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L’art nou­veau de la frégate

Au XVIIIè siècle, la marine sort de sa vision empi­rique de la construc­tion des navires et les chan­tiers navals per­fec­tionnent leurs méthodes, en optant pour des bateaux moins déco­rés (les proues et orne­ments en tout genre alour­dis­sants la coque, les pare­ments des sabords, du châ­teau de poupe, des pilastres et des bal­cons, sans par­ler des cou­ron­ne­ments…), que ceux des flottes des XVIè et XVIIè siècle, où le pres­tige d’une armée se mesu­rait à la beau­té de ses ors et à la charge de ses sculp­tures de chêne telles qu’on pou­vait en voir sur les galions.
C’est notam­ment sur les chan­tiers navals de Dept­ford, en Angle­terre, que les pres­ti­gieux navires de la Royal Navy firent place peu à peu à des navires plus légers, moins déco­rés, de plus faible ton­nage et sur­tout beau­coup plus élan­cés : les fré­gates. C’est sur ces chan­tiers qu’on chan­gea éga­le­ment la façon de maillo­ter les carènes. Jus­qu’a­lors, on pro­té­geait la carène avec de la bourre, de la poix et de la chaux, voire du verre pilé et on la maillo­tait avec des clous à tête large. L’in­con­vé­nient de cette méthode, à une époque où les expé­di­tions dans les mers chaudes deviennent mon­naie cou­rante, est que les coquillages et les algues en tout genre se fixent en nombre sur la carène, l’a­lour­dis­sant et le frei­nant. On voit alors appa­raître les pre­mières cou­ver­tures en cuivre, per­met­tant de dimi­nuer la sur­face d’adhé­rence pour les coquillages et ain­si pré­ve­nir du pour­ris­se­ment. On sait alors le suc­cès que connurent ces fré­gates sur toutes les mers du monde…

Toutes les illus­tra­tions pro­viennent du site du Natio­nal Mari­time Museum de Londres.

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De but en blanc

Voi­là bien une expres­sion que j’ai sou­vent uti­li­sée, mais dont je ne me suis jamais posé la ques­tion de l’o­ri­gine. « De but en blanc » signi­fie dans le lan­gage ima­gé de façon abrupte, sou­daine, avec une idée de “droit au but”. Dans la lan­gage de l’ar­tille­rie navale, le but en blanc tra­duit bien cette idée, car le but (ou butte) est le mon­ti­cule sur lequel on pla­çait le canon pour tirer (et non le but à atteindre) et le blanc cor­res­pond au cœur de cible qu’on pei­gnait en blanc pour les exer­cices. « De but en blanc » est donc le che­min le plus court de la tra­jec­toire du canon depuis le canon à la cible. Alors, me direz-vous, existe-t-il une tra­jec­toire plus ou moins courte pour un bou­let de canon ? A prio­ri, on ima­gine mal le bou­let faire une autre tra­jec­toire que celle qui est la plus courte, en pas­sant peut-être par un ou deux virages, un sal­to arrière et une triple axel. En fait, il existe des tirs plus ou moins ten­dus et pour une cible à moyenne por­tée, une infi­ni­té de tra­jec­toires plus ou moins ten­dues. Le but en blanc est une tra­jec­toire opti­male, comme on peut le voir sur la figure 9 de l’illus­tra­tion ci-des­sous, l’in­ter­sec­tion entre la ligne de tir et la ligne de mire natu­relle, cal­cu­lée par rap­port à la charge de poudre uti­li­sée, au poids du bou­let et à la lon­gueur du fût.
Voi­ci éga­le­ment la défi­ni­tion que j’en ai trouvé.

Toutes les illus­tra­tions sont extraites de mon très beau et pas­sion­nant dic­tion­naire de la marine à voile, par Bon­ne­foux et Paris (1856) aux édi­tions de la Fon­taine au Roi (1994), que mes grands-parents m’ont ache­té à Caen en 1996.

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