Apr 27, 2019 | Carnet de voyage en Thaïlande, Carnets de route (Osmanlı lale), Ko Pha Ngan stories |
Ban Chalok Lam
Ko Pha Ngan stories #2
Baan Chalok Lam. On dit aussi Chaloklum. Voici le finistère de Koh Pha Ngan, un finistère en forme de croissant de lune s’enfonçant dans une vallée au pied d’un des points culminants, une montagne où les nuages chargés d’eau s’accrochent et finissent par se vider au-dessus du village de pécheurs.
C’est une petite ville avec des routes en terre, deux rues parallèles qui longent une plage sans prétention où quelques bateaux souffreteux déversent leurs poissons et les calamars qui seront séchés sur les tables qu’on peut voir un peut partout en bord de mer.
C’est le genre d’endroit où il ne se passe rien, où les touristes n’arrivent que par hasard au terme d’une route chaotique qui a longtemps été en chantier. Pas de surfeurs, pas de vieux allemands arrivés là on ne sait comment, cradingues et les cheveux entourbillonnés et tressés à la mode rasta, perchés un jour et jamais vraiment totalement revenus.
Quelques restaurants proposant une variété incroyable de poissons aux couleurs chatoyantes et de crustacés cuits en sauces curry, sont la seule réelle attraction de ce petit coin qu’on pourrait croire être un paradis, mais qui n’est qu’un bout de terre tendu vers la mer.
Au détour d’un chemin, derrière une petite plage où une balançoire a été accrochée à un cocotier qui pointe vers le large, deux panneaux indiquent que la plage, orientée au nord, est un lieu où les tsunamis peuvent faire beaucoup de dégâts. Une flèche invite les promeneurs à se diriger vers une route en hauteur pour se protéger en cas de danger. Le paradis ressemble un peu à l’enfer.
C’est un finistère où les vieux regardent la mer comme on discute avec un vieil ami, où les chiens, inquiets de rien et surtout pas des quelques scooters qui passent ici, dorment sur la route décapée par les pluies et le soleil, où les jackfruits poussent à portée de main et s’éclatent de temps à autre sur le béton des cours, pourrissant là comme des animaux morts, où les enfants jouent dans le sable en se demandant à quelle heure on mange.
Moment recueilli le 5 mars 2013. Écrit le 27 avril 2019.
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Feb 15, 2019 | Carnet de voyage en Thaïlande, Carnets de route (Osmanlı lale), Ko Pha Ngan stories |
Baan Thongsala
Ko Pha Ngan stories #1
Me voici arrivé sur la petite île de Pha Ngan, dans le Golfe de Thaïlande. L’île voisine de Samui est beaucoup plus connue, toute envahie qu’elle est par la communauté française. Autant dire ce que c’est exactement tout ce que je ne recherche pas.
A peine arrivé, je me suis installé dans le petit hôtel fiché à flanc de colline sur le bord de la plage qui porte le joli nom de Haad Salad, après un trajet pour le moins épique, sur des routes accidentées qui coulent le long du rivage comme un serpent de mer.
Les premières images qui me viennent, ce sont ce soleil brûlant dans un ciel d’outremer, dont la morsure a fait son effet sur ma peau pendant l’heure et demie de traversée sur le petit bateau qui porte le nom de Haad Rin, cette lumière incroyable au travers des frondaisons immenses des cocotiers dont le nez pointe vers le rivage, la forte odeur d’humidité du bois, le parfum prégnant des fleurs immaculées et toutes en rondeurs des frangipaniers, le vert d’une mer qui tire sur le turquoise, des nuages énormes qui se forment sans même que l’on ait le temps de les voir arriver, le vent continuel chargé d’odeurs de poisson et d’iode…
Et puis il y a Baan Thongsala que je découvre au détour d’un quai.
Une simple bourgade qui vit autour de sa rue principale, bordée de boutiques en tout genre, de son marché de nuit, le Phantip Plaza et ses odeurs de friture et de riz cuit. Et le ciel qui se charge tout à coup de masses sombres dans la touffeur ambiante. Quelque chose arrive, deux gouttes, suivies d’une averse légère qui se transforme en moins de temps qu’il ne faut pour le dire en une avalanche d’eau dont on ne croirait pas le ciel capable…
Les rues charrient des paquets d’eau. Il est impossible de mettre le pied dehors, plus personne ne roule en scooter, la vie s’arrête, tout le monde s’abrite avec ce qu’il peut, on occupe l’auvent d’une boutique, la première qui est prête à accueillir…
Et puis au détour d’un croisement, une rue pleine de restaurant, une ambiance un peu chinoise avec des lampions accrochés en hauteur et la pluie qui cingle sur les auvents en métal. Une rumeur assourdissante.
Moment recueilli le 4 mars 2013. Écrit le 15 février 2019.
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Feb 10, 2019 | Bangkok stories, Carnet de voyage en Thaïlande, Carnets de route (Osmanlı lale) |
Suvarnabhumi airport
Bangkok stories #1
Premier contact avec l’aéroport au milieu des marais
Suvarnabhumi, l’aéroport sorti des marais ; le terrain s’appelait autrefois Cobra swamp. Le mot ท่าอากาศยานสุวรรณภูมิ signifie quant à lui Royaume d’or. Si cet aéroport avait une couleur, ce serait le jaune safran, de la même couleur que l’habit des Bhikshu du bouddhisme theravāda.
C’est la première fois que je mets les pieds en Thaïlande, la première fois que je vais aussi loin en Asie, et la première chose qui me marque c’est la différence de température entre l’air climatisé de l’intérieur de la grande bâtisse de verre et de l’extérieur, l’air étouffant, pollué, la chaleur écrasante, humide…
Je dois trouver une chambre pour la nuit et un moyen de rejoindre l’île de Kho Phangan. Grâce à une jolie Thaïe qui parle un anglais parfait, tout est réglé en quelques minutes. Elle arrive à me trouver une chambre dans un petit hôtel à dix minutes en voiture et un billet d’avion pour Samui le lendemain matin avec Bangkok Airways, une compagnie dont la couleur est le bleu turquoise. Autant dire que je suis parti les mains dans les poches.
Avant de partir, je cherche à manger un morceau et c’est sur une tom kha gai tellement épicée que je manque de m’étouffer ; je m’en sors avec une bonne suée et des larmes qui coulent sur mes joues. Une petite fille me dit bonjour en anglais en mangeant un mango sticky rice.
L’hôtel est tout simple, il est planqué parmi des habitations à deux pas d’une bretelle d’autoroute. La fatigue du trajet m’a tellement rincé que je ne demande pas mon reste et je m’endors après avoir pris soin de mettre mon alarme ; demain mon avion part tôt.
Il fait 21°C dans la chambre lorsque je me réveille, et mon appareil photo est couvert de buée lorsque je souhaite prendre une photo depuis le balcon sur le coup de six heures. Je prends mon petit déjeuner, des saucisses et des toasts avec un néo-calédonien qui retourne chez lui. Il vient de France et ne cache pas son bonheur de retrouver son pays ; son accent est un bonheur pour les oreilles.
Je retourne à l’aéroport Suvarnabhumi sous une lumière d’ambre, dans les vapeurs du matin. Le ciel est chargé de gros nuages à travers lesquels le soleil qui se lève peine à percer ; la lumière rasante d’un soleil doré se reflète sur la carlingue des avions stationnés sur le tarmac.
Je n’aurais fait que passer à Bangkok, je serai tout à l’heure à Phangan, à 700 kilomètres au sud. Mais la suprise est de taille, de petite taille, lorsque je me rends compte que l’avion avec lequel je vais voler est un ATR 72, un bi-moteur à hélices qui semble ridiculement petit à côté des autres caisses à biscuits alentour.
Moment recueilli le 3 mars 2013. Écrit le 8 février 2019.
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Sep 17, 2018 | Passerelle |
Ce n’est pas vraiment l’enfer, mais c’est tout de même bien loin d’être le paradis. Trois semaines en dehors des choses connues et l’esprit complètement relâché, et je suis incapable de me réadapter complètement à la vie d’ici. C’est comme si j’étais resté dans un entre-deux de la connaissance, que tout me semblait éloigné de mes préoccupations, si tant est que j’aie encore des préoccupations.
Tout est étrangement silencieux et calme, confortable et je trouve étrange de n’avoir pas beaucoup de souci à me faire. C’est comme un cocon de douceur qui m’enveloppe. La douceur rêvée des instants calmes et des rêves qui se font discrets, qui hantent mes journées.
Je fais n’importe quoi, je lis trois livres à la fois, je joue à la belote avec des inconnus, je relis mon carnet de voyage en Thaïlande pour faire revenir les odeurs et les sensations qui sont toujours très présentes, je dessine des motifs arabes sur un grand cahier en me demandant encore à quel moment je vais passer à la réalisation de ces peintures que je souhaite appliquer sur les contre-marches de mon escalier, et si je suis comme ça c’est que je vis encore à l’heure asiatique. La temporalité n’est pas la même. Les quelques Thaïs que j’ai rencontrés au long de mes différents voyages ne sont pas des gens pressés, rien ne semble affecter leur détermination à ne pas être déterminés dans leurs actions. C’est quelque chose d’assez déstabilisant lorsque l’angoisse de ne pas être à l’heure que l’on ressent et que l’on essaie de ne pas trop montrer n’est pas du tout perçue de la même manière par un chauffeur de taxi absolument nonchalant et taiseux, qui, lorsque vous lui faites remarquer que c’est hallucinant ces embouteillages à sept heures du matin vous sourit d’un air compatissant en reprenant sa conversion avec son pote au téléphone. De toute façon, que peut-il y faire ? A part s’en foutre, il ne lui reste qu’à continuer de rouler cul à cul sur la seule route qui mène à l’aéroport. Tout ce qui arrive… arrive. Déstabilisant aussi cette étrange faculté à ne jamais se démonter parce que visiblement, tout ceci ne rentrera pas dans le coffre du taxi ; ça finit toujours par rentrer. Un car bloque la circulation parce que lui-même est passé par une route où il n’a pas la place de manœuvrer ? Peu me chaut comme dirait l’autre, il y a toujours une bonne âme pour tailler la moitié d’un arbre ou déplacer une moto mal garée pour que tout ce petit monde soit enfin délivré de tout ce qui gène. Et ça finit par passer, même si ça prend une heure. Il y a toujours une solution à tout. Et puis surtout, ไม่เป็นไร… ไม่เป็นไร ça se dit à peu près mai phen rai et ça signifie énormément de choses. C’est bon, c’est ok, tout roule, ce n’est pas très grave, ne t’en fait pas, don’t worry, etc. En bref, pas la peine de se prendre la tête. Ce n’est pas du fatalisme, c’est juste un art de vivre, une façon désinvolte et assez salvatrice de se mouvoir dans le monde, un monde parfois rude et sans concession, c’est juste que ไม่เป็นไร… En réalité, les Thaïs ne disent jamais ça. En tout cas, dans les nombreuses situations où j’aurais pu l’entendre, il n’est jamais sorti de sa tanière. C’est comme si c’était induit par la situation, comme le hüzün stambouliote, la saudade portugaise ou même le tea time londonien… une convention qui ne dit pas son nom et qui est ancrée comme un ongle au bout du doigt.
Comment faire pour s’énerver (oui parce que c’est ce que fait tout Français normalement constitué quand les choses ne vont pas comme il le souhaite) quand autour de vous tout le monde se contrefout royalement des conséquences et tout ce qui peut arriver, grave, pas grave ou moyennement grave, parce qu’en réalité, ไม่เป็นไร… Ce n’est pas la solution à tous les maux, ni même une universelle clé destinée à rendre le monde plus doux ou la misère moins contraignante, c’est juste que ce n’est pas si grave que ça.
Et puis soyons un peu honnête, en Asie de manière générale, plutôt perdre la vie que perdre la face… ไม่เป็นไร est la conjugaison thaïlandaise de cette manière d’être. Garder la face est une façon de montrer aux autres qu’on a adopté une certaine ligne de conduite destinée également à respecter autrui, sans le mettre dans l’embarras. Curieuse façon de voir les choses, me direz-vous, surtout vu depuis la lorgnette qui est la nôtre, où les rapports de domination s’exercent d’abord par le langage avant de se traduire dans les actes. Alors pourquoi sans arrêt être sur le qui-vive lorsque les innombrables événements de la vie sont finalement ce qui peut arriver de mieux ? Non, ce n’est pas la théorie du Die beste aller möglichen Welten de l’ami Leibniz, mais une vision très positive du monde qui permet de s’affranchir des malheurs du monde tout en s’imposant une règle morale de respect d’autrui. Et ça fonctionne plutôt pas mal.
Gardez-vous de penser à faire du mal à autrui, il ne vous arrivera que des bricoles, un sale karma qui fera de votre prochaine vie un enfer dans lequel vous serez peut-être amenés à manger des insectes ou à vous promener de branche en branche en poussant des cris de gibbon… Parce que même pauvre, malade, surendetté, alcoolique ou mourant, dites-vous que ce qui vous arrive n’est finalement pas forcément désempli d’une certaine douceur de vivre, et que malgré tout et définitivement, de manière irrévocable et inéluctable… ไม่เป็นไร.
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Jul 22, 2018 | Passerelle |
Des Bouddhas comme s’il en pleuvait, un million peut-être, peut-être plus, mais des myriades de Bouddhas. Des Bouddhas dans des niches dorées, accompagnés dans leur éveil de centaines de petits bâtonnets rouges à la pointe incandescente dessinant dans l’air chaud des volutes incompréhensibles et pointant du doigt le sens du vent, charriant une odeur âcre et parfumée qui embaume l’air où que l’on se trouve. Ici ou là, tout nous rappelle que la terre que nous foulons n’est ni plus ni moins qu’un espace de transition entre notre existence faite de chair et le monde vaporeux des esprits et des dieux ; l’existence des dieux ne fait pas de doutes, ils sont partout autour de nous et on nous rappelle sans cesse que le Prince Siddhartha passe son temps à se battre contre la tentation de Māra et qu’il prend la terre à témoin dans la position du Bhûmisparsha-Mudrā. Toute vie ne dure, en réalité, qu’un seul et bref instant de conscience…
Peu importe le nombre qu’ils représentent, c’est la myriade qui fait sens, l’incongrue et impermanente multiplicité singulière.

Symbole de la dynastie Chakri
Pendant ce temps, la Thaïlande millénaire vit son petit bonhomme de chemin dans l’ère moderne. Le bon roi Rama IX, Bhumibol Adulyadej (ภูมิพลอดุลยเดช), mort en 2016 après un règne d’une longévité exceptionnelle (70 ans, 4 mois et 4 jours, pendant lesquels il a tout de même épuisé 26 premiers ministres) et une fin de règne marquée par un teint cireux et figé, a finalement laissé sa place à son successeur. Dans la dynastie Chakri qui tient le pouvoir (oui enfin plus trop) depuis 1792, il reste quatre descendants, tous affublés de petits noms faciles à retenir.
- Une première fille : Ubolratana Rajakanya Sirivadhana Barnavadi (อุบลรัตนราชกัญญา สิริวัฒนาพรรณวดี)
- Un premier fils : Maha Vajiralongkorn Bodindradebayavarangkun (มหาวชิราลงกรณ บดินทรเทพยวรางกูร)
- Somdech Phra Debarattanarajasuda Chao Fa Maha Chakri Sirindhorn Ratthasimagunakornpiyajat Sayamboromarajakumari (สมเด็จพระเทพรัตนราชสุดา เจ้าฟ้ามหาจักรีสิรินธร รัฐสีมาคุณากรปิยชาติ สยามบรมราชกุมารี)
- Somdet Phrachao Luk Thoe Chaofa Chulabhorn Walailak Agrarajakumari (สมเด็จพระเจ้าลูกเธอ เจ้าฟ้าจุฬาภรณวลัยลักษณ์ อัครราชกุมารี)
Et c’est bien évidemment le garçon qui a remporté le cocotier sous le nom de Rama X et qu’on appellera pour plus de commodité, Vajiralongkorn. Mais voilà, ce n’est pas un roi comme les autres. On l’a vu descendre d’un avion simplement vêtu d’un top crop laissant apparaître ses tatouages et d’un jean taille basse, prenant dans ses bras un caniche certainement royal. Pour faciliter la vie à la famille royale, il s’est marié à une roturière dont la moitié de la famille a été accusée de corruption et croupit actuellement dans une geôle tropicale. Peu intéressé par les choses du pouvoir, il a décidé de gouverner la Thaïlande depuis son nid d’aigle bavarois en laissant les affaires courantes à ses sœurettes. Voilà la Thaïlande dans de beaux draps. Personne ne vous le dira, mais tout le monde regrette le bon roi Rama IX, modèle de vertu et de sagesse…
Alors voilà. La Thaïlande revient dans la discussion. J’aime les redites lorsque tout me convient. J’aime marcher à nouveau dans mes pas et tant que je ne me lasse pas, je peux remettre ça autant de fois que je le souhaite. Je fais la liste de toutes ces villes traversées, de tous ces temples dans lesquels j’ai pu m’asseoir, les pieds tournés à l’exact opposée des Bouddhas hiératiques, de tous ces wat, ubosot, chedi et viharn croisés sur le bord des routes, des Bouddhas de la semaine (si vous êtes né un mardi comme moi, sachez que c’est le jour du Pang Sai Yat, et que si Bouddha est allongé ce jour-là, c’est parce qu’il a rabaissé la fierté de Asura Rahu, eh oui…) Je me remémore les lieux perdus dans lesquels je me suis moi-même perdu, les petits quartiers où l’on mange un bouillon de poulet et des nouilles sous des bâches sombres qui ont cette fâcheuse tendance à garder la chaleur étouffante, les places gigantesques où la misère a du mal à se terrer et que l’on peine à supporter sous ces latitudes tropicales. Je me refais la liste de toutes ces choses que j’ai vues et dont je n’ai pas parlé ici, parce que le temps est précieux et que je ne sais même plus par où commencer.
J’ai posé mes valises à Sukhothaï où j’ai eu tout le loisir de me faire dévorer par des moustiques carnassiers, à Phetchaburi où je suis arrivé en train après un voyage rocambolesque et où je me suis fait courser par un singe grand comme en enfant qui en voulait à mon appareil photo, à Lampang où je me suis arrêté en rase campagne sous une pluie battante pour visiter un temple shan qu’aucune carte ne mentionne, qu’aucun guide ne connaît, j’ai vu un temple tout en métal à Bangkok et l’endroit précis où l’on découpait les corps pour les funérailles célestes, des Bouddhas géants perdus dans les marais, tellement grands que l’on a l’impression qu’ils ont grandi contraints entre quatre murs, j’ai vu un chedi dans lequel j’ai pu descendre et admirer des peintures du 15è siècle, des éléphants se baignant dans la rivière et des enfants jeter des bouts de pain pour nourrir les poissons-chats de la Chao Phraya. J’ai vu des chiens errer autour des temples, attendant que les moines leur jette une poignée de riz. L’année dernière, j’ai fait une halte à Hanoï où j’ai visité le très joli temple de la littérature et pu contempler la dépouille desséchée de Ho Chi Minh et à Ninh Bình où je me suis promené sur une rivière encastrée entre des falaises escarpées rappelant la baie de Hạ Long. J’ai vu des pagodes dont la taille surpassait de loin tout ce que j’avais pu voir jusque là. Et surtout, j’ai bu un café dont je me souviens encore des effluves et qui reste gravé à tout jamais en moi comme étant l’odeur de Hanoï.
J’aime la beauté du monde car cette réalité-là est unique. On n’y voit que la beauté qu’on ne cherche pas.
[audio:thai/01-CM.mp3]
Il y a cinq ans de cela, je me suis arrêté à Chiang Mai où je suis arrivé un jour de marché, c’était un dimanche, j’y ai mangé des œufs de caille cuits sur une planche et du riz gluant dans l’enceinte d’un temple en plein cœur de la ville, sous une chaleur étouffante. L’hymne national a retenti dans les hauts-parleurs accrochés aux lampadaires et toute la ville s’est arrêtée, figée, pour honorer le roi. J’ai vu des Bouddhas, petits, grands, dormant, joignant leurs mains, j’ai vu une pluie de Bouddhas et je ne compte pas m’arrêter là. Je pars bientôt au pays de la pluie de Bouddhas, des myriades de Bouddhas.… Peu importe leur nombre…
Photo d’en-tête © Chùa Bái Đính (Vietnam Nord — août 2017)
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