Café du matin

#6

Café byzan­tin

Sur­pris par l’en­nui d’un same­di froid et gris, j’ai cher­ché sur mes éta­gères quelque chose qui pour­rait m’ex­ci­ter un peu l’es­prit. Je suis même allé jus­qu’au gre­nier pour retrou­ver ce livre d’An­dré Gra­bar que j’ai ache­té il n’y a pas si long­temps que ça : L’i­co­no­clasme byzan­tin. J’ai aus­si des­cen­du les deux tomes de l’Enquête, d’Hé­ro­dote, mon livre sur Mimar Sinan, celui sur l’art de Constan­ti­nople de Sté­phane Yéra­si­mos et enfin l’Art seld­jou­kide et otto­man de Gio­van­ni Curatola.

Ico­no­clasme ; un terme qui m’a tou­jours paru étrange parce que je ne savais pas ce qui se trou­vait der­rière et qui semble un peu moins mys­té­rieux que celui d’ico­no­du­lie, qui donne ico­no­doule, venant du grec εἰκονόδουλος, qui vénère les images.

J’ai décou­vert la crise ico­no­claste du chris­tia­nisme le jour où je suis allé à Istan­bul pour la pre­mière fois et que j’ai ouvert dans l’a­vion le livre d’A­lain Nadaud, L’i­co­no­claste, une fic­tion his­to­rique sous forme de faux guide tou­ris­tique des hauts-lieux de la civi­li­sa­tion byzan­tine, et dont j’ai déjà lon­gue­ment par­lé.

Deux des sens du mot byzan­tin :

  • Qui est d’une sub­ti­li­té exces­sive, com­pli­qué à l’excès.
  • Dis­cu­té, incer­tain (par allu­sion aux dis­putes sur le « sexe des anges » qui occu­paient les Byzan­tins alors que leur ville était assié­gée par les Turcs). 

Ce qui est byzan­tin, pour ces deux accep­ta­tions, décrit par exten­sion ce qui fait que Byzance a pré­ci­sé­ment été conquis par les Turcs. Les Byzan­tins n’a­vaient d’yeux que pour les dis­cus­sions théo­lo­giques et pen­saient à tort que leur simple véné­ra­tion des icônes de la Vierge les sau­ve­rait de l’envahisseur.

Quelque chose en moi n’ar­rive pas à se fixer, mon atten­tion dérive, mon esprit vaga­bonde, ne sachant pas sur quoi se foca­li­ser. Je n’ar­rête pas de pen­ser à ces gens étranges qui vous détestent car ils pensent que vous les mépri­sez pour ce qu’ils ne sont pas, parce qu’ils se pensent infé­rieurs pour une mau­vaise rai­son, parce qu’ils pensent que vous les voyez comme des indé­si­rables… Quoi ? On se trompe de che­min. Non, je ne vous méprise pas parce que vous man­quez de culture géné­rale. Il faut peut-être se poser la ques­tion de savoir si on ne les méprise pour une toute autre raison…

Tags de cet article: