Épi­sode pré­cé­dent : Reflets du Danube: car­net de voyage à Buda­pest (jour 2)

Budavari SikloTroi­sième et der­nier jour. C’est le lun­di de Pâques. Je des­cends de ma chambre et vais pro­fi­ter du petit déjeu­ner pour me rem­plir avant de par­tir ; je n’au­rais peut-être pas l’oc­ca­sion de man­ger ce midi si ma prio­ri­té c’est d’at­tra­per l’a­vion. En res­sor­tant du res­tau­rant où je prends un petit déjeu­ner copieux, je me rends compte que je ne suis pas entré du bon côté, les deux jours, puisque par là où je sors, je me trouve face à une per­sonne qui comp­ta­bi­lise les entrées. Déci­dé­ment, je ne m’ha­bi­tue­rai jamais aux hôtels de luxe…
Ce matin, je vais à Buda, je tra­verse à pied les mêmes quar­tiers pour me rendre vers le Danube et reprendre le funi­cu­laire qui m’a­mè­ne­ra sur l’es­pla­nade. Il y a un lieu que je veux voir abso­lu­ment, c’est la très belle église Mat­thias (Mátyás-tem­plom ou Église Notre-Dame-de-l’As­somp­tion de Budavár) sur Szen­thá­rom­ság Tér.

C’est une église impo­sante de style gothique, mais qui a subi d’im­por­tantes res­tau­ra­tions pour lui rendre un bel aspect suite à de nom­breuses modi­fi­ca­tions au cours du temps. Lors de l’oc­cu­pa­tion otto­mane, elle fut même uti­li­sée comme écu­rie. On remar­que­ra que le superbe toit de tuiles ver­nis­sées n’a rien de gothique mais qu’il est stric­te­ment Art Nou­veau. Peu importe, il est tout de même magni­fique et c’est cela qui compte.

Budapest - jour 3 - 01 -  Mátyás-templom (Eglise Matthias ou Église Notre-Dame-de-l'Assomption de Budavár)

Sur la place à côté trône une très belle sta­tue (qu’on doit au sculp­teur Ala­jos Stró­bl à qui l’on doit éga­le­ment la très impo­sante fon­taine Mat­thias au châ­teau de Buda) du roi Etienne Ier qui fera de la Hon­grie un pays chré­tien au début du XIè siècle, une période comme tou­jours un peu sombre où l’on demande gen­ti­ment aux peuples indi­gènes d’a­ban­don­ner leurs croyances pour la rai­son et la véri­té… Mais ren­dons-lui tout de même grâce… Tout autour de l’é­glise, une gra­cieuse enceinte construite en pierre blanche et ponc­tuée de tours à toit conique (cha­cune des tours est dédiée à un des chefs de tri­bu magyars) per­met de s’a­don­ner à une pro­me­nade agréable avec un point de vue magni­fique sur la ville. L’en­semble date du début du XXè siècle et n’a donc jamais eu de réelle voca­tion défensive.

Budapest - jour 3 - 23 - Szent István-szobor (Statue de Saint-Etienne)

L’in­té­rieur de l’é­glise est lui une véri­table fête pour les yeux avec ses fresques poly­chromes qui sont une ode aux légendes magyares plus qu’un véri­table cours cano­nique de caté­chisme. Actuel­le­ment en res­tau­ra­tion, on peut voir que la plu­part des pans de murs ont déjà été sau­vés du déla­bre­ment et reprennent des cou­leurs réel­le­ment somptueuses.

Budapest - jour 3 - 07 - Mátyás-templom (Eglise Matthias ou Église Notre-Dame-de-l'Assomption de Budavár)

Budapest - jour 3 - 11 - Mátyás-templom (Eglise Matthias ou Église Notre-Dame-de-l'Assomption de Budavár)

Je ter­mine mon tour, après avoir bien pris mon temps, sur Tár­nok utca, où quelques jolies mai­sons sont ornées de pein­tures exté­rieures, comme le Tár­nok café. J’at­trape ensuite un de ces petits bus bleus qui me font pen­ser aux dol­muş turcs (à cette dif­fé­rence près que ces bus sont vrai­ment des bus et non des grands taxis) et qui me des­cend jus­qu’à Széll Kálmán tér. J’ai mis trois bonnes minutes à essayer de faire com­pos­ter mon ticket orange dans la machine avant qu’une petite dame ser­viable bien que pas très sou­riante ne me montre qu’il fal­lait appuyer sur le com­pos­teur en entier pour qu’il com­poste… Je l’ai remer­cié du regard et du sou­rire, mais elle était déjà par­tie se ras­seoir sans se retourner.

Budapest - jour 3 - 20 - Magyar Országgyűlés (Parlement)

Avant de reve­nir à l’hô­tel, je suis pas­sé par une supé­rette pour ache­ter quelques très bonnes bou­teilles de Toka­ji, un vin liquo­reux excellent qui fait la fier­té du vignoble hon­grois et qui défraya la chro­nique au niveau euro­péen puis­qu’une bataille d’ap­pel­la­tion s’est enga­gée avec les pro­duc­teurs de vin fran­çais qui, eux, pro­duisent le Tokay.
Je repasse à l’hô­tel où j’ai lais­sé ma valise et je fais deman­der un taxi qui se trouve qua­si­ment déjà devant l’hô­tel. Je jette un der­nier coup d’œil à l’a­ve­nue Erz­sé­bet utca, bai­gnée de soleil, altière sous son habit de pierre et je file vers l’aéroport.

Voir le dia­po­ra­ma com­plet sur Fli­ckr (25 pho­tos).

En guise de conclusion:
Après avoir cor­ri­gé une erreur de dates qui m’a été noti­fiée par un déli­cat com­men­taire et après la publi­ca­tion du der­nier volet, il fal­lait que j’ap­porte quelques pré­ci­sions sur ce modeste car­net de voyage.
Buda­pest et moi, avec ces trois petites jour­nées du week-end de Pâques, ce ne fut pas réel­le­ment une his­toire d’a­mour, même si je recon­nais que j’ai vu de très belles choses, comme je l’ai dit dans ces trois billets. Tou­te­fois, je pense que si j’é­tais res­té plus long­temps, à une autre période et si j’a­vais ten­té d’autres expé­riences, cela n’au­rait pas chan­gé grand-chose. Loin de moi l’i­dée de pré­tendre à ten­ter de décou­vrir la quin­tes­sence de la vie Hon­groise ou de Buda­pest en m’im­mer­geant du bout des doigts de pied trois jours dans la capi­tale et, mea culpa, en n’o­sant pas trop, pour une fois, sor­tir des sen­tiers bat­tus. Je n’ai jamais eu cette pré­ten­tion, ni cette envie, car je n’en atten­dais en réa­li­té pas grand-chose. Mal­heu­reu­se­ment, je n’ai pas eu le coup de foudre et si je reviens un jour à Buda­pest ce sera pour visi­ter la gale­rie natio­nale au châ­teau de Buda.
Il paraî­trait que Buda­pest est une des plus belles villes d’Eu­rope… eh bien je ne trouve pas, ce n’est pas ma posi­tion. Ce n’est pas un fait, mais une opi­nion, mon res­sen­ti. J’ai trou­vé la ville froide, dans ce que j’en ai vu. Quand aux gens que j’ai croi­sés, je ne les ai trou­vés ni cha­leu­reux, ni ser­viables, ni agréables, et tout ceci de manière géné­rale, ce qui n’est en rien une réa­li­té qui serait basée sur des faits scien­ti­fiques, mais voi­ci mon res­sen­ti. En même temps, je n’ai pas eu la chance de connaître tous les Hon­grois. J’en connais une, ravis­sante, qui est une per­sonne exquise…
Je com­prends que mes pro­pos puissent irri­ter la fier­té cocar­dière de cer­tains qui seraient tou­chés par mon opi­nion, mais je n’y peux rien, je ne peux pas men­tir et dire que tout s’est bien pas­sé. Si ce qui m’a dégoû­té de Paris ce sont les Pari­siens, les quelques Buda­pes­tois que j’ai pu ren­con­trer ne m’ont pas aidé à aimer leur ville. C’est comme ça.
L’i­mage que je donne de cette ville au tra­vers de ma maigre expé­rience est peut-être fausse, peut-être triste, mais ce n’est que du res­sen­ti, des impres­sions et en aucun cas ne sau­rait éri­ger une quel­conque véri­té à l’en­droit de cette ville.

Et puis disons-le, j’a­vais déjà (et encore) la tête à Istanbul…

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