Les photos de Nadav Kander sont un réel choc ; pas tant par sa technique mais par les histoires qu’il raconte. A contre-courant d’un Stephen Shore ou de l’Ecole de Düsseldorf que l’on peut parfois considérer comme des paysagistes (sans connotation négative), Kander parle de paysages au cœur duquel vivent les hommes et dans lesquels on les voit habiter les lieux, même si ce qui est représenté est à l’orée de l’ère post-industrielle, forcément déshumanisant.
Notamment dans sa série Yangtze, on a l’impression d’une Chine qui vend son âme sur l’autel de la technologie, du gigantisme et de l’industrialisation, des paysages de solitude dans lesquels malgré les cadrages larges, on y trouve des humains à l’étroit, ou mal placées.
God’s country est une série énigmatique et étrange, qui parle du désert américain et de sa solitude encore une fois.
Il y a toujours plus ou moins quelqu’un dans ses photographies, mais loin d’être un souhait d’animation de ces images, c’est toujours pour rappeler — car même lorsqu’il n’y a personne, la présence humaine est évoquée — que ce sont histoires de gens que racontent les lieux de désertion.
Ces images ont un quelque chose d’apaisant que j’aime tout particulièrement, même sans me pencher sur leur histoire.
J’avais consacré un billet au cinéaste italien Antonioni dans lequel j’opérais un rapprochement entre sa vision post-industrielle des plaines du Pô et celles de photographes plus contemporains sur cette Chine en pleine mutation.
http://leclownlyrique.wordpress.com/2009/08/13/quand-antonioni-nest-plus-%C2%AB-ennemi-de-la-chine-%C2%BB/
Moi qui connais mal Antonioni, ça m’a fait une belle occasion. Décidément, j’adore ce que tu fais…