Jan 5, 2014 | Arts |
William Turner — Norham Castle on the Tweed — 1815 — Tate Gallery — Londres
En 1815, « le peintre, trop joaillier, a accumulé trop de beauté » ; en 1835, « seul le peintre, le vieux peintre apparaît, qui a su sacrifier tout le pittoresque au pictural ». La thèse de Signac a le mérite d’être claire : tout approfondissement du travail de la peinture conduit à l’élimination du détail, de la tentation du pittoresque au profit du problème pictural, et l’évolution même de la peinture au XIXe siècle montre l’émergence progressive de cette prise de conscience.
William Turner — Norham Castle on the Tweed — 1830–40 — Tate Gallery — Londres
Daniel Arasse, Le Détail, pour une histoire rapprochée de la peinture
Flammarion, 2008
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Dec 27, 2013 | Arts |
Voici une nouvelle Maestà de Cimabue, plus ancienne que la précédente puisque celle-ci, nous savons qu’elle a été composée en 1280. Je suis particulièrement attaché à celle-ci car c’est grâce à elle qu’un dimanche, il y a quelques années de cela, j’ai réellement découvert Cimabue. Flânant béatement, l’oeil encore un peu ensommeillé, je me suis arrêté devant cette chose immense de 427 × 280 cm, ce qui est réellement considérable pour un objet de cette richesse. Je rappelle les dimensions des deux dernières Maestà étudiées (nous sommes dans le même ordre de grandeur) :
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Dec 23, 2013 | Arts |
Cette très belle Maestà de Giovanni Cenni di Pepe, plus connu sous le nom de Cimabue (dont nous ne connaissons d’ailleurs pas le visage puisque l’illustration de son entrée — la première — des Vite de Giorgio Vasari n’a été composée que d’après une gravure d’époque) est conservée dans la même salle (la n°2) du Musée des Offices que la Maestà de Duccio, précédemment étudiée. La présence des deux tableaux (plus un autre que nous étudierons plus tard) n’est pas fortuite puisque ce sont des “tableaux de référence”. Référence car à la fois modèle issu des canons de la peinture byzantine et parangon de peinture pré-Renaissance ; elles sont révélatrices d’une vision momentanée de l’art, aussi bien que la référence de ce qui viendra après et qui le permettra.
Je reste persuadé qu’afin d’avoir une bonne vision des œuvres qu’on étudie, il faut avoir un minimum de connaissances sur plusieurs environnements ; d’abord la vie des artistes, ensuite l’histoire de la religion et l’histoire tout court, puis également s’intéresser aux commanditaires, et nous entrons ainsi dans une système économique dont la surface du bois peint n’est plus que l’expression ultime. Dressons le décor. Trois hommes nés à quelques années d’écart vont créer une dynamique picturale qui va faire basculer l’histoire de l’art du conservatisme byzantin à la modernité de la Renaissance.
- Cimabue (1240–1305)
- Duccio di Buoninsegna (1255–1319)
- Giotto di Bondone (1267–1337)
On le voit à leurs dates de naissance et mort, ils naissent tous les trois à plus ou moins dix ans d’écart et ce n’est pas un hasard qu’ils aient joué sur une telle scène et soient aussi déterminants car les trois hommes se connaissaient très bien ; en effet, les deux derniers ont été les élèves du premier. Cimabue occupe donc une place centrale qu’on a souvent du mal à lui restituer. Sur les trois, c’est Giotto qui remporte toujours les faveurs du plus grands nombres, mais j’ai toujours un peu de tristesse lorsque je constate à quel point on ne prend pas en compte l’influence des ainés, même si l’élève dépasse le maître. On devrait toujours dire Giotto, élève de Cimabue, comme un épithète indissociable. Donc après avoir parlé de Duccio et avant d’en venir à Giotto, il me semble normal, dans cette fresque sur les plus belles Maestà de l’histoire de la peinture, de faire un grand détour par Cimabue, que nous étudierons d’ailleurs à deux reprises au moins. Faisons fi de la chronologie pour aller où bon nous semble.
Voici donc une Maestà peinte aux alentours de 1280, mesurant 385 × 223 cm, légèrement plus petite donc, que celle de Duccio, mais immense tout de même. Lorsque l’on songe que ces tableaux étaient peints en tempera (c’est-à-dire avec cette technique immémoriale qui servait à peindre les icônes byzantines) sur des panneaux de bois, c’est-à-dire un matériau cher (le passage à la toile est implicitement un souci d’économie), et dont les parties les plus nobles étaient recouvertes de feuilles d’or, on a peine à imaginer à quel point ces œuvres sont avant tout œuvres de richesse avant d’être œuvres de religion. La tableau est donc peint, sur la commande de l’abbaye de Vallombrosa, pour l’église dont elle porte le nom, la petite basilique Santa Trinita de Florence (à deux pas du pont Santa Trinita et face à la Colonna della Giustizia, colonne monolithique en granit provenant des termes de Caracalla). Après une parcours dégradant, elle finit dans la salle n°2 de la Galerie des Offices. (more…)
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Dec 10, 2013 | Arts |
Nous voici face à une œuvre d’une force considérable. La Maestà (Vierge en majesté) portant le nom de la chapelle de Santa Maria Novella de Florence dans laquelle elle a longtemps été exposée, jusqu’en 1937, est en tout point conforme aux canons de la peinture byzantine. Le grand Siennois Duccio di Buoninsegna, Duccio pour les intimes, a réalisé là ce que la religion d’alors exigeait d’un peintre en matière d’art, ni plus, ni moins. C’est en tout cas ce qu’on certainement crû les commanditaires de ce tableau aux dimensions colossales (290x450 cm) puisque le tableau est longtemps resté accroché dans l’église.
Fond doré, taille et position des deux personnages principaux, principe isométrique de la perspective du trône, tout y est ; c’est une œuvre qui a voix au chapitre. Mais Duccio avait du génie et si l’on regarde ce tableau d’un peu plus près, on voit que le peintre n’a pas fait l’économie du parti pris esthétique. Évidemment, la Vierge est la plus belle des femmes, rien à redire là-dessus, mais la Vierge de Duccio a le regard de biais, le regard tendre et attendri, elle n’a en aucun cas ce regard froid de bourgeoise qui toise le monde, et ses joues sont légèrement rosies, son teint n’a rien à voir avec le teint cadavérique des peintures d’antan… Voilà enfin une Vierge à échelle humaine, même si ses dimensions la placent bien au-dessus du commun des mortels. La Vierge est donc une femme, une vraie, avec des émotions, de la tendresse, surtout, elle est capable d’émotion, ce n’est pas qu’une pleureuse qui s’effondre au pied de son fils crucifié. En voilà une sacrée nouvelle ! Pour faire bonne mesure et ne pas trop en dire, Duccio a également légèrement rosi les joues du potelé bambin futur Roi du Monde ainsi que celles des anges. Après tout, ce sont aussi des personnages d’essence divine… (more…)
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Oct 13, 2013 | Arts |
Né en 1850 et mort en 1921, Nikolai Kornilievich Bodarevsky s’illustra en peignant les dernièrs portraits de la Tsarine Alexandra Fiodorovna Romanova, épouse du Tsar Nicolas II, princesse Victoria Alix Hélène Louise Béatrice de Hesse et du Rhin. Sa peinture de jeunesse, une peinture rurale et lumineuse prenant pour sujet des scènes de genre de l’Ukraine des campagnes finira par devenir plus académique au contact de l’univers mondain de Moscou. Chose surprenante, il se dégage de ses toiles un vague sentiment d’ennui, de fade tristesse. Malgré tout Bodarevsky reste un peintre de talent qui excelle dans la captation de la lumière.
Jeune fille ukrainienne gardant les oies
La tsarine Alexandra Fyodorovna
Le modèle
La discussion fascinante
Petite fille russe
Portrait de femme
Portrait de la tsarine Alexandra Fyodorovna
Femme allongée jouant avec un chat
Dans la forêt profonde
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