Dec 27, 2013 | L'oeil de la caméra |
Septième volet des petits films de Jean Painlevé. Cette fois-ci nous partons dans le ciel, un ciel scientifique et poétique à la fois. J’aime bien ce ton un peu docte et très sûr de lui, presque monocorde qui font le contexte de toute une époque. On pourrait presque entendre la mélodie martiale de Gustav Holst dans Les planètes. Un voyage à ne pas manquer…
Le voyage dans le ciel
de Jean Painlevé
France/1937/10’53” (more…)
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Dec 21, 2013 | L'oeil de la caméra |
Sixième volet des merveilles de Painlevé avec un petit film sur la prospective scientifique qui s’attèle à ce concept vague qu’est la quatrième dimension. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le scientifique (André Sainte-Laguë, mathématicien de son état) qui a fait ce film avec Painlevé avait l’imagination fertile et vagabonde. Même s’il semble un peu fantasque, on peut voir des embryons de concepts élaborés plus tard, comme la proprioception et l’invariance.
La quatrième dimension
de Jean Painlevé
France/1936/10’27” (more…)
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Sep 11, 2012 | Livres et carnets |
La physiognomonie aura connu des heures glorieuses, ainsi que la phrénologie qui s’en inspire, notamment au travers d’un livre de Johann Kaspar Lavater, L’Art de connaître les hommes par la physionomie (1775–1778) que l’auteur Suisse a rédigé à partir des innombrables gravures (aujourd’hui conservées au cabinet des estampes du Musée du Louvre) du premier peintre officiel de Louis XIV en la personne de Charles Le Brun. Cette pseudo-science qui s’appuie sur des siècles de tradition littéraire et illustrative, souhaite établir les fondements d’une discipline au travers de laquelle on peut déterminer les traits psychologiques d’une personne en s’appuyant simplement sur la forme de son visage et l’analogie presque évidente avec laquelle son visage le rapproche de tel ou tel animal. Des classifications ont été établies à propos de chaque animal, par exemple la noblesse attribuée au lion, la perfidie au renard et au rat, la bêtise au chameau ou la sagesse à l’ours et en fonction des traits du visage, s’ils se rapportaient à tel ou tel animal, on attribuait à la personne les traits de caractère de l’animal, car c’est bien connu que les humains ne sont que des animaux…
Il en reste des tables d’illustrations parfois très inventives, voire farfelues, mais qui trouvent leur origine dans les cahiers d’étude et les centaines de planches de ce grand monsieur qu’est Charles Le Brun.
La physiognomonie ou L’art de connaitre les hommes d’après les traits de leur physionomie, leurs rapports avec les divers animaux, leurs penchans, etc.
Par Johann Caspar Lavater,
Librairie Française et étrangère (Paris)
Dissertation sur un traité de Charles Le Brun, concernant le rapport de la physionomie humaine avec celle des animaux (1806) sur le site de la bibliothèque numérique de l’Université de Strasbourg
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Sep 4, 2012 | Histoires de gens |
On dit qu’un des disciples du mathématicien Henri Poincaré, un jeune homme fort brillant à l’avenir encore plus certain que son maître, avait toutes les chances d’être un jour propulsé au devant de la scène avec les honneurs et les lauriers qui vont avec.
Cependant, malgré les espoirs que le maître plaçait en son disciple, celui-ci disparut un jour de la circulation, corps et biens (peut-être plus corps que biens) et on rapporta au grand mathématicien que l’homme était parti « pour devenir poète ».
A peine surpris, le scientifique répondit simplement :
« Je savais bien qu’il n’avait aucune imagination…»
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Sep 25, 2010 | Architectures, Histoires de gens |
Commencer sa soirée en regardant le chemin tortueux de l’Alice de Tim Burton (une bien belle histoire presque antique servie par une réalisation approximative et des effets spéciaux pour le moins bâclés) et la terminer par un documentaire sur les fractales de Benoit Mandelbrot a quelque chose de surréaliste, d’autant que je me suis réveillé sur le canapé avec les images d’un documentaire sur la retraite.
Les fractales de Mandelbrot, un univers que les mathématiciens traditionnels rejettent, une nouvelle théorie qui attira à son fondateur les foudres de ses collègues scientifiques. Dans ce nouvel objet de la science, il y avait pour moi la part de mystère que des gens comme Stephen Hawking venaient de révéler, une science nouvelle qui philosophiquement, mais également pour tous les domaines de la connaissance humaine, remettait en cause les notions de finitude, introduisant la possibilité d’une part d’infini dans le fini, et pourquoi pas, l’œuvre de Dieu, Stephen Hawking qui vient d’affirmer que finalement, Dieu avait bien crée l’univers, mais selon les lois de la physique…
Je suis resté captivé par ce documentaire où Mandelbrot explique comment il a eu la première intuition concernant l’existence des figures fractales en regardant les estampes d’Hokusai. Dans la grande vague de Kanagawa, comme dans cette autre estampe nommée Fuji dans l’orage, on comprend que les motifs des vagues et des nuages sont tous identiques et que la structure de l’ensemble n’est que la répétition d’un seul motif. Hokusai avait donné à son œuvre, aux alentours de 1830, un systématisme applicable à la nature. La nature ne serait donc pas tant que ça inspirée par le chaos.
Les travaux de Mandelbrot s’appuie sur plusieurs travaux antérieurs :
Le paradoxe d’Achille et de la tortue
Zénon d’Élée, mathématicien grec, tenta de soutenir la thèse parménidienne et sophistique de la non-existence du mouvement. Pour cela il rédigea ses célèbres paradoxes selon lesquels notamment, Achille ne pourra jamais parcourir la même distance que la tortue.
La poussière de Cantor
Figure géométrique simple, c’est la répétition d’une forme qui ne trouve pas sa place dans la géométrie euclidienne (définie comme un espace vectoriel ou de dimension finie) puisque qu’en prenant un segment 0–1, en le séparant en trois espaces égaux et en enlevant le morceau médian, on se retrouve avec une figure qui, si elle est réitérée, tend toujours vers 0, sans pour autant l’atteindre.
Le flocon de Von Koch
Figure géométrique dessinée bien avant les fractales par le mathématicien Helge Von Koch, le flocon (ou la courbe) de Von Koch est une figure dégradée sur chacun de ses segments par la représentation de l’ensemble. Contournée de manière récursive, la figure peut ainsi se reproduire à l’infini, en conservant comme motif spécifique le motif initial.
L’ensemble de Julia
Popularisés avec la publication des œuvres de Mandelbrot, les travaux de Gaston Julia étaient tombés dans l’oubli. Mandelbrot ne fera qu’étendre la définition de l’ensemble de Julia qui est une représentation graphique de la récursivité d’une équation sur son propre résultat.
Les travaux de Mandelbrot donneront lieu à la théorie des fractales. Lorsqu’il travaillait chez IBM, c’est lui qui le premier a compris d’où venaient les problèmes de transmission de données par liaison téléphone en découvrant que les signaux étaient eux-même sujets à des fluctuations dont la répétition de la fréquence était manifeste et reproductible. Il s’attacha également à tenter de comprendre comment mesurer les longueurs des côtes d’un littoral et détermina que la mesure pouvait fluctuer en fonction de l’échelle utilisée. Plus l’échelle est petite, plus on se rapproche de la mesure exacte, sans pour autant atteindre une mesure réelle. On introduit à la place de la longueur, la notion de « rugosité ».
Mandelbrot, sur la base du travail de Julia, mettra en forme sa propre équation dans ce qu’on appelle aujourd’hui l’ensemble de Mandelbrot, une icône mondialement connue, qui a même inspirée dans une certaine mesure le graphisme de la génération psychédélique, qui met en évidence le principe d’auto-similarité, de récursivité de la figure géométrique et qui surtout introduit la notion d’infini dans le champ d’étude du fini. L’avantage de ces travaux n’est pas qu’une simple innovation intellectuelle de la pensée mathématique ; en effet on trouve dans le champ de la science et de l’industrie des applications pratiques, comme notamment la découverte des antennes fractales par Nathan Cohen, qu’aujourd’hui on trouve à grande échelle… dans nos téléphones portables.
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