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Qu’y-t-il entre deux états de la matière ? L’é­tat de la matière existe-t-il seule­ment ? Qui peut dire exac­te­ment à quel moment l’eau sous l’ac­tion du feu se trans­forme-t-elle en vapeur ? Le car­té­sien dira que c’est à 100°C pré­ci­sé­ment, mais que cela varie en fonc­tion de la pres­sion atmo­sphé­rique. Le pru­dent occi­den­tal dira qu’il ne sait pas vrai­ment, peut-être lors­qu’on com­mence à voir les pre­mières volutes de fumée flot­tant à la sur­face de l’eau bouillante, et qu’il a cer­tai­ne­ment d’autres chats à fouet­ter. Le fou (pour qui ?) dira que la vapeur est déjà conte­nue par essence dans l’eau, que l’eau est un deve­nir vapeur… L’a­sia­tique dira cer­tai­ne­ment que tout est dans tout et que l’eau se trans­forme en vapeur lorsque l’eau a déci­dé de ne pas res­ter eau et de deve­nir vapeur, que les états sont mou­vants, sou­mis à caprices, et que rien ne reste dans l’é­tat dans lequel il est (déjà c’est une erreur de dire cela si l’é­tat n’existe pas…), qu’il est pris dans un tour­billon de trans­for­ma­tions et que son être prend racine dans la… transition…

Quelle drôle d’i­dée pour toi le Grec, le Fran­çais qui vit dans cette grande civi­li­sa­tion née de la démo­cra­tie athé­nienne. Un écri­vain (Charles Dant­zig, pour ne pas le nom­mer) disait qu’à part les Grecs, les Fran­çais étaient cer­tai­ne­ment les gens les plus désa­gréables au monde, fait cer­tai­ne­ment dû au haut degré de civi­li­sa­tion, ce qui exempte de faire de efforts pour bien se comporter…

Il m’au­ra fal­lu du temps pour opé­rer cette trans­for­ma­tion en moi, cette trans­for­ma­tion qui m’a fait me déga­ger d’un cer­tain nombre d’in­cer­ti­tudes ter­ribles qui ne me menaient nulle part. Aujourd’­hui, je remets les choses à plat. Il y aura plus de moi ici, plus de ce que je suis, plus de ma vie au quo­ti­dien, parce que je sens que c’est ici que les choses se passent. Les 55 jours de Pékin ne m’ap­portent rien, et je recentre tout ici.

Thanon Bamrung Muang - Bangkok - Thaïlande - août 2013

Tha­non Bam­rung Muang — Bang­kok — Thaï­lande — août 2013. Loca­li­sa­tion pré­cise de cette pho­to sur Google Maps.

Dans ma tête, le che­min est amor­cé aus­si, tout se trans­forme. Antoine Lavoi­sier disait ça non ? Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se trans­forme. Et pour­tant, il n’a­vait jamais lu Fran­çois Jul­lien et il n’a­vait pas non plus de quel­conques ori­gines asia­tiques. Enfin, pas que je sache… En fait, non, ce n’est pas lui qui disait ça, il n’a fait que refor­mu­ler la maxime d’A­naxa­gore de Clazomènes :

Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà exis­tantes se com­binent, puis se séparent de nouveau

Alors les Routes Croi­sées réap­pa­raissent ici, comme par enchan­te­ment. J’ai réus­si à récu­pé­rer quelques pho­tos de Bang­kok pro­ve­nant de mon Spro­cket Rocket, que je vais pou­voir dis­til­ler dès lors que je les aurais recons­ti­tuées. Il va me fal­loir les pas­ser au scan­ner, plu­sieurs fois pour récu­pé­rer les per­fo­ra­tions qui sont nor­ma­le­ment elles aus­si impri­mées, les super­po­ser, les cor­ri­ger. Pas évident mais c’est mal­heu­reu­se­ment le seul moyen que j’ai de les exploiter.

On dirait que c’est reparti.