Elle vient de la terre, des pro­fon­deurs sacrées de la terre de Grèce et des arcanes du IVè siècle avant Jésus-Christ. Nées des orgies de Dio­ny­sos, les Ménades sont des femmes pos­sé­dées per­son­ni­fiant les esprits sau­vages de la nature. Vêtues de peaux de bêtes, d’un bruyant thyrse et d’un tam­bou­rin, elles paradent aux côté des satyres dans les thiases dio­ny­siaques. Tou­jours ivres, en proie au délire de la transe, elles sont tatouées sur le visage et lorsque le délire le plus extrême les sai­sit, elles deviennent folles, s’at­taquent aux voya­geurs qui s’a­ven­turent sur les routes au mois d’oc­tobre et les démembrent pour les dévorer.
Dans la sta­tuaire grecque clas­sique, elle est tou­jours repré­sen­tée les bras écar­tés, entrai­nés par la danse, les jambes pla­cées de telle sorte qu’on la croit bon­dis­sante comme un cabris, les vête­ments agi­tés par le mou­ve­ment et les che­veux au vent. Celle du sculp­teur Sco­pas porte en elle un grâce toute par­ti­cu­lière, sau­vage, primitive.

La poi­trine for­te­ment ten­due vers l’a­vant, sa tunique est défaite au point que des épaules jus­qu’au genou, ce n’est qu’une seule chair, subrep­ti­ce­ment inter­rom­pue par une cein­ture fine et cette chair montre une fesse mus­clée, ten­due par la posi­tion et la nais­sance de la région pubienne sous le voile léger et trans­pa­rent qui par­court l’in­té­gra­li­té de son corps. Der­rière, une cam­brure osée, sug­ges­tive, la femme a la tête reje­tée en arrière, les yeux révul­sés dans une atti­tude d’a­ban­don total. Sa che­ve­lure relâ­chée n’a plus cette forme clas­sique bien ran­gée, mais c’est la che­ve­lure d’une femme en extase. Cette sculp­ture est d’une audace folle et l’on rêve à ce que pou­vait être l’œuvre dans son inté­gra­li­té ; ses mou­ve­ments indiquent qu’elle devait être d’une jolie finesse empor­tée dans un mou­ve­ment dyna­mique. Il ne nous en reste qu’une belle par­tie qui laisse tou­te­fois songeur…

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