Oct 2, 2011 | Sur les portulans |

Au XVIIIè siècle, la marine sort de sa vision empirique de la construction des navires et les chantiers navals perfectionnent leurs méthodes, en optant pour des bateaux moins décorés (les proues et ornements en tout genre alourdissants la coque, les parements des sabords, du château de poupe, des pilastres et des balcons, sans parler des couronnements…), que ceux des flottes des XVIè et XVIIè siècle, où le prestige d’une armée se mesurait à la beauté de ses ors et à la charge de ses sculptures de chêne telles qu’on pouvait en voir sur les galions.
C’est notamment sur les chantiers navals de Deptford, en Angleterre, que les prestigieux navires de la Royal Navy firent place peu à peu à des navires plus légers, moins décorés, de plus faible tonnage et surtout beaucoup plus élancés : les frégates. C’est sur ces chantiers qu’on changea également la façon de mailloter les carènes. Jusqu’alors, on protégeait la carène avec de la bourre, de la poix et de la chaux, voire du verre pilé et on la maillotait avec des clous à tête large. L’inconvénient de cette méthode, à une époque où les expéditions dans les mers chaudes deviennent monnaie courante, est que les coquillages et les algues en tout genre se fixent en nombre sur la carène, l’alourdissant et le freinant. On voit alors apparaître les premières couvertures en cuivre, permettant de diminuer la surface d’adhérence pour les coquillages et ainsi prévenir du pourrissement. On sait alors le succès que connurent ces frégates sur toutes les mers du monde…

Toutes les illustrations proviennent du site du National Maritime Museum de Londres.
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Oct 1, 2011 | Livres et carnets |

Voilà bien une expression que j’ai souvent utilisée, mais dont je ne me suis jamais posé la question de l’origine. « De but en blanc » signifie dans le langage imagé de façon abrupte, soudaine, avec une idée de “droit au but”. Dans la langage de l’artillerie navale, le but en blanc traduit bien cette idée, car le but (ou butte) est le monticule sur lequel on plaçait le canon pour tirer (et non le but à atteindre) et le blanc correspond au cœur de cible qu’on peignait en blanc pour les exercices. « De but en blanc » est donc le chemin le plus court de la trajectoire du canon depuis le canon à la cible. Alors, me direz-vous, existe-t-il une trajectoire plus ou moins courte pour un boulet de canon ? A priori, on imagine mal le boulet faire une autre trajectoire que celle qui est la plus courte, en passant peut-être par un ou deux virages, un salto arrière et une triple axel. En fait, il existe des tirs plus ou moins tendus et pour une cible à moyenne portée, une infinité de trajectoires plus ou moins tendues. Le but en blanc est une trajectoire optimale, comme on peut le voir sur la figure 9 de l’illustration ci-dessous, l’intersection entre la ligne de tir et la ligne de mire naturelle, calculée par rapport à la charge de poudre utilisée, au poids du boulet et à la longueur du fût.
Voici également la définition que j’en ai trouvé.


Toutes les illustrations sont extraites de mon très beau et passionnant dictionnaire de la marine à voile, par Bonnefoux et Paris (1856) aux éditions de la Fontaine au Roi (1994), que mes grands-parents m’ont acheté à Caen en 1996.
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