Vrai­ment pas mal repo­sé après tout ce périple, je com­mence ma jour­née en me bala­dant dans le centre de la petite ville d’U­bud. Fié­vreuse et un peu bruyante, elle n’est pas avare de ses charmes.
Je découvre tout d’a­bord le Puri Saras­wa­ti, le temple royal de la ville, construit der­rière un magni­fique plan d’eau sur lequel on trouve un myriade de lotus en fleur. Je n’ai pas pu entrer dans le temple, faute de sarong. J’ai ensuite visi­té le petit mar­ché qu’on peut peut par­cou­rir sur plu­sieurs étages. Si l’o­deur de l’en­cens vient par­fois trou­bler mes sens, je me demande si ce n’est pas pour mas­quer l’o­deur âcre et sucrée des ordures qui jonchent le cœur du mar­ché. Car­casses de durians et fleurs pour­ries viennent un peu gâcher la fête des odeurs et les cou­leurs des tissus.
Il y a un autre petit temple à côté du mar­ché, duquel s’é­chappent des volutes de fumée d’en­cens, mais je ne peux pas non plus y entrer sans avoir revê­tu le sarong traditionnel.
Dans l’a­près-midi, je suis donc allé à la recherche du mor­ceau de tis­su qui me ser­vi­ra de sésame. Après avoir mar­chan­dé dure­ment (mais je me suis quand-même fait avoir hein) mon batik, je me suis assis dans une petite pen­sion du centre pour déjeu­ner un gecok, une soupe de pou­let au lait de coco et riz blanc.
J’ai ensuite visi­té le palais royal d’U­bud, où on ne peut voir qu’une toute petite par­tie, mais le temple est très raf­fi­né, les sculp­tures superbes et les sarongs des sta­tues d’une richesse inéga­lable. De l’autre côté de la rue, une autre par­tie du temple trop excen­trée appa­rem­ment puisque je m’y retrouve sans per­sonne ; ça ne doit pas figu­rer sur le pro­gramme des tour-ope­ra­tor chinois.
Enfin je retourne au Puri Sara­was­ti pour visi­ter le temple cette fois. Mais je ne sais pas pour­quoi je me casse la tête. La plu­part des gens qui y entrent ne revêtent pas le sarong. Méfait de la mon­dia­li­sa­tion, on se com­porte par­tout comme chez soi, aucun res­pect des tra­di­tions des autres. Je conti­nue­rai de por­ter mon tis­su noir et bleu, qui va très bien avec mes chaus­sures de marche jaunes…
Le soir tom­bant, je me rends à un spec­tacle de kecak au Pura Dalem Taman Kaja, spec­tacle enivrant avec ces dan­seurs et chan­teurs qui scandent leur tchakt­chak jus­qu’à la transe. Le dan­seur avec son che­val (san­ghyang dja­ran) mar­che­ra sur les braises sous les encou­ra­ge­ments des chan­teurs. Un très beau spec­tacle réa­li­sé par une troupe d’une cen­taine de per­sonnes issues d’une même communauté.
Après le spec­table, à 21H00, dif­fi­cile de trou­ver encore un res­to ouvert. J’en trouve fina­le­ment un où je dîne d’un Kwe Tiau (nouilles et pou­let épi­cés) avant d’al­ler me cou­cher en tra­ver­sant les rizières dans les ténèbres des nuits bali­naises, tan­dis que les gre­nouilles et les cra­pauds entonnent leurs parades nuptiales.