Après avoir négo­cié le prix du taxi à la jour­née (je n’ose même pas ima­gi­ner le prix d’un taxi à la jour­née à Paris ! Déjà qu’à la minute c’est hors de prix !) avec l’hô­tel, je dis au chauf­feur le pro­gramme que je me suis concocté.
Mal­heu­reu­se­ment, en cours de route, j’ai enle­vé une étape, de peur de ne pas pou­voir tout faire.

J’ai vou­lu com­men­cer par Goa Gajah, la caverne de l’é­lé­phant. C’est un temple qui a été redé­cou­vert il y a quelques années seule­ment et qui remon­te­rait au Xème siècle. Sur l’es­pla­nade, un bas­sin dans lequel on des­cend pour saluer six sta­tues des­quelles jaillit un jet d’eau avec lequel il faut s’as­per­ger le visage pour res­ter jeune éter­nel­le­ment ; j’ai évi­dem­ment sacri­fié au rituel. La caverne, elle, ren­ferme une très ancienne sta­tue d’é­lé­phant ain­si que les trois lin­gams rituels de l’hin­douisme repré­sen­tant Vish­nu, Brah­ma et Çiva. Dans une atmo­sphère lourde et moite, brûle un encens purificateur.
En contre­bas dans la val­lées, un ébou­le­ment de pierres sculp­tées monu­men­tales dans une cas­cade, au pied d’un arbre sacré, enrou­lé d’un mor­ceau de tis­su et éten­dant ses immenses racines par­tout autour de lui.

Je suis ensuite allé aux sources sacrées de Tam­pak Siring, où tout devient très sérieux. Il faut mettre en plus du sarong, une cein­ture orange ou jaune autour de la taille. On vient ici faire une offrande et se bai­gner ensuite dans le bas­sin sous les jets d’eau. Hin­dous et moins hin­dous viennent faire leurs liba­tions dans une eau pure qui pro­vient d’un bas­sin der­rière, duquel on peut voir l’eau jaillir de la terre dans un gros bouillon­ne­ment élo­quent. Le lieu est empreint de mys­tère et on sent la fer­veur d’un peuple qui adore sa terre et ses bien­faits. Un jeune homme très beau et très grand, tout revê­tu de blanc est caché sous un para­sol en train de prier en fai­sant tin­ter une clochette.

Der­nière étape de mon tour d’au­jourd’­hui, Gunung Kawi, avec son temple creu­sé dans les parois de la falaise, des deux côtés de la val­lée. On y accède par un che­min creu­sé dans le rocher et après avoir des­cen­du près de 250 marches. Le lieu est réel­le­ment magique, autour de la rivière. On peut visi­ter un temple construit juste devant un monas­tère creu­sé dans la roche, où on peut voir des cel­lules de moines datant du XIème siècle. Un endroit très solen­nel, on ne croise pas grand-monde. En sor­tant de la ville, devant les mai­sons brûlent des feux de feuilles et de bois encore humide, plon­geant ain­si la ville en cette fin de jour­née dans un brouillard épais et un peu mys­tique pour tout dire. Une fille apprend à jouer du xylo­phone en bam­bou dans la cour d’une mai­son, et la jour­née touche à sa fin, tendrement.

La route du retour passe au tra­vers des rizières et des allées de temples dans les­quels vivent des familles en entier. Cer­tains temples sont entiè­re­ment construits dans cette pierre noire issue des volcans.

La nuit arri­vée je reste lon­gue­ment à écou­ter le chant des gre­nouilles et des cra­pauds dans les rizières, avec la com­pa­gnie d’autres ani­maux dont je ne connais ni la forme, ni le nom, mais qui, c’est cer­tain, sont bien les hôtes de ces lieux…