J’a­vais déjà eu, il y a quelques temps de cela, l’oc­ca­sion de m’é­ner­ver contre les artistes contem­po­rains qui ont per­du en route toute la signi­fi­ca­tion intrin­sèque comme repré­sen­ta­tion de la nature, en le dévoyant et en en fai­sant un auto-repré­sen­ta­tion de la moder­ni­té, comme si fina­le­ment, l’art se repré­sen­tait lui-même. On voit l’ab­sur­di­té de la chose. Je m’é­tais éner­vé parce que j’a­vais eu l’oc­ca­sion de voir des œuvres contem­po­raines qui me sem­blaient ne rien avoir à dire. Et ce week-end, je me suis ren­du à nou­veau au Centre Pom­pi­dou, voir les nou­velles œuvres de l’ex­po­si­tion per­ma­nente, ain­si qu’ac­ces­soi­re­ment l’ex­po­si­tion elles@centrepompidou.

Je vais cer­tai­ne­ment pas­ser pour un réac­tion­naire alors que j’ai pas­sé une par­tie de mes jeunes années à défendre l’art contem­po­rain, ce qui même à l’o­rée du XXIè siècle ne va pas de soi, mais cette expo­si­tion est réel­le­ment mer­dique. Je n’ai jamais vu ça. Je suis déso­lé pour les femmes qui ont expo­sé ici, mais c’est tout tout sim­ple­ment navrant. En plus de la toni­truante et nau­séa­bonde ORLAN, j’ai assis­té à une débauche inutile d’œuvres incom­pré­hen­sibles, illi­sibles sans la notice, ou alors par un esprit supé­rieur, ce qui invi­te­rait clai­re­ment à lais­ser croire que celui qui la reçoit est un imbé­cile. C’est cela le pro­blème. L’œuvre est livrée ou non avec le mode d’emploi, mais quoi qu’il en soit, celui-ci est indis­pen­sable. Si la plu­part des chefs d’œuvres de l’art ne sont pas for­ce­ment com­pré­hen­sibles par le plus grand nombre, ils sont au moins appré­hen­sibles aisé­ment, c’est à dire qu’au­cune bar­rière ne vient frei­ner leur lec­ture. Un art qui a besoin de jus­ti­fier sa démarche, c’est du vent, c’est une construc­tion intel­lec­tua­liste qui se vide de son signi­fiant, une com­plexe machine qui ne pro­duit rien. Une perte de temps manifeste.
Ce que les artistes d’au­jourd’­hui ont du mal à com­prendre, c’est qu’un objet d’art doit pou­voir vivre à l’ex­té­rieur d’un musée. A l’in­té­rieur, ils sont mis en scène, mais doivent avoir leur vie propre. Sor­tie de son musée, la vic­toire de Samo­thrace reste belle, tout comme les Noces de Cana de Vero­nese ou la Joconde. Pas besoin d’un musée. En revanche la plu­part des choses expo­sées dans ce centre Pom­pi­dou ne valent rien en dehors de l’en­droit où elles se trouvent. Déjà à l’in­té­rieur, c’est loin d’être évident et c’est d’au­tant plus triste que cette expo­si­tion donne une bien piètre image des femmes artistes contemporaines.
Tout me porte à croire que ne sont artistes ceux qui ont su entrer dans le cercle res­treint des plas­ti­ciens à haute teneur en plas­ti­ci­té, mais à faible valeur nutri­tion­nelle pour l’art lui-même.
J’ai tou­te­fois un bemol à appor­ter à cette cri­tique sévère : la pré­sence de l’ar­tiste vidéaste suisse Pipi­lot­ti Rist qui à elle seule réus­sit à enchan­ter une expo­si­tion qui fout mal au crâne par son ins­tal­la­tion douce et par­fai­te­ment réalisée.

Dans les col­lec­tions per­ma­nentes, j’ai redé­cou­vert éga­le­ment les œuvres construc­ti­vistes de Yakov Geor­gie­vich Cher­ni­khov, juste quelques cro­quis simples et contras­tés, dignes d’une grande exposition.

Heu­reu­se­ment que par­fois, au milieu du chaos, on dis­tingue la beau­té des jolies choses, comme le chant un peu rauque d’une jolie femme, et heu­reu­se­ment que là-haut, on peut voir le soleil se cou­cher sur Paris et ses hautes églises…

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