Wil­fred The­si­ger, sage par­mi les sages, homme aux semelles de vent par­mi les hommes a par­cou­ru pen­dant des années le sable brû­lant du Kenya et de l’É­thio­pie et ses lieux inter­dits, à la ren­contre de ceux qui vivaient il y a encore quelques années sans avoir connu d’autres hommes que ceux de leur tri­bu — et ceux contre qui ils com­bat­taient. Sam­bu­ru, Kalen­jin, Kikuyu, Ren­dile et Tur­ka­na, des noms qui chantent les grands hommes de la val­lée du Rift et du Maa­sai Mara ou du Tan­ga­ny­ka, le lac le plus pois­son­neux du monde, des hommes lon­gi­lignes, agres­sifs, bel­li­queux et fins, beaux et rebelles comme des femmes dont les tra­di­tions veulent qu’ils s’ha­billent avec les attri­buts fémi­nins jus­qu’à l’âge sacré de leur cir­con­ci­sion et portent dans les che­veux les plumes des petits oiseaux qu’ils ont tué avec leurs traits et un arc tout ce qu’il y a de plus arti­sa­nal. Tous les qua­torze ans, un nou­veau cycle de la vie com­mence et se fête digne­ment dans le ber­ceau de l’hu­ma­ni­té, qui est une des régions les plus giboyeuses d’Afrique.

Pho­tos extraites de son livre Visions d’un nomade, chez Plon, 1987, coll. Terre humaine.

Billet sui­vant : Églises mono­li­thiques de Lali­be­la, Wil­fred The­si­ger le nomade #2

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