Café du matin

#8

Café bleu et blanc

Ambiance élec­trique, fié­vreuse, sous un ciel char­gé d’hu­mi­di­té froide qui n’ar­rête pas de se déver­ser en fines couches, les yeux grands ouverts, l’o­deur gla­cée de la pluie sur le bitume d’une ville frai­che­ment sor­tie de terre, là où avant ne se trou­vaient que des entre­pôts d’u­sines mortes depuis une bonne décennie.

Il pleut, il fait froid, le Nebras­ka ne te lais­se­ra jamais ren­trer chez toi. J’ai la tête en feu, le cœur au chaud.

Grillades de pois­sons médi­ter­ra­néens, rou­gets, sar­dines, poulpe, espa­don, le liban qui me rap­pelle la Tur­quie, شُرْبَة et tagine, le tout enve­lop­pé par le chant d’un joueur de oud qui frappe dans ses mains. Lumières bleu­tées, pein­ture blanche aveu­glante, comme un air d’île per­due dans la mer.

Je t’ai pro­mis une chambre d’hô­tel avec vue sur la mer à Sidi Bou Saïd…

Le soleil est cou­ché depuis quelques heures, j’ai man­gé quelques dattes four­rées au beurre, sau­pou­drées d’a­mandes et de pis­taches. Le rire, les sou­rires, les pho­tos pour immor­ta­li­ser ce moment… je suis là avec toi et je suis déjà par­ti dans cette vie étrange qui est la mienne, qui ne sait pas où elle va, faite de miau­le­ments de chats et de livres qui s’en­tassent à côté de mon lit, qui oscille, qui tangue à chaque minute. Il ne tient qu’à moi de la faire bas­cu­ler du bon côté…

Tes longs doigts, une main douce, glisse sous la table et me caresse la cuisse, loin d’être innocente.

Pro­mis, je ne dirai rien à personne…

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