En atten­dant l’été

Par­fois, au détour d’un jar­din, cachée par­mi les feuilles et les herbes, il y a une femme… ou deux. Pour l’ins­tant, il pleut.

L'été, Aristide Maillol

L’é­té et der­rière, Flore (1910). Aris­tide Maillol
Modèle : Dina Vierny
Paris, jar­din des Tui­le­ries, 6 juin 2010

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Mots d’un voca­bu­laire oublié V

Aver­tis­se­ment: billet à haute teneur en mots rares et pré­cieux, sau­vés de l’oubli.

  1. 1er volet
  2. 2nd volet
  3. 3ème volet
  4. 4ème volet
  5. 5ème volet
  6. 6ème volet
  7. 7ème volet
  8. 8ème volet
  9. 9ème volet
  10. 10ème volet

Douelle

C’est le pare­ment inté­rieur d’un arc, qu’on désigne aus­si sous le nom d’intra­dos. Dans une voûte, chaque cla­veau pos­sède sa douelle. A est la douelle du cla­veau repré­sen­té fig. 1.

Douelle.png

Empy­rée

Vient du grec empy­ros, έμπυριος (emby­rios) signi­fiant qui est enflam­mé, déri­vé de πυρ (feu)
Par­tie du ciel la plus éle­vée, que les anciens regar­daient comme le séjour des divi­ni­tés célestes.

Bosch Hie­ro­ny­mus, vers 1450–1516. “LES VISIONS DE L’AU-DELÀ: L’AS­CEN­SION VERS L’EMPYRÉE”,
détail. 1500–1504. Der­nier des 4 pan­neaux, 87x40 cm. Huile sur bois. Venise, Palaz­zo Ducale.

Enfeu

Déver­bal de enfouir. Un enfeu est une tombe encas­trée dans l’é­pais­seur du mur d’un édi­fice reli­gieux (église, cime­tière). Il était géné­ra­le­ment réser­vé aux nobles.

Il peut être super­po­sé. Des gisants peuvent figu­rer en des­sous ou au-des­sus. Plu­sieurs niches peuvent mon­trer le défunt à dif­fé­rents moments de sa vie. Des saints peuvent aus­si y figurer.

Enfeu dans un prieu­ré domi­ni­cain, Athen­ry, Coun­ty Gal­way, Edwin Rae

Esco­perche (ou écoperche)

Vieux fran­çais : escot : « rameau » et de perche.

  1. (Arts) Perche qui, dans un écha­fau­dage, sou­tient des perches ou planches horizontales.
  2. (Bâti­ment) Grande perche ver­ti­cale d’é­cha­fau­dage en bois ou en acier munie d’une pou­lie, ser­vant à éle­ver des maté­riaux de construction.

Perche ou bali­veau posé ver­ti­ca­le­ment pour sou­te­nir les bou­lins d’un écha­faud de maçon (voy. Écha­faud). L’escoperche est aus­si une pièce de bois munie d’une pou­lie à son extré­mi­té supé­rieure, et qu’on attache au som­met d’une chèvre pour en aug­men­ter la hau­teur ou lui don­ner plus de nez.

Imposte

Dans l’ar­chi­tec­ture clas­sique maçonnée :

  • Une imposte est une pierre saillante (géné­ra­le­ment dure) qui forme le cou­ron­ne­ment du pié­droit d’un arc (l’im­poste est au pié­droit ce que le cha­pi­teau est à la colonne). Cette pierre est géné­ra­le­ment mou­lu­rée selon les ordres architecturaux.
  • Le corps de mou­lure de l’arc (le châs­sis de tym­pan) se nomme éga­le­ment imposte .

Orant

Un orant (ou priant, du latin orare, prier) désigne, dans l’art reli­gieux, un per­son­nage repré­sen­té dans une atti­tude de prière, sou­vent age­nouillé. La réa­li­sa­tion est fré­quem­ment une sta­tue en ronde-bosse ou une sculp­ture en haut-relief.

Asso­cié au gisant, c’est l’un des élé­ments de déco­ra­tion d’un tom­beau ou d’un enfeu.

Tom­beau d’Hen­ri II et de Cathe­rine de Médi­cis dans la Rotonde des Valois,
Basi­lique de Saint-Denis — Gra­vure d’A­lexandre Lenoir (19e siècle)

Rem­ploi

Les spo­lia (terme latin neutre plu­riel, donc mas­cu­lin plu­riel en fran­çais) ou rem­plois ou réem­plois, dési­gnent la réuti­li­sa­tion, notam­ment sous l’empire romain tar­dif, de pièces et œuvres d’art de monu­ments romains anté­rieurs comme maté­riaux de construc­tion dans un nou­veau monu­ment (comme par exemple l’arc de Janus, l’arc de Constan­tin).
Il n’est pas éta­bli si cet usage est d’a­bord idéo­lo­gique (retour à une gloire pas­sée), esthé­tique (rem­ploi d’œuvres d’art appré­ciées et ain­si sau­ve­gar­dées) ou pra­tique (récu­pé­ra­tion d’un monu­ment en ruine, et coût de matière pre­mière réduite).
L’hy­po­thèse du recy­clage pour des rai­sons éco­no­miques et pra­tiques est la plus pro­bable, dans l’é­di­fi­ca­tion des rem­parts des cités romaines à par­tir de la fin du IIIe siècle, par la réuti­li­sa­tion de pierres de monu­ments, en par­ti­cu­lier funé­raires, bâtis à l’en­trée des villes et sou­vent à l’abandon.

Reused inscribed blocks

Arch of Constantine

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Le « Man­du­ca­tor », ou vam­pire de Venise

L’his­toire du man­du­ca­tor fait cer­tai­ne­ment par­tie des décou­vertes archéo­lo­giques les plus sur­pre­nantes de ces der­nières années. En 2006, un chan­tier de fouilles sur le Laz­za­ret­to Nuo­vo de Venise a mis au jour un bien étrange sque­lette datant du XVIè siècle. L’île, pen­dant les épi­dé­mies suc­ces­sives de peste a ser­vi de mou­roir et de lieu de qua­ran­taine. Nombre de malades furent envoyés sur l’île pour finir leurs jours et évi­ter aux Véni­tiens la conta­mi­na­tion. La plu­part des corps décou­verts dans la fosse étaient sim­ple­ment recou­verts d’un lin­ceul, mais le sque­lette de femme dont il est ques­tion avait une brique coin­cée dans la bouche grande ouverte. Les archéo­logues étaient réel­le­ment en pré­sence de ce que les textes du Moyen-Âge appellent un man­du­ca­tor, un esprit mâcheur qui mâche du fond de sa tombe. Des récits relatent jus­qu’au XIXè siècle des cas de morts qui avaient man­gé leur lin­ceuls, dont on avait ouvert le tom­beau parce qu’on avait enten­du un bruit de mas­ti­ca­tion. Le corps était décou­vert frais ; on a tôt fait d’as­si­mi­ler ces mâcheurs aux vam­pires et les expli­ca­tions ration­nelles ont eu du mal à venir. On a pen­sé à des per­sonnes enter­rées vives ten­tant de déchi­rer leur lin­ceul ou à l’ac­tion des sucs de décom­po­si­tion sur le tis­su. Le mâcheur entraî­nait avec lui les autres membres de sa famille et tant qu’il ne ces­se­rait pas de mâcher, l’é­pi­dé­mie conti­nue­rait de déci­mer ses proches. Aus­si le seul moyen d’é­ra­di­quer le mâcheur était de l’ex­hu­mer et de mettre son corps en pièce. Après l’in­ter­dic­tion d’ex­hu­mer de 1755, on trou­va des moyens de pré­ven­tion pour évi­ter la malé­dic­tion des mâcheurs : lui dépo­ser une brique ou un caillou dans la bouche ou l’en­ter­rer ventre contre terre…

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L’or de Mer­cie, ou le tré­sor du Staffordshire

Le 5 juillet 2009, un chô­meur anglais du nom de Ter­ry Her­bert pas­sant une par­tie de ses jour­nées à cher­cher des tré­sors avec sa poêle à frire, a fini par en trou­ver un, tout bête­ment, dans un champ au nord de Bir­min­gham. Pen­dant six jours, il va déter­rer plus de cinq cents frag­ments d’or et d’argent fine­ment ouvra­gés avant de pré­ve­nir le coro­ner de sa décou­verte, une des plus impor­tantes sur le sol anglais. Sous terre, c’est plus de 1600 objets et frag­ments, répar­tis de la manière sui­vante : 45% d’or, 45% d’argent et 10% d’al­liages ou maté­riaux. Sans data­tion pré­cise à ce jour, on estime que les objets datent d’une période allant du début du VIè siècle au début du VIIIè, période à laquelle la région consti­tuait le royaume bar­bare de Mer­cie, qui a pros­pé­ré sous le règne du roi Pen­da (vers 630–655) et qui connut son apo­gée sous le règne du roi Offa (757–796).

Si le tré­sor a été retrou­vé dans un champ, il a été enter­ré au croi­se­ment de Wat­ling Street, la voie romaine par­cou­rant l’île du sud-est au nord-ouest et des val­lées de la Tame et de la Trent. Ce n’est sans doute pas un hasard qu’ils soient tous réunis à cet endroit. Autre chose, tous ces objets sont pas­sa­ble­ment endom­ma­gés, tor­dus, déchi­que­tés et sont exclu­si­ve­ment des objets mili­taires ; aucune parure fémi­nine n’a été trou­vée, mais éton­nam­ment, aucune lame d’é­pée non plus. Les objets sont essen­tiel­le­ment reli­gieux ou des parures de guerre, des pom­meaux d’é­pées, etc. et semblent avoir été entas­sés en plu­sieurs fois, ce qui laisse pen­ser que l’en­droit était en fait un dépôt. On a cru éga­le­ment à un dépôt votif d’armes comme on en trouve en Scan­di­na­vie, mais on jetait alors les armes dans des marais, et qui plus est avec leurs lames. L’hy­po­thèse rete­nue pour l’ins­tant est que l’en­droit était en fait une cache ser­vant de gise­ment pour un rem­ploi futur d’une matière pre­mière prête à être refon­due et réutilisée.

Confor­mé­ment au Trea­sure Act de 1996, la tota­li­té du tré­sor a été rache­tée par l’É­tat, et la somme de 4 mil­lions d’eu­ros a été par­ta­gée entre Ter­ry Her­bert et le pro­prié­taire du champ.

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César l’Ar­lé­sien et le mithraeum

Au nombre des décou­vertes archéo­lo­giques de ces der­nières années, on a pu voir fleu­rir des choses abso­lu­ment excep­tion­nelles. Même si à notre époque, il nous reste tout de même plus de chances de décou­vrir l’hy­po­gée cachée d’un Tou­tan­kha­mon plu­tôt que les jar­dins sus­pen­dus de Baby­lone ou le temple d’I­sh­tar de Mar­duk, l’é­ven­tail des pos­sibles reste fran­che­ment éten­du, même si nous savons que l’ar­chéo­lo­gie est une science qui fini­ra par mou­rir dou­ce­ment ; en effet, le nombre de décou­vertes pos­sibles risque d’al­ler en s’a­me­nui­sant, les décou­vertes se suc­cé­dant et la conser­va­tion des élé­ments de fouilles non décou­verts ris­quant fina­le­ment de ne pas être exploi­table ou tout sim­ple­ment dis­pa­raître. Cette science porte en elle un drame : celui de devoir sans cesse décou­vrir des restes d’une civi­li­sa­tion. Même si l’ar­chéo­logue a une vision posi­tive de la décou­verte, le pro­fane est tou­jours déçu de décou­vrir le déla­bre­ment. Sauf… sauf dans quelques cas, où l’on se demande encore com­ment les objets ont pu nous arri­ver dans un tel état de conservation.

En France, la der­nière décou­verte de taille a été faite en Arles, grande cité romaine au pas­sé riche. On a trou­vé dans le Rhône, immense dis­pen­sa­teur de tré­sors qui n’ont cer­tai­ne­ment pas tous été mis à jour, une tête de Jules César en marbre, gran­deur nature et réa­li­sée de son vivant. On estime que c’est le por­trait le plus réa­liste de l’empereur, un por­trait au regard dur et froid, à la cal­vi­tie naissante.

Le mithraeum d’Angers

Si l’é­vé­ne­ment a été beau­coup moins média­ti­sé, car beau­coup moins spec­ta­cu­laire, il n’en reste pas moins une décou­verte d’im­por­tance. Sur le ter­ri­toire de la ville d’An­gers, a été mis à jour les restes d’un mithraeum (plu­riel mithraea), un temple cultuel dédié au Dieu Mithra, une divi­ni­té d’o­ri­gine indo-ira­nienne dont le culte est très déve­lop­pé à l’é­poque romaine et très lar­ge­ment dif­fu­sé sur le ter­ri­toire des conquêtes. On le sait peu, mais le Culte de Mithra, culte éso­té­rique acces­sible par coop­ta­tion, fut pen­dant quelques temps un concur­rent sérieux du chris­tia­nisme avant d’être inter­dit, comme tous les autres cultes païens en 391 par l’édit de Théo­dose. Mais pour­quoi des traces de ce culte à Angers, si loin de son lieu de nais­sance ? Mithra est un dieu guer­rier dont le culte s’est sur­tout déve­lop­pé chez les légion­naires romains. Pas­sa­ble­ment sus­pect, il n’é­tait pas de bon ton, dans une Rome qui avait adop­té le chris­tia­nisme comme reli­gion d’é­tat de se décla­rer mithraïste. Aus­si, les lieux de culte étaient-ils géné­ra­le­ment enfouis sous terre, exi­gus, confi­nés et ne pou­vaient que rare­ment rece­voir plus de qua­rante per­sonnes à la fois. La décou­verte d’un de ce lieux à Angers marque les pro­gres­sions de l’ex­pan­sion de ce culte sur le conti­nent, qu’on retrouve en réa­li­té jus­qu’à Londres.

mithraeum angers

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