Le Perroquet Suédois
Les derniers articles
Les eaux immobiles de Bangkok (Les oubliés du pays doré #21)
Le long du khlong Saen Saep, l’eau boueuse charrie des débris de polystyrène et des fleurs de lotus fanées. Le long-tail boat glisse entre les passerelles branlantes, et je m’accroche à la barre de métal rouillé tandis que le conducteur accélère dans un rugissement qui me fait penser à celui d’un tracteur poussé à plein régime. Personne ne regarde le paysage. Les passagers se prennent en photo avec leurs téléphones, bousculés par les embardées du pilote qui évite les déchets flottants.
Bangkok, Blues de Guerre (Les oubliés du pays doré #20)
Bangkok. 1967. On arrive à Venise par la mer. On arrive à Bangkok par le fleuve. C’est une loi géographique autant que romanesque. La Chao Phraya charrie ses eaux brunes entre les temples dorés et les barges de riz, indifférente au siècle qui passe. Mais en ce mois de juillet 1967, quelque chose a changé dans l’air épais de la capitale siamoise. Une odeur de bourbon et de kérosène se mêle aux effluves de citronnelle et d’encens.
La dernière lumière (Les oubliés du pays doré #19)
Norman Lewis arrive à Bangkok en 1950 avec cette façon qu’ont les voyageurs anglais de ne jamais vraiment arriver nulle part. Il débarque comme on pousse une porte entrouverte, sans fracas, le carnet dans la poche gauche, l’œil déjà ouvert sur ce qui disparaît. C’est ce que Lewis est venu chercher : non pas le Siam éternel des cartes postales, mais son agonie précise, documentée, la fin d’un monde qu’on photographie avant l’incendie.
L’actualité
Seulement le café du matin, du midi, du soir…
Mi-journal, mi-rêveries…
Café du matin #13
Saint-Denis. Un air de revenez‑y. Je n’ai pas mis les pieds ici depuis une éternité, certainement depuis que je faisais mes études à l’université. J’avais oublié à quel point la station de métro Basilique était étriquée et le quai peu large. L’embouteillage pour sortir, tout le monde se dirigeant vers l’escalator qui a du mal à absorber le flux. Un avant-goût de ce joyeux bordel qui m’attend dehors. A peine sorti de la station du métro, je suis assailli par une dizaine de vendeurs de cigarettes de contrefaçon qui tentent d’écluser leur cargaison en toute impunité…
Café du matin #12
Le café a un goût amer. Je n’ai jamais vraiment aimé les premiers jours de l’année, et encore moins les premiers jours de reprise du travail, et certainement encore moins le jour de la rentrée, une fois que les fêtes sont passées, que la lumière s’est éteinte et qu’on retrouve les éclairages crus et impersonnels des chambres d’hôpital que sont nos bureaux, quand on n’en prend pas réellement soin.
Café stambouliote #11
Istanbul est une ville qui confine à la mélancolie, le fameux hüzün dont parle Orhan Pamuk. Dans la mystique soufie, le hüzün trouve son origine dans un sentiment de manque dû à notre trop grand éloignement de Dieu. On retrouve quelque chose de proche du hüzün dans la culture japonaise, associé à la noblesse de l’échec.
Un voyage hors du temps
Vous êtes donc dans un espace, perdu dans le nulle part, qui fête cette année ses quinze ans.




