Feb 14, 2012 | Arts, Histoires de gens |
Pilier d’Ashoka de Lauriya Nandangarh
Ashoka (ou Açoka, अशोक en hindi), troisième empereur de la dynastie Maurya qui s’est installée en Inde juste après le retrait des armées d’Alexandre le Grand, est un des personnages les plus importants de l’histoire de l’Inde car il est considéré comme le premier fédérateur de l’état, autrefois composé de petites principautés. Au IVème siècle av. J.-C., il réussit à instaurer une certaine stabilité dans le royaume et fait graver sur des rochers et des piliers disséminés dans le pays les lois qui gouvernent son pays, ainsi que des récits de conversion au bouddhisme dont il est un des grands prosélytes. Ashoka a laissé son empreinte dans le territoire au point que son emblème se trouve aujourd’hui au cœur du drapeau du pays, dans le symbole du dharmacakra (धर्मचक्र en sanskrit), un des huit symboles auspicieux, représenté par une roue de chariot symbolisant l’enseignement de Bouddha sur le chemin de l’éveil. Le plus célèbre des piliers d’Ashoka est celui de Sārnāth (hindî : सारनाथ), dont il ne reste plus aujourd’hui que le chapiteau, surmonté d’une fleur de lotus renversée (symbole de le vie naissante et fertile) sur lequel repose un abaque ornée de quatre dharmacakra espacés par des petits animaux représentant les quatre points cardinaux. Au-dessus de cet abaque se trouvent quatre lions représentant les quatre vertus du bouddhisme.
Tous les piliers ne sont pas décorés avec autant de détails et pour certains, les (ou le) lions sont manquants. Le plus étrange est assurément celui de Mehrauli qui, malgré sa composition en fer, ne porte aucune trace de corrosion. (more…)
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Mar 13, 2011 | Architectures, Arts |
Dans la ville d’Agrâ, connue pour abriter sur son territoire le superbe Taj Mahal, se trouve un élégant bâtiment de marbre blanc flanqué de quatre tours hexagonales d’environ treize mètres de haut, bâti sur un socle carré posé sur la rive gauche de la rivière Yamunâ. Ce mausolée, construit par la fille de Mîrzâ Ghiyâs Beg (grand-père de Arjumand Bânu Begam, plus connue sous le nom de Mumtâz Mahal), qui avait pris le titre de pilier de l’état (Itimâd-ud-Daulâ — اعتماد الدولہ کا مقبرہ) au dix-septième siècle, est considéré comme le premier exemple d’architecture moghole(1). On estime souvent qu’il est le brouillon du Taj Mahal dans richesse ornementale et la beauté du bâtiment est soutenue par les jalis(2), des écrans de marbre finement ciselés conférant à l’intérieur une ambiance fantomatique lorsque la lumière y pénètre et par l’inclusion de pierre semi-précieuses dans les panneaux de marbre blanc à la finesse remarquable.
Localisation du mausolée d’Itimâd-ud-Daulâ sur Google Maps.
Notes:
1 — Le peuple moghol descend de Tamerlan, de tradition turco-mongole et persanisé
2 — Le jali le plus célèbre est celui de la mosquée Siddi Saiyyed à Ahmedabad, au Gujarat. C’est une version indienne du moucharabieh (mašrabīya, مشربية) arabe.
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Mar 13, 2010 | Histoires de gens, Sur les portulans |
C’est la fête qui marque l’équinoxe de printemps chez les Hindous. En Inde, on participe activement à Holî en se barbouillant de pigments, dans une débauche de couleurs démesurée. Chaque couleur a une signification: le vert pour l’harmonie, l’orange pour l’optimisme, le bleu pour la vitalité et le rouge pour la joie et l’amour (source Wikipédia). De splendides photos sur Big Picture.
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Dec 6, 2009 | Histoires de gens, Sur les portulans |
Tahir Shah au cours de sa quête initiatique rencontre Mr Krishnan qu’on lui désigne comme étant l’homme le plus riche du monde. Évidemment, dit comme ça, ça peut prêter à sourire car on ne s’attend évidemment pas à trouver ce personnage éminent dans les bas-fonds de Bangalore. Tahir va donc à la rencontre de cet homme le plus riche du monde, une homme ridé d’à peine un mètre soixante enveloppé d’une couverture beige rapiécée, un milliardaire sans le sou.
Photo © NZ Dave
Mr Krishnan raconte alors sa terrible histoire à Tahir Shah. Né dans une famille de fermier, on lui apprit très tôt qu’il était en fait descendant des rois de Vijayanâgara, et afin de vénérer la mémoire de ces ancêtres, on vouait un culte à quelques vieux objets entassés dans une pièce spéciale de la maison et qui se transmettaient de génération en génération. Mr Krishnan épousa la carrière terne de juriste et se maria, eut quatre enfants et au terme de trente-deux ans d’activité dut mettre un terme à sa carrière en raison d’une santé fragile. Peu porté sur les choses de la religion, Mr Krishnan avait mis au rebut son butin ancestral et sur les injonctions de sa femme, se décida à faire don de ses objets à de bonnes œuvres religieuses, mais devant les tracasseries administratives que cela engendrait, il se résolut à tout garder. Enfin, un soir, il s’intéressa d’un peu plus près à quatre lingots de forme oblongue, recouverts de suie et de crasse, se disant que c’était peut-être de l’or. Alors il se mit à gratter, à frotter, à récurer et découvrit des objets de couleur vive. Pendant deux ans, l’homme étudia la minéralogie et la gemmologie de peur de se faire rouler par le premier margoulin à qui il demanderait une estimation. Il en vint à la conclusion que les lingots étaient en fait trois énormes rubis roses et un saphir absolument colossal qui avaient traversé les âges sous leur épaisseur de crasse. La possession de ces énormes pierres ne fit qu’aggraver l’état de santé de l’homme déjà malade mais il fit tout de même tailler les pierres par une personne de confiance, et finit par en révéler l’existence.
Le premier rubis faisait 215 carats, le second 650, taillé dans une pierre qui à l’origine en faisait 1125. Le troisième, une fois taillé s’annonçait à 2475 carats. Le volume et la rareté de la pierre fit porter l’estimation de son prix à plus de 24 milliards de livres sterling. Le saphir quant à lui, faisait 1370 carats et son estimation atteignait les 3 milliards de livres.
B. Krishnan allait marier ses filles et vivait dans un appartement à cent cinquante roupies par mois, mais d’argent il n’avait point, car si la somme colossale qu’il possédait par devers lui faisait de lui un homme bien plus riche que le sultan du Brunei ou Bill Gates, personne au monde ne peut s’offrir la plus petite de ses pierres, ce qui ne lui permet pas de payer la dot de ses filles.
Photo © Susanne Stoop
A l’autre bout du monde(1), en Belgique se trouve une rue, le long de la voie ferrée aux abords de la gare d’Anvers, une petite rue sombre et poussiéreuse, sans charme, portant le doux nom de Pelikaanstraat. C’est le quartier des diamantaires dont la plupart sont des hassidims ou des Indiens. Mine de rien, c’est la rue la plus chère du monde. Ici l’argent tient à peu de choses et le chiffre d’affaire annuel s’élève à plus de 28 milliards de dollars.
Le mois dernier, Arte a diffusé un documentaire appelé le trésor de la famille Atkin(2), diffusé après Monsieur Klein(3). C’est le genre d’histoire sur laquelle on tombe un peu par hasard et qui séduit tout de suite par le ton sur lequel l’histoire est racontée. Mark Atkin arrive à Lodz en Pologne, et retrouve la propriété de son grand-père, un industriel qui a fait fortune dans le caoutchouc. En 1939, il est obligé de quitter sa maison à cause des nazis et enterre dans son jardin, dans une baignoire, quelques uns de ses plus beaux objets. Dans sa maison, il cache son argent, des objets de valeurs dans les parquets, dans les murs…
Photo © Stan Baranski
Il confie ce secret à son fils qui le confie lui-même à son fils, Mark, lequel revient et retrouve la maison. Il offre le voyage à son père et commence à creuser le jardin de la propriété. Mais l’armée débarque et menace de les faire enfermer. La maison du grand-père de Mark est désormais sous le contrôle de l’armée polonaise qui y a installé ses laboratoires secrets. Autant dire que l’accès en est impossible, alors commence le bal des démarches administratives car Mark aimerait ne serait-ce que pouvoir entrer dans la maison. Il arrive à faire intervenir le maire, en vain…
C’est une incroyable chasse au trésor qui s’engage au beau milieu des tracasseries administratives d’un pays qui semblent encore vivre à l’époque du rideau de fer… Tout semble perdu face à l’armée lorsque l’avocat de Mark lui apporte une bonne nouvelle ; la famille est toujours propriétaire de la maison. Sa famille et lui pourront pénétrer dans la maison…
Tahir Shah est un drôle de personnage. Ethnologue, fils de Sayed Idries Shah, le jeune Tahir passe une partie de son enfance avec un Afghan, Hafiz Jan(4), un grand type à la peau brune parcheminée, ne quittant jamais son turban, un personnage sombre dont la malle contient toutes sortes de poudres, de philtres et d’instruments et qui intriguent l’enfant. Les deux hommes deviennent complices et Tahir supplie Hafiz de lui apprendre la sorcellerie, comment avaler un sabre ou marcher sur des braises, ou encore donner l’impression qu’un couteau traverse la peau sans que la moindre goutte soit versée. Le jeune Tahir fait alors son apprentissage de jeune sorcier, d’illusionniste (Jadoowalla) avec le vieil homme jusqu’au jour où une démonstration tourne mal et manque d’envoyer les deux hommes au royaume des ombres. Hafiz Jan fait alors sa malle et décide de retourner dans son pays.
Des années plus tard, Tahir prendra la route et ira retrouver le vieil Afghan pour lui demander de terminer son éducation de magicien, mais celui-ci refusera, gardant en mémoire l’événement qui faillit les tuer, et lui donne le nom de celui qui lui a tout appris, le terrifiant Hakim Feroze. L’apprenti sorcier raconte cette initiation dans un pays, l’Inde, où posséder des dons de magicien, où illuminer les foules par des exploits fondés sur l’illusion est une question de pouvoir. Hakim Feroze est un personnage très étrange, avenant, charismatique et très cultivé, et à partir du moment où Tahir Shah aura réussi à le convaincre de reprendre du service pour mener à bien son éducation d’illusionniste, il se montrera d’une exigence frisant la tyrannie, d’une cruauté qui ne souffre aucune incartade. Le dernier stade de l’apprentissage de Tahir consiste à sillonner l’Inde à la recherche de ces «choses exceptionnelles» qui sont l’arrière-cour de ce pays que nous ne connaissons pas sous cet angle. Un livre incroyable dans lequel on découvre les métiers les plus improbables parmi lesquels de cruels Thugs, des nettoyeurs d’interstices de lames de plancher, des loueurs de bébé et de terrifiants Konkalwalla — des voleurs de cadavres qui les font bouillir, les nettoient puis vendent les squelettes pour les cours de biologie.
L’apprenti sorcier, Tahir Shah,
Editions de Fallois
Notes:
(1). Je ne pensais pas un jour pouvoir me rapporter à une chronique du Point.
(2). Qu’on peut encore voir sur le site internet d’Arte.
(3). Peut-être le seul bon film d’Alain Delon, avec également William Wilson, de Louis Malle, dans les histoires extraordinaires.
(4). Hafiz Jan est le gardien du tombeau des ancêtres de Tahir Shah.
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