Lorsque le pha­raon lui-même est plus grand que le plus grand des dieux, il les mange…

Le pha­raon devient dieu lui-même par le cou­ron­ne­ment, il s’ap­pro­prie la force des cou­ronnes au sens le plus réa­liste, en les man­geant. C’est de la même façon qu’il s’ap­pro­prie la sub­stance divine. Dans les Textes des Pyra­mides se trouve «le fameux hymne au pha­raon can­ni­bale qui se nour­rit des dieux, mange les grands au déjeu­ner, les moyens au dîner et les petits au sou­per, qui leur brise les ver­tèbres et leur arrache le cœur, qui dévore cru ceux qu’il ren­contre sur son che­min.» C’est lais­ser entendre que le pha­raon est le plus grand de tous les dieux, au moins leur égal, le maître des hommes et des choses, le maître des eaux du Nil, de la terre et même de la récolte en train de croître. «J’é­tais, fera-t-on dire plus tard à un pha­raon défunt, quel­qu’un qui fai­sait pous­ser l’orge.»

Fer­nand Brau­del, Les mémoires de la Méditerranée
Livre de Poche, Col­lec­tion Références
Édi­tions de Fal­lois 1998

Détail du Papyrus de Greenfield ou Livre des Morts de Nésitanebtashérou du British Museum

Détail du Papy­rus de Green­field ou Livre des Morts de Nésitanebtashérou
Bri­tish Museum, Londres

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