Sorting by

×
Doğu din­leme n°1 : Le ney magique de Kud­si Ergüner

Doğu din­leme n°1 : Le ney magique de Kud­si Ergüner

J’ai déci­dé de par­ta­ger ici ma dis­co­thèque turque. Bien évi­dem­ment, on y trou­ve­ra peu de choses modernes, mais il y a aura tout de même des sur­prises et c’est avec Kud­si Ergü­ner que j’ai déci­dé de com­men­cer ce tour d’ho­ri­zon. Kud­si Ergü­ner est un des meilleurs spé­cia­listes du ney, ce curieux ins­tru­ment taillé dans un roseau et dont on joue de manière oblique, en souf­flant en biseau dans son col éva­sé. Né à Diyar­bakır dans la Tur­quie kurde, il est désor­mais ins­tal­lé en France et ne cesse de faire décou­vrir cet ins­tru­ment qui est l’ins­tru­ment par essence de la Sema, la très célèbre céré­mo­nie de l’ordre Mev­le­vi dans laquelle on voit tour­ner les non moins célèbres der­viches. Le ney est joué ici beau­coup plus serei­ne­ment que dans ces céré­mo­nies, dans une atti­tude médi­ta­tive qui ne peut qu’ap­por­ter un cer­tain bien-être. A écou­ter les yeux fer­més, de pré­fé­rence en buvant un thé noir bien fort dans un verre tulipe…

Kudsi Ergüner

[audio:sinan.xol]

Sinan (Dans Le Makam Huz­zam) par Kud­si Ergüner
Ney, la flûte sacrée des der­viches tour­neurs (1995)

ℑ — Doğu din­leme n°2 : Mer­can Dede

Read more

Vision sombre d’un Stam­bou­liote sur sa ville

Vendeur de salep dans la lumière du matin - Vieux pont de Galata - Istanbukl - 1957

Ven­deur de salep dans la lumière du matin — Vieux pont de Gala­ta — Istan­bul — 1957

Le pho­to­graphe est l’es­clave du monde réel, et d’ailleurs c’est pour cette rai­son que je ne pho­to­gra­phie plus İst­anb­ul, parce que c’est de la merde (ou alors seule­ment si c’est une com­mande, pour prendre l’argent). J’ai assis­té à la des­truc­tion de la ville, j’ai vu le vieux cime­tière armé­nien, près de l’é­glise Notre-Dame-de-Sion, retour­né par les bull­do­zers pour éta­blir les fon­da­tions de deux hôtels, le Divan et le Hil­ton ; j’ai sui­vi les tra­vaux qui ont éven­tré la ville pour ouvrir la route de l’aé­ro­port ; en 1958, pen­dant la deuxième vague de démo­li­tion, j’ai vu d’é­normes machines, des dino­saures à moteur, écra­ser des mai­sons les unes après les autres. A cette époque, j’ai pho­to­gra­phié jour et nuit ce qu’on était en train de détruire. Avec les mai­sons, c’est un mode de vie qu’on a balayé. Quand j’é­tais enfant, les habi­tants pou­vaient être pauvres ou riches, mais il y avait des gens chics, des gens sym­pa­thiques, on sou­le­vait son cha­peau pour se saluer, main­te­nant ce ne sont plus que des pay­sans, İst­anb­ul a été conquis une seconde fois, nous sommes occu­pés par qua­torze mil­lions d’A­na­to­liens. Bien sûr, on me dit que les Otto­mans fai­saient déjà venir ce genre de pay­sans, mais ils ne les uti­li­saient que pour le métier des armes, les Stam­bou­liotes n’al­laient jamais à la guerre, ils se conten­taient sage­ment d’ap­plau­dir le départ et le retour de l’ar­mée. Il est arri­vé ce qui devait arri­ver ; les Ana­to­liens ont pris leur revanche. Aujourd’­hui, il n’y a plus un mil­liar­daire turc qui ne soit né en Ana­to­lie. C’est pour toutes ces rai­sons que je sors main­te­nant sans mon Lei­ca. D’ailleurs, il n’y a pas qu’İst­anb­ul, le monde entier s’en­lai­dit. Le béton gagne. Bien sûr que j’aime le Bos­phore, et les fumées des bateaux. Ces fumées, c’est la vie — c’est la guerre aus­si— oui, la guerre et la vie, et ces quais, c’est la porte sur un autre monde, nulle part au monde vous ne trou­ve­rez une ville où l’on change de conti­nent en cinq minutes.

Mosquée Süleymaniye Camii - Corne d'Or - Istanbul - 1962

Mos­quée Süley­ma­niye Camii — Corne d’Or — Istan­bul — 1962

Celui qui parle est un Stam­bou­liote pur jus, un pho­to­graphe émé­rite qu’on peut s’é­ton­ner d’en­tendre par­ler avec ces mots si durs à l’en­contre des Ana­to­liens et des pay­sans. Ce pho­to­graphe, c’est Ara Güler, celui que par­tout dans le monde on consi­dère comme le chantre d’Is­tan­bul, celui qui dit mieux que qui­conque au tra­vers de ses 800.000 cli­chés le pas­sé d’une ville depuis les années 50 jus­qu’à aujourd’­hui, même si, comme il le dit lui-même, il ne pho­to­gra­phie plus de la même manière parce qu’il a vu sa ville métamorphosée.
Ara Güler fait par­tie du club très fer­mé des mas­ters of Lei­ca et un très beau livre de ses pho­tos a été édi­té en 2009 aux édi­tions du Paci­fique, avec un texte admi­rable d’Orhan Pamuk. Ces mots si durs ont été recueillis par Daniel Ron­deau dans İst­anb­ul, NiL Edi­tions, 2002.
Les trois pho­tos de cet article pro­viennent du site de Mag­num.

Esplanade de la Yeni Camii - Eminönü - Istanbul - 1972

Espla­nade de la Yeni Camii — Eminönü — Istan­bul — 1972

Read more
Dans la vapeur blanche des jours sans vent (car­net de voyage en Tur­quie — 13 août) : Üçhi­sar, Göreme et les églises rupestres

Dans la vapeur blanche des jours sans vent (car­net de voyage en Tur­quie — 13 août) : Üçhi­sar, Göreme et les églises rupestres

Épi­sode pré­cé­dent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 12 août) : Retour à Anta­lya, en pas­sant par le Mont Chi­mère (Yanar­taş) et l’arrivée à Nevşehir

Bul­le­tin météo de la jour­née (lun­di) :

10h00 : 24°C / humi­di­té : 46% / vent 9 km/h
14h00 : 29°C / humi­di­té : 22% / vent 6 km/h
22h00 : 22°C / humi­di­té : 8% / vent 2 km/h

Turquie - jour 18 - Üchisar et Göreme - 003 - Üçhisar

Der­niers kilo­mètres sur la route qui mène à la Cap­pa­doce. Je viens de dépas­ser Aksa­ray (Saray : palais ; Ak : blanc) et je me dis que je n’ai fina­le­ment qu’une très vague idée de ce que je vais pou­voir décou­vrir ici. L’ar­ri­vée d’in­ter­net a ceci de confor­table qu’on peut com­men­cer à voya­ger avant même de par­tir, mais je dois confes­ser que je ne suis pas du tout dans cette optique. Je n’ai que quelques images floues de ce qu’est la Cap­pa­doce, des images que je ne tente pas de faire dur­cir plus que ça, tant j’ai envie de me lais­ser sur­prendre par l’é­cart entre le fan­tasme et la réa­li­té. Je ne fan­tasme qu’a­vec ce que j’en ai lu sur le Guide Bleu, mon com­pa­gnon de route et une fois encore, ce que donne à voir ou à ima­gi­ner ces guides ne sont qu’une vision très frag­men­taire et très éloi­gnée des émo­tions qui peuvent nous assaillir sur le ter­rain. J’a­voue être angois­sé, de la même manière que j’é­tais angois­sé lorsque je suis arri­vé à Anta­lya, pétri de doutes, apeu­ré par l’in­con­nu qui s’ouvre devant moi, sur la réserve lorsque je ne suis plus en ter­rain connu, prêt à me lais­ser vio­len­ter par ce qui m’at­tend. (more…)

Read more

Chro­niques turques par Mau­rice Pia­lat #6 — Peh­li­van (1963)

Der­nier volet de ces chro­niques turques (il me manque la der­nière, Pierres éparses) avec ce coup de pro­jec­teur osé sur les Peh­li­van, ces lut­teurs turcs qui pra­tiquent la lutte grais­seuse. Habillés de culottes de cuir noir (le kis­pet) et le corps enduit d’huile d’o­live, les lut­teurs se livrent à des com­bats res­pec­tueux où les mains glissent par­tout où elles peuvent et sou­vent sous la culotte pour de meilleures prises, pen­dant que sous les cha­pi­teaux sur­chauf­fés de jeunes femmes tzi­ganes dansent avec une har­diesse qu’on a peine à ima­gi­ner en terre d’is­lam. Lutte remon­tant à la nuit des temps, c’est une sur­vi­vance tra­di­tion­nelle des steppes mon­goles. Le fes­ti­val de lutte d’E­dirne dont il est ques­tion ici a été ins­crit au patri­moine cultu­rel imma­té­riel de l’hu­ma­ni­té de l’U­NES­CO en 2010.

Peh­li­van
de Mau­rice Pialat
France/1963/13′/35 mm (more…)

Read more

Chro­niques turques par Mau­rice Pia­lat #5 — Maître Galip (1964)

Cin­quième volet de la série des chro­niques turques de Mau­rice Pia­lat, cer­tai­ne­ment la pièce plus auda­cieuse esthé­ti­que­ment par­lant, et la plus triste aus­si. Racon­tée sur des poèmes de Nazım Hik­met, on y res­sent toute la mélan­co­lie d’Is­tan­bul que l’on appelle hüzün, le mal de vivre propre à la ville. Silen­cieuse et chao­tique, c’est une plon­gée dans l’Is­tan­bul des petites gens avec en sus, une céré­mo­nie étrange au début, avec ces petits gar­çons habillés de blanc qu’on vient de circoncire…

Maître Galip
de Mau­rice Pialat
France/1964/11′/35 mm
Avec la voix de André Rey­baz. (more…)

Read more