On dit de l’Aphrodite de Cnide qu’elle est la première représentation nue d’une femme en Occident. Plus qu’une statue en particulier, c’est un modèle de statues posant dans un style à part, défini par le sculpteur Praxitèle dans un mouvement de modernisation des canons de Polyclète. Il existe plusieurs de ces Aphrodite, la plus connue étant l’Aphrodite Braschi conservée à la Glyptothèque de Munich. Ce type de statue montre un appui sur la jambe droite comme dans toute la statuaire du second classicisme, une plastique généreuse et réaliste mettant en avant les plis sensuels de la peau, une torsion de la ligne des épaules qui n’est pas parallèle à celle des hanches, la main gauche tenant un vêtement et la droite cachant son sexe — la main placée devant son sexe, l’a-t-on cru longtemps, désigne le sexe plutôt qu’elle ne le cache, car en effet, le fait de désigner signifie que c’est Aphrodite, déesse de la beauté, de la féminité et de la fécondité.
Selon la légende, Praxitèle exécuta deux mêmes copies, l’une nue, l’autre dite pudique. La première fut vendue à la ville de Cnide (en Turquie), l’autre à Cos. Avec cette statue, c’est à la fois l’histoire de l’art, des mœurs et de la sensualité qui fait un bond énorme…
Photo © Virtuelles Antiken Museum
de l’Archäologisches Institut Göttingen
Superbe.
Attends, tu n’as pas vu la prochaine !
Tu sais je travaille très modestement dans un atelier de sculpture depuis plusieurs années, j’aime bien et l’ambiance est studieuse et sympa. Là je suis en recherche d’inspiration sur un prochain modèle, je viens de finir ma dernière patine. J’avais dans l’idée d’attaquer un beau buste greco-romain mais quand je vois la beauté de ces statues, c’est une sacrée gageure.… (je ne travaille que la terre). J’avais dans l’idée de faire un pied sinon… :p
J’ai fait la même chose quand j’étais un peu plus jeune, je travaillais avec deux maîtres vietnamiens qui m’ont appris tout ce que je sais aujourd’hui sur le modelage et la sculpture (c’est fou, j’avais écrit un texte dessus, impossible de le retrouver) et lorsque je devais pendant de longues heures reproduire des bustes classiques à souhait et que je me disais “bon dieu, c’est tellement classique tout ça” et Dien, mon maître me disait avec son accent terrible et son bec de lièvre “ces femmes sont les plus pures de l’humanité !! Reproduis-les et tu sauras ce qu’est une femme, après tu pourras te permettre de comprendre comment on en arrive à styliser”… Il avait raison le bougre !
Ayé, j’ai retrouvé, c’est sur l’ancien blog, le blog au 1500 billets 🙂
http://emptyquarter.theswedishparrot.com/le-douzieme-jour
Superbe billet ce douzième jour 🙂
Pfiouuuu, t’es un sacré blogger dis donc…
Ca me rappelle ma seule et unique expo à Paris, il y a très longtemps… Les hôtesses avaient des pinceaux dans les cheveux, et la foule se pressait au buffet, normal c’était Lefranc&Bourgeois qui régalait.
Moi, j’avais terminé 2ème d’un concours national. Le 1er prix était terminé au stylo bille, oui, oui, ils avaient primé du stylo bille… :’(
ce qui m’a toujours frappée dans la statuaire grecque (pardonnez mon inculture, je n’y connais rien et je n’ai jamais eu de maîtres en terre glaise, moi) (je saurais à peine faire un moche cendrier), c’est le contraste entre les corps très sensuels, détaillés, sublimes de ces femmes figées et leurs visages toujours tellement fades, raides. Elles ont l’air de s’emmerder, avec leurs mâchoires carrées, leurs nez parfaitement droits et ennuyeux, leurs lèvres trop fines et closes. Des visages faux mille fois copiés, androgynes et franchement, à mes yeux, inintéressants.
Le visage est l’apanage des vivants 🙂
> Fabienne : Dans l’art grec, à l’époque classique (Ve-IVe), les dieux étant les maîtres de tout, ne sont pas soumis à la sentimentalité et ne peuvent donc l’exprimer. L’ attitude inexpressive des visages fait suite au sourire archaïsant qui disparaît alors complètement. Pourquoi ce passage dans le visage ? On pense aujourd’hui que tout doit tourner autour des guerres médiques (490–480). A ce moment là, après ces importantes guerres et batailles, se développe chez les Grecs et à commencer par les Athéniens, un sentiment de supériorité parce qu’ils ont vaincu l’immense empire perse. C’est donc un peuple qui n’est plus vraiment du monde des mortels mais qui se rapproche des dieux… Les Grecs se veulent cette maîtrise et l’expriment dans leur art.