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Dernières nouvelles du mondeWadi al-Salam, la cité des morts
Il est des lieux où la vie et la mort cessent de s’opposer et se prennent par la main pour marcher ensemble, presque paisiblement. À Najaf, au sud de l’Irak, s’étend Wadi al-Salam, la « vallée de la paix » — le plus vaste cimetière du monde. Ses dimensions donnent le vertige : plusieurs kilomètres carrés de tombes, de mausolées et de galeries souterraines, comme une ville qui n’aurait jamais cessé de croître, mais dont les habitants ne parlent plus.
Komorebi : juste le soleil au travers du feuillage
Il existe des mots qui ne devraient jamais être traduits. Le japonais a ce talent d’enfiler des perles linguistiques pour dire l’indicible. Komorebi en fait partie : la lumière du soleil qui filtre à travers les feuilles. Trois syllabes pour saisir ce moment fugace où le vent, en bougeant les branches, joue au projectionniste avec le ciel.
Mille ans entre les murs : la Badia Fiorentina en silence
Il faut parfois pousser une porte entrouverte pour entrer dans le cœur secret d’une ville. À Florence, derrière un porche discret de la Via del Proconsolo, se tient depuis plus d’un millénaire la Badia Fiorentina. Fondée en 978 par Willa, marquise de Toscane, cette abbaye est l’un de ces lieux où l’Histoire s’accumule comme des couches de peinture, chaque époque y ajoutant sa touche sans jamais effacer complètement la précédente.
Vapeurs sur le Bosphore
On dit souvent qu’Istanbul est une ville de ponts. C’est vrai, mais réducteur. Avant que le béton ne se tende d’une rive à l’autre, il y avait déjà, sur l’eau, des silhouettes blanches striées d’orange qui faisaient le lien : les vapur. Ces ferries grinçants, crachotant de la vapeur comme des locomotives à moitié marines, ont longtemps été l’unique manière de relier l’Europe à l’Asie sans se mouiller les pieds.
Elizabeth Siddal, le vampire de Highgate
Dans le Londres brumeux du XIXe siècle, une étoile rousse allait enflammer l’imagination des plus grands artistes de son époque. Elizabeth Siddal naquit le 25 juillet 1829, destinée à devenir bien plus qu’un simple visage immortalisé sur toile. Sa passion pour la poésie s’éveilla de la façon la plus romantique qui soit : en découvrant par hasard des vers de Tennyson sur un vulgaire bout de papier journal enveloppant une motte de beurre. Cette rencontre fortuite avec la beauté cachée dans le banal deviendrait la parfaite métaphore de sa propre existence.
Chronique du neuvième mois
Ceci n’est pas une histoire comme une autre. C’est l’histoire d’une expérience nouvelle pour moi, un nouveau paradigme, une plongée à moitié immersive dans quelque chose que je connais déjà et dont je ne n’ai jamais eu l’expérience intime. Neuvième mois du calendrier de l’hégire, Ramadan (رَمَضَان) est le mois sacré par excellence pour tous les Musulmans du monde.
N’attends pas la nuit pour dire que le jour a été beau
Prendre son temps. Prendre le temps pour soi comme s’il n’existait personne d’autre au monde. Histoire de se recentrer, d’évaluer pourquoi on est là, pourquoi on est au monde, se sentir un peu utile à l’ordre des choses et ne pas se dire qu’on ne fait que subir ce qui se passe. Après tout, nos actes ne sont-ils pas une part infime, mais réelle, de tout ce qui se produit chaque jour dans le monde ?
Petit répertoire des rêves d’un long été
J’ai toujours aimé les journées chaudes, brûlantes, pendant lesquelles je m’esquinte la peau au soleil brûlant, toujours avec excès, jamais avec modération, jusqu’à la nausée, aux tremblements fébriles. Une journée passe et je suis à nouveau sur pied. J’ai des souvenirs de journées torrides, cloîtré derrière les stores baissés, dans une semi-obscurité d’où on ne voit percer que quelques fins rayons de soleil sur le tapis.
Moka au bar au Bar Bamboo Metropole
L’Indochine n’existe pas. Elle n’existe plus que dans les manuels d’histoire et dans les romans de Marguerite Duras, dans les récits de François Bizot et les mémoires de guerre de Jon Swain. L’idée de l’Indochine, c’est une image surannée de teintes pastelles, empruntes de colonialisme et d’une certaine nostalgie.
Moka au bar au cà phê hòa tan
Une odeur de lait chaud me cueille au petit matin, surpris comme un vieux chat qui aurait loupé une marche, une odeur de lait chaud qui me fait instantanément penser au salon d’un hôtel de Londres, non loin de la gare dont le nom est associé à l’ours. Paddington. Odeur de café brûlant… de tartines grillées… de confiture… odeur de bacon grillé et de scrambled eggs…
Je suis toujours dans la pièce d’à‑côté
Quelle journée étrange, quelle journée étrange…
Après avoir hiberné en plein été pendant plus d’une semaine parce que je me suis fait rattrapé par un sale virus qui court pas mal ces derniers temps, j’ai vécu une étrange journée.
Parfois, il est question de Dieu, parfois non
Le hasard n’existe pas, m’a‑t‑on déjà dit plusieurs fois. Il n’existe pas, n’existent que des correspondances. Le monde entier ne peut être que le fait du hasard, d’un chaos sans ordre régi par des lois pré-établies, pas plus qu’il ne peut être fait d’une détermination originelle qui prétendrait que tout est prévu, organisé, et donc se prévaudrait d’un commencement et d’une fin qui sont déterminables par avance, mêmes si les critères qui le constituent sont éminemment complexes.
Nous irons voir comment c’était avant
J’ai toujours vécu en France, un peu voyagé mais pas tant que ça, quelques sauts de puce sur le globe qui m’ont permis de voir autre chose que mon pays, de sentir d’autres parfums, de m’imaginer que l’autre qui vit au bout de la terre n’est pas si différent que celui qui vit juste à côté de nous. Cet étranger est même parfois moins différent de soi que celui qui, précisément, nous semble le plus familier.
On n’en a pas fini avec Byzance, ni avec Constantinople d’ailleurs…
Bir varmış, bir yokmuş. Voilà. Nous y sommes. Les lubies d’une collègue qui revient de voyage, un guide touristique datant de 2007 et qui contient quelques informations fausses (il existerait une synagogue toute en bois à Fener qu’on pourrait visiter, elle n’existe plus depuis 1937 et était construite en pierre), la lecture de mes carnets de voyages sur mon blog (…)
La turbine
Dans son petit appartement du centre-ville, les rideaux tirés, volets fermés, il est presque trois heures du matin lorsqu’elle ouvre un œil, les deux, entre ses paupières lourdes du sommeil qu’elle vient de subir. Ses longs cheveux raides éparpillés sur l’oreiller, la joue collée dessus et la bouche sèche, elle ne bouge pas, les yeux entr’ouverts.