Lun­gar­no e Oltrar­no – Car­net de voyage à Flo­rence 5 – La croix et l’étoile

Lun­gar­no e Oltrar­no – Car­net de voyage à Flo­rence 5 – La croix et l’étoile

Épi­sode pré­cé­dent : Lun­gar­no e Oltrar­no – Car­net de voyage à Flo­rence 4 – L’errance

Flo­rence est une ville qui per­met qu’on se perde sans avoir peur, sans craindre quoi que ce soit. Je ne sais pas ce qui pour­rait être le pire à Flo­rence. Ce midi là, en sor­tant du res­tau­rant, l’es­to­mac gon­flé de pro­duits du crû, l’air un peu per­du et absent, encore un peu absor­bé par les vapeurs du spu­mante, je passe par la Piaz­za del­la Signo­ria et je m’é­clipse dans les petites rues. Je n’ai aucun but pour cet après-midi, rien de spé­cial, quelques idées qui traînent ça et là.
Je me retrouve au pied de la Badia fio­ren­ti­na dans laquelle je suis entré la veille pour retrou­ver cette impres­sion de paix qui m’a sai­si. La lumière entre par des fenêtres hautes qui donne au lieu une touche irréelle, quelque chose du divin qui vien­drait s’in­ter­po­ser entre l’é­glise et moi. Je m’as­sois là quelques ins­tants pour goû­ter ce silence qui n’existe nulle part ailleurs sur terre.

Florence - jour 2 - 063 - Badia fiorentina (more…)

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Lun­gar­no e Oltrar­no – Car­net de voyage à Flo­rence 4 – L’errance

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Épi­sode pré­cé­dent : Lun­gar­no e Oltrar­no – Car­net de voyage à Flo­rence 3 – Le feu et la glace

Je me réveille à 3h00 du matin comme avec la gueule de bois, la bouche sèche et une grande envie de boire. Je soup­çonne que ce soit la piz­za arro­sée au Chian­ti qui ait bous­cu­lé mes habi­tudes culi­naires, alors j’es­saie de me ren­dor­mir et je me réveille à nou­veau deux heures plus tard en ayant l’im­pres­sion de n’être pas du tout repo­sé. Dans ma cel­lule de moine au pla­fond haut, j’ai comme le ver­tige, et je finis quand-même par me rendormir.
Je vais prendre mon petit déjeu­ner dans la salle com­mune où je me gave de petits cakes et d’un lait chaud qu’on croi­rait direc­te­ment sor­ti du pis de la vache. Et puis du café, plu­sieurs tasses de café. L’Italie, c’est un peu le pays du café, alors quand vous deman­dez un café et qu’on vous amène un pisse d’âne digne d’un fast-food, vous levez les mains au ciel et vous dites tout haut « ma che cosa è ? ». La dame qui fait le ser­vice m’ex­plique qu’il y a une dif­fé­rence sub­stan­tielle entre café et expres­so. Le café, c’est le café amé­ri­cain (tiens ? ils savent faire du café les Amé­ri­cains ?) qui n’est autre que le café cafe­tière qu’on connait chez nous et l’ex­pres­so c’est ce qui est l’âme de l’I­ta­lie, une décoc­tion pas­sée au per­co­la­teur à toute vitesse sur une petite dose de café qui a à peine le temps de se char­ger en caféine…

Je compte me diri­ger vers San Mar­co ce matin, revoir les fresques de Fra Ange­li­co et notam­ment celle de la cel­lule 13 qui porte ce nom très poé­tique, Noli me tan­gere qui est à mon sens une des plus belles et des plus char­gées en sens des fresques du moine domi­ni­cain. Je repasse donc devant San Loren­zo, nim­bée de soleil, mais je me sens comme dévié et fina­le­ment je me dis que je vais entrer dans la basi­lique. Il y a un peu de queue mais je prends sur moi et je me sens dépi­té lorsque je me rends compte que l’en­trée est payante… J’en par­le­rai plus tard, mais deux choses m’ont pas­sa­ble­ment éner­vé à Flo­rence ; le fait qu’il faille payer pour entrer dans les églises et le fait qu’on ne puisse faire de pho­to nulle part à l’in­té­rieur des monu­ments qui sont jus­te­ment payants.

San Lorenzo - intérieur - nefSan Loren­zo donc, je n’y étais jamais entré. C’est encore Bru­nel­les­chi qui est cou­pable de cette archi­tec­ture qui déploie sa pers­pec­tive vers un chœur pro­fond, autour de colonnes mas­sives. C’est ici qu’on se rend compte à quel point les maîtres ita­liens se sont empa­rés de leur pas­sé et ont por­té l’i­déal clas­sique à son apo­gée. Je dis que c’est ici, mais c’est aus­si dans plu­sieurs autres monu­ments florentins.
La nef est une des plus lumi­neuses qu’on puisse trou­ver dans une église et on pour­ra remar­quer que cette impres­sion de gran­deur est accen­tuée par l’u­ti­li­sa­tion de cette pierre superbe aux reflets bleus qu’est la pie­tra sere­na, pierre endé­mique de la région de Flo­rence. (more…)

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Lun­gar­no e Oltrar­no – Car­net de voyage à Flo­rence 3 — Le feu et la glace

Lun­gar­no e Oltrar­no – Car­net de voyage à Flo­rence 3 — Le feu et la glace

Epi­sode pré­cé­dent : Lun­gar­no e Oltrar­no – Car­net de voyage à Flo­rence 2 – Lumière sur le Duomo

Quit­tant la place du Duo­mo dont les cloches se mettent à val­ser dans tous les sens, je des­cends la Via de Cal­zaio­li qui mène vers l’autre cœur de la ville, la Piaz­za del­la Signo­ria avec son Palaz­zo Vec­chio, majes­teux édi­fice de pierre moyen­âgeux bar­dé d’é­cus­sons. Dans cette rue donc, je vois un visage dont je n’a­vais pas sou­ve­nir, une Flo­rence de façade, semi-vitrine de luxe des quar­tiers riches, mais je me rabroue un peu vite en me disant que depuis le Moyen-Âge, cette ville a tou­jours été riche, sinon la créa­tion artis­tique n’y aurait pas été si foi­son­nante. Dans cette rue donc, je tombe sur un bâti­ment somp­tueux, une sorte d’o­ra­toire car­ré aux façades rem­plies de sta­tues enchâs­sées dans leur niche fine­ment cise­lée. C’est Orsan­mi­chele. Orsan­mi­chele doit son nom étrange au fait qu’il est construit sur l’emplacement de l’an­cien Saint-Michel-au-jar­din (San Michele in orto ou Orto San Michele et donc par éli­sion, Or’ San Michele) et ce n’est pas vrai­ment une église, mais plu­tôt un ora­toire qui a ser­vi éga­le­ment d’en­tre­pôt et donc de mar­ché au grain. L’in­té­rieur contient un taber­nacle assez riche que l’on doit à Orca­gna, mais ce qui est sur­tout remar­quable, ce sont toutes ces sta­tues de saints qui ornent sa façade qui sont en réa­li­té les saints pro­tec­teurs des cor­po­ra­tions de mar­chands de la ville (on en revient à ce que je disais tout à l’heure). Cer­taines d’entre elles ont été réa­li­sées par Dona­tel­lo, Ghi­ber­ti et Giam­bo­lo­gna. Le bâti­ment lui-même, mal­gré son aspect mono­li­thique, semble d’une légè­re­té impres­sion­nante au regard des den­telles de sculp­tures qui ornent les niches et les arcades.

Florence - jour 1 - 086 - Via de Calzaioli - Orsanmichele (more…)

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Lun­gar­no e Oltrar­no – Car­net de voyage à Flo­rence 2 — Lumière sur le Duomo

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Épi­sode pré­cé­dent : Lun­gar­no e Oltrar­no – Car­net de voyage à Flo­rence 1 – le voyage en train

Dès mon arri­vée, j’ai l’im­pres­sion d’ar­ri­ver dans un autre monde. Un per­son­nage campe fer­me­ment sur le quai de la gare, le regard sévère, les pieds soli­de­ment ancrés sur le sol, les bras croi­sés. C’est comme un rap­pel qu’i­ci encore, la vie est ryth­mée par la religion…

Florence - jour 1 - 014 - Gare de Firenze - Santa Maria Novella

Je jette un coup d’œil à l’ar­chi­tec­ture un rien futu­riste de l’é­di­fice qui date de 1934 et je me vois pro­je­té des années en arrière, lorsque nous sommes arri­vés avec notre petit groupe dans cette même gare, au même endroit. J’a­vais sim­ple­ment 20 ans de moins.

En sor­tant du bâti­ment, on se trouve nez à nez avec la très majes­tueuse église San­ta Maria Novel­la dans laquelle se trouvent de petits tré­sors de la pein­ture renais­sante. Pour l’ins­tant, l’heure est à la prise de pou­voir, je veux aller dépo­ser ma valise à l’hô­tel. Il se trouve à deux pas de la gare dans une ruelle inter­dite à la cir­cu­la­tion, la via Faenza.

Sur un mur, quel­qu’un me demande si je vis bien. Oui, tout se passe bien pour l’ins­tant, merci.

Florence - jour 1 - 017 - Via Faenza (more…)

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Lun­gar­no e Oltrar­no — Car­net de voyage à Flo­rence 1 — le voyage en train

Lun­gar­no e Oltrar­no — Car­net de voyage à Flo­rence 1 — le voyage en train

Lun­gar­no e Oltrar­no, le long de l’Ar­no et de l’autre côté de l’Ar­no, c’est ain­si que les Flo­ren­tins parlent avec ten­dresse de leur ville cou­pée en deux par un fleuve majes­tueux en appa­rence. Ce n’est fina­le­ment qu’un rivière qui a du mal à cou­ler et qu’on contient entre deux rete­nues d’eau arti­fi­cielles, his­toire que la belle ville ne se retrouve pas assise sur un fleuve à sec. Quoi qu’il en soit, on n’y ver­ra jamais autre chose navi­guer que de petites embar­ca­tions légères, de sottes petites barques pour les amou­reux romantiques…

Flo­rence et moi, ce n’é­tait pas une pre­mière fois. J’ai eu la chance de par­tir en voyage d’é­tude pour aller admi­rer les sculp­tures du Bar­gel­lo, ain­si que tout ce qui avait à voir avec notre pro­gramme d’his­toire de l’art, soit la Renais­sance. C’é­tait en 1992 il me semble, une éter­ni­té déjà. Ce n’é­tait que la pre­mière étape d’une vision d’en­semble de l’art puisque l’an­née d’a­près j’é­tais à Venise. Des années après donc, j’y retourne, dans une cer­taine confu­sion, ne sachant pas trop ce que je vais y faire ni ce que je vais voir, mais tout ce que je sais le matin même, c’est que je pars en train et que ça fait des années que je n’ai pas fait de grand voyage en train. Flo­rence, Venise, Madrid encore avant, j’ai l’im­pres­sion que ce temps remonte à une autre vie. Cette fois-ci, ce sera un TGV jus­qu’à Turin, et en pre­mière classe, s’il vous plait… Je crois que je n’ai voya­gé qu’une seule fois en pre­mière classe, et c’é­tait pour reve­nir de l’en­ter­re­ment de mon grand-père en Bre­tagne. Il faut dire ce qui est, c’est rude­ment confor­table, mais je ne suis pas cer­tain que ça vaille de le coup de payer le double pour ça. En même temps, il ne res­tait plus que ça…

Je prends le temps d’ad­mi­rer une France à 400 à l’heure, plate, belle sous le soleil, qua­drillée de verts qui se cousent entre eux comme des car­rés de patchwork.

Florence - jour 1 - 001 - Gare de Lyon (more…)

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