Magie barthesienne des espaces
En 1975, Roland Barthes inaugure une série d’autoportraits, dans lequel il proposera au lecteur un portrait en forme de fulgurances, de petites phrases qui ne manqueront pas d’évoquer les Fragments, fragments héraclitéens qui disent une vérité laconique et poussent au dépassement de soi. Pour moi, Barthes est au mieux dans son Journal de deuil, le Barthes le plus poignant, le plus authentique, le plus formulaire. Roland Barthes par Roland Barthes, un joli condensé intimiste.
Vous êtes le seul à ne jamais vous voir qu’en image, vous ne voyez jamais vos yeux, sinon abêtis par le regard qu’ils posent sur le miroir ou sur l’objectif (il m’intéresserait seulement de voir mes yeux quand ils te regardent) : même et surtout pour votre corps, vous êtes condamné à l’imaginaire.
Roland Barthes par Roland Barthes [1975]
Seuil, collection « Écrivains de toujours », 1995.