Apr 9, 2013 | Arts |
Voici un très beau tableau d’un peintre polonais parfaitement confidentiel et tout aussi parfaitement académique, Henryk Siemiradzki. Si on le connait si peu, c’est que la majorité de ses œuvres sont exposées en Russie, en Ukraine et en Pologne. Les scènes qu’il se plaît à peindre sont pour la plupart des scènes bibliques ou de l’Antiquité, dans un style généralement assez plan-plan. Mais parfois, on trouve des petits trésors, des coups de génie venus de nulle part, qui vous font vous arrêter et regarder plus attentivement.
C’est l’effet que m’ont fait ces lumières diffusées par les lampes à huile de ces Romains débauchés sous un ciel de soir tombant, toute une gamme de variations de couleurs dégradées par la distance et les différents points de vue. Un tableau qui, malgré son sujet, est d’une véritable beauté, d’une grande maîtrise technique.
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Mar 31, 2013 | Arts |
Voici un peintre tout à fait fascinant mais dont malheureusement le nom ne fait pas partie du Gotha : Vasili Dimitrievich Polenov (1844 — 1927) — Поленов Василий Дмитриевич.
Élu membre de l’Académie impériale des beaux-arts en 1883, il faisait partie auparavant du mouvement des Ambulants, mouvement exactement en réaction avec l’institution dans laquelle il professa par la suite. S’il s’installa avec sa famille sur les rives de la rivière Oka (affluent de la Volga la rejoignant à Nijni Novgorod), on trouve beaucoup de ses peintures ayant pour thèmes quelques scènes de la Bible, ainsi que des paysages de Palestine, d’Égypte, du Liban ou de la Grèce. On voit clairement au vu de son traitement de la lumière comment il a réussi à capter deux façons différentes dont la lumière s’étale sur les paysages. Le pan de son œuvre européenne dénote clairement avec son œuvre orientale, ce qui en fait à mon sens un peintre particulièrement sensible, d’une grande expressivité. La diversité de ses sujets est proprement incroyable, passant de sujets très académiques à des scènes de rues ou des scènes paysannes ; c’est là à mon sens une caractéristique de la peinture russe de cette époque. On trouvera dans ces œuvres aussi bien des aquarelles fines que des huiles légères, vaporeuses, dont le traitement de la lumière est toujours très subtil. Voici ci-dessous 38 de ses œuvres. (more…)
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Feb 18, 2013 | Arts |
Ce crucifix exposé dans l’ancien théâtre des Médicis de la Galerie des Offices est un tableau remarquable, remarquable par sa taille (250 cm de haut), et la richesse de son décor doré, mais aussi par les motifs peints pour évoquer la croix. On distingue huit scènes différentes de la Passion du Christ, comme par exemple la Flagellation ou Jésus devant le Sanhédrin qui est loin d’être le thème le plus commun de l’iconographie chrétienne. On remarquera également la finesse avec laquelle est peint le perizonium (pagne) du Christ et avec quelle complexité il est noué, mais surtout la technique du cloisonnage qui permet de séparer les couleurs par un trait épais, différente du reste du traitement avec lequel le corps du Christ est peint. Les stigmates sont représentés avec du sang coulant doucement des plaies (sauf pour le stigmate du flanc) et le visage peint avec une forte intensité dramatique, ce qui n’est pas forcément le cas avec les crucifix contemporains de celui-ci, généralement beaucoup plus sobres.
Détrempe sur bois — Galerie des Offices
250 x 200 cm — peint vers 1230–1250
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Feb 10, 2013 | Arts, Livres et carnets |
Cette page est extraite d’un livre nommé Liber agregà de Serapion, composé au XIVème siècle à la demande d’un petit comte, le Comte Carraresi (Francesco Novello da Carrara). Le livre lui-même est un herbier officinal composé par un médecin venu d’Orient au IXème siècle, Yahya ibn Sarafyun (Yuhanna ibn Sarabiyun, Jean fils de Sérapion), un chrétien de culture syriaque. La particularité de ce texte est d’avoir été traduit dans la langue vernaculaire vénitienne depuis le latin, ce qui constitue une rareté pour un ouvrage enluminé du XIVème siècle ; de plus il témoigne des échanges culturels entre Padoue et Venise, mais en plus de la circulation des écrits entre le monde oriental et le monde occidental. Celui qui illustra les pages de ce traité d’herboristerie, un Maître padouan, était un fin connaisseur de son sujet et pas un simple exécutant ; la preuve en est, ce superbe liseron des haies (Calystegia sepium), presque plus vrai que nature.
Le manuscrit est conservé à la British Library, sous le nom Egerton 2020 et disponible à la consultation en partie.
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Jan 19, 2013 | Arts |
Sur la lagune de Venise se trouve une petite île que personne ne va visiter parce que ce n’est qu’un endroit périphérique des grands parcours touristiques. Pourtant, on connait son nom, ou tout au moins on en a déjà entendu parler : Torcello. La particularité des îles qui composent l’archipel de Venise c’est de n’être pas tellement plus haut que le niveau de la mer qui vient lui lécher les pieds et c’est alors ce qu’on voit tous les ans (ou deux fois par an, puisque cela arrive au moment des équinoxes) aux journaux télévisés comme une ritournelle, l’acqua alta. Les Italiens ont un don pour nommer les choses de la manière la plus simple qui soit. Quand l’eau monte, l’eau devient haute… C’est tout.
De cette petite île, Torcello, dépasse un campanile carré surplombant une cathédrale dont on se demande finalement ce qu’elle fait là puisque l’île n’abrite plus que quelques habitants, tandis qu’au Xème siècle elle voyait sa population s’élever à plus de 10 000 habitants. La façade de ce bâtiment révèle qu’il date de la période romane, et même, puisque nous sommes en Italie, de la période byzantine si l’on en croit l’inscription qui fait remonter son origine à 639. A l’intérieur se trouve le cul-de-four de l’abside, une demi-couple décorée d’une mosaïque absolument somptueuse datant du XIIè-XIIè siècle, parée d’or, représentant dans un espace assez grand la Vierge à l’enfant (Theotokos, mère de Dieu, et Odigitria, qui montre la direction) entourée du monogramme qui est le sien (MP ΘY). La figure de la Vierge est surplombé par une Annonciation au-dessus du cul-de-four, l’Ange Gabriel à gauche, la Vierge à droite. Sous les pieds de la Vierge, les douze apôtres marchant sur un parterre de coquelicots. Comme toutes les fleurs rouges, celle-ci en particulier est symbole du sang du Christ versé pour les hommes.
Dans la cathédrale se trouvent d’autres mosaïques très belles, finement exécutées, notamment celle du Jugement Dernier, mais celle-ci a la charme de sa taille, impressionnante et tend à nous faire savoir si on l’avait oublié que l’histoire de Venise a de tout temps été tournée vers l’Orient et se place sur le même plan que de l’art de Byzance. Promenez-vous dans Venise et vous verrez que nous sommes aux portes de Constantinople…
Pour en savoir plus : Les peintres de Venise, Enrico Maria dal Pozzolo, Actes Sud.
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