L’homme était his­to­rien et fait par­tie du patri­moine natio­nal turc. Il par­lait comme nul autre de sa ville, de son pays et déci­da un jour d’é­crire une ency­clo­pé­die sur la ville qui l’a­vait vu gran­dir. Reşat Ekrem Koçu y est né alors que la Tur­quie est encore otto­mane et vivra l’a­vè­ne­ment du kéma­lisme pen­dant ses jeunes années. C’est Orhan Pamuk dans son roman de sou­ve­nirs İst­anb­ul qui a redon­né ses lettres de noblesses à ce petit-fils de pacha qui a pas­sé une grande par­tie de sa vie à recueillir dans les jour­naux ce qui fai­sait le suc de sa vie et a ten­té de le col­lec­ter dans cette gigan­tesque œuvre. C’est tou­te­fois une İst­anb­ul déca­dente et en per­di­tion qu’il dépeint, c’est la ville de la fin d’un empire et c’est la rai­son pour laquelle son œuvre est empreinte d’une sourde nos­tal­gie, ce sen­ti­ment unique de ver­tige et de dou­leur mélan­co­lique que l’on ne res­sent qu’à İst­anb­ul, le hüzün.
A l’o­ri­gine, ce pro­jet tita­nesque aurait pu tenir en qua­rante ou cin­quante volumes, mais il ne réus­sit à en écrire que onze, et n’y par­vint qu’en vivant dans la misère jus­qu’à la fin de sa vie, per­clus de dettes, rui­né. Koçu était homo­sexuel et vivait très mal cet état de fait dans l’İst­anb­ul qui était la sienne ; com­bats de rues, ragots et his­toires sor­dides d’as­sas­si­nats et de tor­tures émaillent son œuvre téné­breuse, mais pas autant que ses longues des­crip­tions des jeunes hommes ren­con­trés dans les rues et dont il n’a­vait de cesse de dépeindre la beauté.
Il ne par­vint qu’à rédi­ger son ency­clo­pé­die que jus­qu’à la lettre G. Retrou­vez ici les 5 pre­miers tomes de cette İst­anb­ul Ansik­lo­pe­di­si.

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