Café du matin

#4

Café punk

Sor­did details fol­lo­wing… Qu’est ce qui peut bien me mettre de bonne humeur comme ça ? Le sale gosse est de sor­tie, avec son tee-shirt sur lequel une gei­sha fait un doigt d’hon­neur, chaus­sures et jeans de punk, il faut vous faire un dessin ?

J’ai tou­jours rêvé d’être une gei­sha, et sur­tout de faire un doigt d’hon­neur en étant une geisha.

Entre autres choses.

J’ai aus­si tou­jours rêvé d’être un punk, avec des épingles à nour­rice lar­dées dans le lobe des oreilles. Qui fait des doigts d’hon­neur. Tout est une ques­tion de posture.

Mais j’ai aus­si tou­jours rêvé d’être une cham­pionne de lan­cer de poids, Sovié­tique de pré­fé­rence, ou est-Alle­mande. Bul­gare, à la rigueur.

Un cham­pion de lutte turque, mes cuisses mus­clées engon­cées dans une grosse culotte de peau noire et le corps inté­gra­le­ment enduit d’huile d’o­live. Rien moins que ça. Quoi qu’il en soit, avec une grosse mous­tache. Acces­soire indispensable.

J’au­rais aimé être plein de choses, en réa­li­té. J’au­rais aimé et j’au­rais pu.

J’au­rais un peu moins aimé être Gérard Depar­dieu, par contre. Ou Pou­tine. Ça peut s’entendre.

En revanche, être pécheur au large des côtes du Viet­nam, ça, oui.

Être ramas­seur de coquillages sur une plage du Cotentin.

Laveur de voi­ture dans une sta­tion-ser­vice du Colorado.

Tou­te­fois… tou­te­fois… s’il y a une chose que je n’au­rais pas aimé être, c’est une fonc­tion­naire de soixante ans, dont la voix dou­ce­reuse et le flegme com­pas­sé ne sau­rait cacher plus long­temps son aigreur, sur­tout si elle porte un short et des col­lants cou­leur chair pour venir au travail…

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