Le matin se lève sur un ciel fou, bario­lé d’o­ranges qu’on ne connait pas. J’ouvre les rideaux pour me repaître de ces lumières qui me réchauffent et je m’as­sou­pis dans un rêve marin aux allures rayon­nantes de voyage immo­bile, ne me répé­tant les mots de ce poème qu’une fois déjà loin…

Par les soirs bleus d’é­té, j’i­rai dans les sentiers,
Pico­té par les blés, fou­ler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sen­ti­rai la fraî­cheur à mes pieds.
Je lais­se­rai le vent bai­gner ma tête nue.

Je ne par­le­rai pas, je ne pen­se­rai rien :
Mais l’a­mour infi­ni me mon­te­ra dans l’âme,
Et j’i­rai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, — heu­reux comme avec une femme.

Sen­sa­tion, Arthur Rim­baud, 1870

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