvrerie dont on peut admirer les pièces dans une salle rectangulaire confinée, dans une collection de vitraux superbes et récemment restaurée, au beau milieu des anciennes statues des rois de Juda et d’Israël qui ornaient autrefois la façade de Notre-Dame de Paris, détruites par les Communards en 1873 (prises pour les statues de Rois de France), et qui ont été retrouvées en 1977 sous terre lors du percement du parking de la Chaussée d’Antin, mais également les tapisseries de la Dame à la Licorne, les rondels (petits vitraux blanc et jaune d’or) de Jean Fouquet et des partitions anciennes…
L’intégralité des photos prises en mai dernier sur Flickr (je le précise tout de même, à toutes fins utiles, toutes les photos sont de moi).
Localisation sur Google Maps.
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Mar 25, 2011 | Arts |
Avertissement: billet à haute teneur en mots rares et précieux, sauvés de l’oubli.
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- 10ème volet
Lorsque j’étais encore étudiant, je m’étais constitué un répertoire, un bête répertoire de mots que je pouvais glaner au fil de mes lectures dans une démarche à plusieurs étapes.
- Récupérer les mots inconnus pour en trouver plus tard à l’aide d’un dictionnaire la définition.
- Collecter en seul endroit ces petites pépites.
- Perpétuer cette collection au travers des différents âges de ma vie et ne pas les oublier.
Résultat, j’ai perdu ce carnet. Tout au moins ai-je dû l’égarer dans un endroit si bien caché qu’on le retrouvera le jour où mes héritiers passeront mes biens par le feu. En attendant ce jour, voici un billet en forme de mini-lexique. Les liens renvoient la plupart du temps aux articles Wikipedia dont ils sont issus ou à leurs références.
Épithète de Vénus ou Aphrodite : qui sort de l’eau. (poème de Rimbaud) le plus célèbre exemple est La Naissance de Vénus de Botticelli.
Venus anadyomène, Alexandre Cabanel, 1863
Terme archéologique qui désigne la technique de reconstruction d’un monument en ruines grâce à l’étude méthodique de l’ajustement des différents éléments qui composent son architecture.
Il peut aussi s’agir d’éléments reconstitués en matériaux contemporains pour présenter un détail de construction donnant l’échelle d’un édifice.
Reliefs de l’arc de Septime Sévère, Leptis Magna, Libye
L’astragale est une moulure arrondie, sorte d’anneau ou de boudin, séparant le chapiteau de la colonne. Au Moyen Âge, l’astragale fait généralement partie du chapiteau (constituant ainsi sa base) et est séparé de la colonne par un joint. Dans l’art antique, c’est le contraire : l’astragale est toujours séparé du chapiteau. L’astragale désigne aussi une moulure régnant sur la façade. On parle de nez de marche en astragale, pour les marches ayant un débord en arrondi.
Le terme astragale vient du latin astragalus qui signifie « os du talon », lui-même dérivé du grec astragalos, qui signifie « vertèbre ».
L’évergétisme (ou, plus rare, évergésie) est un terme introduit au XXe siècle dans le lexique francophone par l’historien André Boulanger. Il dérive directement du verbe grec εύεργετέω signifiant « je fais du bien ». Dans sa définition originale, l’évergétisme consiste, pour les notables, à faire profiter la collectivité de leurs richesses. Il complète le clientélisme, lien individuel et personnel entre le patron et ses clients. L’historien Paul Veyne y a consacré son important ouvrage Le Pain et le Cirque.
Proconsul Marcus Nomius Balbus, évergète d’Herculanum
Une métope est un panneau à peu près rectangulaire, le plus souvent décoré de reliefs sous un bandeau horizontal. Dans la frise dorique, elle alterne avec les triglyphes. Une plaque assez mince porte les reliefs et reste indépendante de la partie postérieure, ou contre-métope. Une demi-métope est une portion de métope occupant l’angle d’une frise dorique depuis la Renaissance. En effet la frise dorique antique se retourne sur un triglyphe désaxé par rapport à la colonne.
Vient du grec « métopê », de « méta » : entre et « ôpê » : ouverture.
En architecture, on appelle modénature les proportions et dispositions de l’ensemble des éléments d’ornement que constituent les moulures et profils des moulures de corniche ainsi que les proportions et dispositions des membres de façade constituant le style architectural.
Le terme vient du grec poliorketikos, qui désigne ce qui est relatif à la technique du siège des villes et places fortes, ou l’art et la technique du siège. On l’applique aussi à la défense des villes contre les sièges. LES POLIORCÉTIQUES d’APOLLODORE DE DAMAS COMPOSÉES POUR L’EMPEREUR HADRIEN. Traduction du texte publié par M. Ch. WESCHER (Poliorcétique des Grecs. 1867, hep. impér., p. 135–193). Avec 37 figures extraites des manuscrits grecs.
Gravure d’époque du siège de Privas
Suffète est le nom des premiers magistrats de Carthage. Leur pouvoir ne durait qu’un an. Ils étaient à Carthage ce que les consuls étaient à Rome.
Hannibal Barca, suffète de Carthage
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Mar 22, 2011 | Passerelle |
Au lever du jour, en passant devant la fenêtre, j’attrape l’air du matin, la couleur de ce moment de grâce pendant lequel le soleil arrive enfin à montrer le bout de son nez. J’ai le souvenir d’un poème des Fleurs du mal qui monte en moi comme une bouffée de chaleur et qui m’émeut… Le monde n’exhale jamais autant de beauté que lorsqu’il passe entre les mots d’un de ses poètes. Au petit matin, le ciel prend des couleurs de coulée de lave sur les flancs d’un volcan éreinté.
Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage ;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.
Le passant chagrin que tu frôles
Est ébloui par la santé
Qui jaillit comme une clarté
De tes bras et de tes épaules.
Au lendemain du jour au ciel de lave, le petit matin annonce une couleur tendre, une frange d’un superbe dégradé tandis qu’à l’ouest les ténèbres sont encore présentes et profondes. Tous les matins, je me laisse bercer par cette lumière, assis sur mon canapé avec ma tasse de café, avec de plus en plus de plaisir lorsque les jours de printemps se lèvent de plus en plus tôt. J’essaie de tenir la distance, de me lever avec le soleil, d’épouser le rythme naturel d’une belle journée, comme un ancien.
Les retentissantes couleurs
Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l’esprit des poètes
L’image d’un ballet de fleurs.
Ces robes folles sont l’emblème
De ton esprit bariolé ;
Folle dont je suis affolé,
Je te hais autant que je t’aime !
Je ravale mes pensées présomptueuses en me disant qu’un jour je serai pleinement satisfait de ce que j’ai. Quand bien même je pourrais satisfaire mon désir, que je serai certainement encore à la recherche d’autre chose, c’est ce qui me fait dire qu’à ne point désirer, on finit par ne jamais être déçu. Alors des images me traînent dans la tête, de purs fantasmes qui resteront fantasmes, des rêves qui resteront rêve ; c’est peut-être ça qui maintient en vie.
Quelquefois dans un beau jardin
Où je traînais mon atonie,
J’ai senti, comme une ironie,
Le soleil déchirer mon sein ;
Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon cœur,
Que j’ai puni sur une fleur
L’insolence de la Nature.
Alors les jours se referment les uns après les autres comme des fleurs de prairie au crépuscule, et je me mets en arrière, perdu dans mes songes qui comblent les minutes solitaires. Je m’imagine visitant les salles lumineuses d’un musée baigné de soleil, dont les rayons éblouissent les dalles de marbre coloré et les portes en bois sombre, naviguant entre une frise en céramique bleue et le relief féminin d’une dalle de Douro-Europos au regard vide et impersonnel, mais qui traduit au fond une absence de plusieurs centaines d’années.
Finalement, c’est toujours moi le gagnant dans l’histoire, même si personne ne joue au même jeu…
Ainsi je voudrais, une nuit,
Quand l’heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,
Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,
Et, vertigineuse douceur !
A travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T’infuser mon venin, ma sœur !
Charles Baudelaire, 1857
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Mar 19, 2011 | Arts, Histoires de gens |
I never saw a part done so excellent in all my life, for in her acting she has all the simplicity of nature and not the least tincture of the theatrical…
On entendit un homme un jour parler d’elle en ces termes. Fanny Abington était une actrice célèbre en son temps, une femme de spectacle, mal mariée à un homme trop âgé, son propre professeur de musique. Sir Joshua Reynolds, lui, était un peintre fameux, spécialiste du portrait et premier directeur de la Royal Academy et accessoirement, le maître de Joseph Mallord William Turner.
Joshua Reynolds avait une prédilection pour les portraits des gens de cour. Le traitement de la lumière est chez lui absolument exceptionnel. Sa façon de traiter les carnations en fait un des plus grands spécialiste du portrait.
On le voit également dans ce triple portrait des dames Waldegrave. Le détail du grain de peau des sœurs est particulièrement bien rendu et l’on se rend compte que celle de gauche devait certainement avoir la peau vérolée. Chez les deux autres femmes, ce n’est que débauche de cous et de poitrines blanches…
Il semblerait que Reynolds fut ami avec Mrs Frances “Fanny” Abington, qui selon les sources, était actrice, selon d’autre une prostituée devenue courtisane après avoir joué quelques grands rôles. Regardez bien la succession des peintures et la tendresse avec laquelle il la représente au fur et à mesure de ces toiles. D’abord en actrice sortant de derrière le rideau…
En jeune fille timide et provocante…
Le regard et l’air mutin de Frances Abington est ici terriblement révélateur d’une complicité entre le peintre et son modèle…
Sur cette toile particulièrement aérienne, les traits fins de l’actrice sont magnifiés, le traitement du rendu est beaucoup moins classique que les autres peintures.
Cette toile en définitive, est la plus belle de toutes. La lumière tamisée, l’air un peu absent de cette belle femme et la posture presque négligée, assise face au dossier du siège, un doigt élégamment posé sur la lèvre, et surtout, le regard légèrement décalé par rapport au peintre… Comme s’il la surprenait dans l’intimité de ses pensées profondes. C’est je pense un tableau révélateur du fait que les relations entre Reynolds et Mrs Abington étaient plus qu’amicales…
On remarquera également cette étude particulièrement touchante, une superbe pièce du peintre…
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