Vivre n’est pas si facile pour moi et si on me demande souvent pourquoi je lis, pourquoi je papillonne, pourquoi je m’intéresse et pourquoi je suis curieux, pourquoi je suis toujours occupé à quelque chose et pourquoi je ne m’ennuie jamais, pourquoi j’ai constamment l’air de penser à quelque chose, pourquoi je parle tant quand je m’y mets, pourquoi il y a de la passion dans mes yeux, pourquoi je ne dors plus, pourquoi je n’arrive pas à renoncer à tout ce que je m’étais promis de renoncer, pourquoi je suis si malheureux en fin de compte et pourquoi je n’arriverai jamais à rien qui puisse me satisfaire complètement, et pourquoi je m’intéresse toujours à des choses qui a priori n’intéressent personne et pourquoi je ne fais jamais rien comme tout le monde et pourquoi je ne laisse jamais tomber, et pourquoi j’ai parfois les yeux rougis par le sang et les larmes et pourquoi j’aime tant les femmes et pourquoi j’aime tant être avec elle et pourquoi je déteste les aimer alors que je pourrais aimer les haïr de toutes mes forces, et pourquoi elles m’ont tant fait souffrir quand moi j’avais tant besoin qu’on ne m’offre que de l’amour, pourquoi je crie souvent entre mes oreilles pour faire taire le bruit de la nuit, pourquoi je deviens dingue et pourquoi je m’en veux trop, alors je répondrais qu’il faut que je reste en activité car si le néant m’envahit, si le rien arrive à se saisir de moi, si le vent souffle sur la plaine, si la poussière me brule les yeux, peut-être alors — je ne sais pas, je n’ai jamais essayé — peut-être vais-je ne pas supporter ça. Et je ne sais pas ce qu’il y a après.
[audio:tremblante.xol]Bande originale du film In the electric mist,
chanté et joué par Courtney Granger, artiste américain cajun d’expression française
se tenir debout, nu, sur la plaine, face au vent et laisser venir ce qui doit venir…
ou tourner le dos à la tempête, creuser son chemin dans les sables, aller droit là où le coeur porte
(et sinon j’adore le dessin de Paul Heaston)
Ou alors prendre la tempête en plein visage…
se prendre la tempête en plein visage , oui faire face , puis des éclaircies surviennent ‚et le beau temps finit toujours par revenir .
Rideau
Derrière le mur, il y a la mer
Derrière le rideau, il y a le ciel
Entre mur et rideau, il y a le temps
(Maintenant, parlons du décor
De son endroit, de son envers
Monde sans moi
Scène de rêve et de raison
Chant qui pleure et qui parle
Faux soir et vrai jour
Entremêlés
Inséparables)
Devant le rideau, il y a le présent
Devant le public, il y a le rideau
Entre public et rideau, les projecteurs
Qui éclairent mes yeux
Eclairent cette vie que le rideau partage
Vie de pantin
Vie de douleur
Vie d’illusion
C’est quoi, la vie, quand le rideau retombe ?
(Zhai Yongming)
Le sommeil de la raison engendre des monstres…