Voi­ci une expo­si­tion qui mérite le détour, Les Cou­leurs du Ciel, si tou­te­fois vous êtes déjà allés voir Raphaël au Louvre (ce qui n’est pas encore mon cas), Cana­let­to et Guar­di (Musée Jac­que­mart-André), et Cana­let­to (Musée Maillol) et que je ne serai pas allé voir si mon atta­ché de presse offi­ciel ne m’a­vait pas fait de grands signes en me disant qu’il ne fal­lait pas man­quer ça. Effec­ti­ve­ment, cette expo­si­tion qui se niche au creux du petit musée Car­na­va­let (je tiens à dire que l’agent de sécu­ri­té est par­ti­cu­liè­re­ment aimable et sou­riant) montre une cen­taine de tableaux expo­sés d’or­di­naire dans des églises et des­sins pré­pa­ra­toires qui pour une fois se retrouvent regrou­pées sous les lumières (par­fois un peu mal ajus­tées sur cer­taines toiles dont le ver­nis est un peu brillant, mais ça passe) d’un musée.

Claude Vignon - L'adoration des mages (1625)

Claude Vignon — L’a­do­ra­tion des mages (1625)
Paris, église de Saint-Gervais-saint-Protais
Pho­to © Coarc

Si l’on peut se mon­trer par­fois un peu cir­cons­pect quant à la réelle beau­té de cer­taines églises pari­siennes datant pré­ci­sé­ment de cette époque et dont l’ar­chi­tec­ture aus­si bien inté­rieure qu’ex­té­rieure est par­fois un peu mas­sive, un peu lourde (je pense notam­ment à Saint-Nico­las du Char­don­net, ou Saint-Roch) on y trouve des petits tré­sors qu’on ne pense pas for­cé­ment à regar­der, le regard était géné­ra­le­ment plus atti­ré par les ors des autels, les colonnes effi­lées, un pla­fond peint à fresque ou des orgues majes­tueuses que par ce qui se cache dans les niches sou­vent obs­cures ou les cha­pelles absidiales.

Charles Poerson - Annonciation (1651-2)

Charles Poer­son — Annon­cia­tion (1651–52)
Paris, Cathé­drale Notre-Dame

Ce que vous avez ici vous récon­ci­lie­ra avec la pein­ture d’é­glise et vous inci­te­ra cer­tai­ne­ment à plus regar­der cette ico­no­gra­phie, for­cé­ment très reli­gieuse, qui sont géné­ra­le­ment des pein­tures pré­vues pour occu­per l’es­pace qui leur est dédié. Les sujets racontent des his­toires de caté­chisme de l’An­cien Tes­ta­ment comme du Nou­veau (j’ai rare­ment vu Abra­ham et Mel­chi­sé­dech autant de fois dans un seul endroit). Les peintres repré­sen­tés ici sont ceux qui pré­ci­sé­ment ont mar­qué une époque de la pein­ture fran­çaise, à une période pré­cise où celle-ci pro­gresse à vive allure, pro­pul­sée par la connais­sance de cer­tains d’entre eux de la pein­ture ita­lienne. On retrou­ve­ra ain­si Charles Le Brun, Noël Coy­pel, Phi­lippe et Jean-Bap­tiste de Cham­paigne, Claude Vignon et bien sûr Simon Vouet, mais bien d’autres aus­si qu’on a un peu moins l’ha­bi­tude de voir et dont les tra­vaux sont tout à fait dignes d’in­té­rêt, comme Charles Poer­son et d’autres.
Par­mi les œuvres qui ont le plus atti­ré mon attention :

  • Claude Vignon, L’a­do­ra­tion des mages (1625). Paris, église de Saint-Gervais-saint-Protais.
  • Simon Vouet, Quatre saints ado­rant le nom de Dieu: Saint Pierre, Saint Jérôme, Saint Mer­ri et Saint Fro­dulphe (1645). Paris, église de Saint-Merri.
  • Nico­las Pous­sin, Saint Denis l’A­réo­pa­gite cou­ron­né par un ange (1620–1621). Paris, église Saint-Germain-l’Auxerrois.
  • Charles Le Brun, La fla­gel­la­tion. Paris, église Saint-Ber­nard-de-la-Cha­pelle. Un tableau ter­rible où l’on voit les yeux du Christ révul­sés de douleur.
  • Charles Poer­son, L’an­non­cia­tion (1651–52). Ancien­ne­ment dans la cathé­drale Notre-Dame, aujourd’­hui au musée des Beaux-Arts d’Arras.

Une expo­si­tion rare et incon­tour­nable qui se pour­suit jus­qu’au 24 février 2013.
Pour en savoir plus, le cata­logue de l’ex­po­si­tion : Sous la direc­tion de Guillaume Kaze­rou­ni, Les cou­leurs du ciel. Pein­tures des églises de Paris au XVIIe siècle, 2012, Paris Musées, 375 p., 49 €.

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