Épi­sode pré­cé­dent : La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 18 : Visages des rues banales d’Istanbul

Istan­bul est une grande ville. Même si l’on se contente de ne visi­ter que la vieille ville, il faut bien à un moment don­né, his­toire de ne pas tou­jours tour­ner autour des mêmes lieux, prendre les trans­ports en com­mun, ou même le taxi. Je n’ai pas essayé le métro parce que je n’a­vais besoin de le prendre, mais j’ai pris le tram­way plu­sieurs fois, une ligne qui trans­perce la vieille ville et ébranle les pavés de son trem­ble­ment mala­dif, à Eminönü, qui passe devant la gare de Sir­ke­ci, remonte une rue très com­mer­çante jus­qu’à Gül­hane, le jar­din de Top­ka­pi et pour­suit devant Sul­ta­nah­met, Çem­ber­li­taş, passe devant l’U­ni­ver­si­té, Lale­li, puis s’engouffre dans les pro­fon­deurs d’une ville incon­nue. De l’autre côté de la Mos­quée Nou­velle, le tram­way fait trem­bler le pont de Gala­ta, passe à Karaköy puis remonte jus­qu’à Kaba­taş au bord du Bos­phore en s’é­tant frayé un che­min entre quelques mos­quées d’un inté­rêt assez vague. Le tram­way est moderne, cli­ma­ti­sé et confor­table. Par tous, il est cou­ru et fonc­tionne jus­qu’aux envi­rons d’une heure du matin.

Istanbul - avril 2012 - jour 3 - 105 - Sultan Ahmet Parkı

De Kaba­taş, on peut rejoindre Tak­sim, le célèbre Tak­sim, une immense place d’où part Istik­lal Cad­de­si, l’a­ve­nue convoi­tée par la jeu­nesse pour ses maga­sins ten­dance, où l’on trouve un petit tram­way rouge aux allures mont­mar­troises que les tou­ristes trou­ve­ront cer­tai­ne­ment du plus bel effet, tel­le­ment pit­to­resque. De Kaba­taş à Tak­sim on peut prendre le funi­cu­laire (fünikü­ler) dont le temps d’at­tente est plus long que le temps de tra­jet et comme il est sou­ter­rain, il n’offre qu’une courte visite aveugle dans les entrailles de la ville. Il vous entraî­ne­ra dans un dédale de cou­loirs pro­prets et sur­veillés par des gar­diens à chaque tour­ni­quet. C’est fina­le­ment assez sain. Per­sonne ne fraude car un garde-chiourme vous en empêche. On paie une per­sonne pour ça, mais du coup, on ne voit pas de contrô­leurs… ça donne des idées. Pour­quoi répri­mer quand on peut prévenir ?

Istanbul - avril 2012 - jour 7 - 122 - Istiklal Caddesi

Comme dans tous les trans­ports en com­mun, on uti­lise des jetons en plas­tique qu’on achète au Jeton­ma­tik avec des pièces de 1TL. Pour s’af­fran­chir de cette cor­vée, une Istan­bul­kart per­met de la char­ger et de ne plus avoir les ron­delles de plas­tiques qui s’é­par­pillent dans les poches. De plus, on fait une éco­no­mie de 0,25 kuruş (kou-rouch) par trajet.

Istanbul - avril 2012 - jour 7 - 128 - Jetonmatik

Les taxis sont tous jaunes, presque tous de la même marque, Fiat, et un sur cent est cli­ma­ti­sé. Seuls les taxis de la com­pa­gnie qui est habi­li­tée à embar­quer depuis l’aé­ro­port sont jaunes d’or. Ils conduisent à peu près tous comme des dingues et n’ont pas tous un comp­teur à l’in­té­rieur. Lors­qu’on est seul, on monte devant à côté du chauf­feur, et même quand on est six ou sept, ça finit par ren­trer… Cer­tains sont bavards et curieux, d’autres sont maus­sades, voire désa­gréables, mais c’est comme ça par­tout non ?

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 063 - Nuruosmaniye Caddesi

Les voi­tures, elles, klaxonnent dans tous les sens, mais ce n’est pas un klaxon qui dit “pousse-toi de là connard” mais plu­tôt “atten­tion, je suis dans le coin, c’est juste pour te dire que je suis là, alors regarde par­tout autour de toi”. Pas d’engueulade au volant, pas d’in­sultes et de bagarres, si un qui­dam prend une prio­ri­té qu’il n’a pas… eh bien tant pis… on va pas en faire une quiche… la vie conti­nue, de toute façon la prio­ri­té n’existe que dans les livres, pas quand on roule. Les Stam­bou­liotes sont cour­tois et débon­naires sur la route comme dans la vie…

Les voi­tures des par­ti­cu­liers sont sou­vent d’un autre âge. Pas de pro­blème si les portes ne ferment plus et si l’in­té­rieur res­semble à une cabane de chan­tier. Pour­vu que ça roule à peu près. On voit des voi­tures qui ne sont plus pro­duites en France depuis 1980. Ça peut por­ter à sou­rire, mais en réa­li­té, ça démontre que l’é­co­no­mie de mar­ché n’a pas encore tota­le­ment gan­gré­né la Tur­quie et en second lieu, que les gens prennent soin de ce qu’ils ont. On voit beau­coup de Renault 12, voi­ture que mon père a pos­sé­dé dans les années 1980, mais jus­qu’à aujourd’­hui il en a pos­sé­dé quatre ou cinq autres au des­tin plus ou moins heu­reux et pour­tant mon père n’est pas du genre à se sépa­rer faci­le­ment de son véhi­cule. Pen­dant ce temps, des Turcs conservent cette voi­ture qu’ils ont dû payer une for­tune à l’é­poque et en voir rou­ler encore et en très bon état me rend admiratif.

Istanbul - avril 2012 - jour 6 - 006 - Renault 12 break

Un peu par­tout dans la ville on voit aus­si déam­bu­ler des camions aux bennes colo­rées. Ce sont les camions des Gitans qui récu­père à peu près tout ce qu’on peut trou­ver dans les rues, car­tons, bou­teilles de verre ou en plas­tiques, canettes, etc. et qui retournent le soir venu dans le quar­tier des Bla­chernes (Ayvan­sa­ray) et qui créent ain­si une véri­table éco­no­mie paral­lèle du recyclage.

Istanbul - avril 2012 - jour 8 - 001 - Dızdarıye Yokuşu Sokak

Enfin, lors­qu’on sort de la vieille ville, on peut voir des mini­bus qui font une véri­table concur­rence aux bus, qu’ils soient de com­pa­gnies pri­vées ou d’é­tat. D’ailleurs, pas la peine de cher­cher un plan des bus de la ville, ça n’existe pas. Mieux vaut savoir où l’on va, repé­rer sur le site Inter­net le nom de la sta­tion la plus proche et deman­der direc­te­ment son che­min aux chauf­feurs qui attendent à la gare rou­tière d’Eminönü. Ces mini­bus, ce sont les dol­muş (dol-mouch), qu’on voit sur­tout à Üskü­dar ou dans d’autres quar­tiers que la centre de la vieille ville. Vu de l’ex­té­rieur, impos­sible de dire d’où ils partent et où ils vont, et comme on ne sait pas non plus par où ils passent, ni où ils s’ar­rêtent, c’est un moyen de trans­port somme toute assez dif­fi­cile à appré­hen­der. J’ai sou­vent vu des gens attendre on ne sait quoi sur le bord de la route et l’i­dée m’est venue qu’ils atten­daient cer­tai­ne­ment le dol­muş puis­qu’ap­pa­rem­ment c’est ain­si qu’on l’at­trape, en res­tant là et en lui fai­sant un signe de la main lors­qu’il passe… un exer­cice qui néces­site une atten­tion soutenue.

Istanbul - avril 2012 - jour 6 - 061 - Üsküdar - Kuzguncuk - Dolmuş

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