Bar­tos est un nom qu’on n’ou­blie pas, sur­tout lors­qu’il vient se pro­duire à deux pas de chez vous, au centre des arts d’En­ghien-les-bains. Il ne fait pas par­tie du noyau fon­da­teur de Kraft­werk, le groupe pion­nier en matière de musique élec­tro­nique créé par Ralf Hüt­ter et Flo­rian Schnei­der, mais il en est un des membres émi­nents des pre­miers temps.

A l’o­ri­gine de cer­tains de titres les plus connus, on consi­dère sou­vent qu’il est le plus ori­gi­nal de la bande et c’est d’ailleurs ce qui le fera quit­ter la troupe puisque ses visions de la musique était lar­ge­ment plus pro­gres­sistes que celles de deux membres fon­da­teurs. On le voit d’ailleurs bien dans son der­nier spec­tacle puisque s’il y est sou­vent ques­tion de son com­pa­gnon de route Wolf­gang Flür, les images concer­nant les deux autres sont soi­gneu­se­ment évi­tées, lais­sant pré­sa­ger d’un conflit dans lequel il pré­fère cer­tai­ne­ment se pas­ser de cet encom­brant héri­tage. Tou­te­fois, il n’hé­site pas à reprendre sur scène cer­tains des plus grands titres de Kraft­werk — sur­tout lors­qu’il en est le prin­ci­pal instigateur.

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Le spec­tacle Live Cine­ma qu’a mon­té Bar­tos avec son aco­lyte Mathias Black au mixage est un réel tra­vail de scé­no­gra­phie et de pro­duc­tion d’i­mage, car depuis la dis­so­lu­tion (même si Kraft­werk conti­nue de se pro­duire avec Hüt­ter) du groupe, Bar­tos a conti­nué de publier des albums de son côté, tout en mon­tant un spec­tacle à par­tir des courts-métrages qu’il a réa­li­sé ces der­nières années. On y retrouve cer­tains des titres phares du groupe (Trans Europe Express, Tour de France, Robots, Das Model, etc.) mais éga­le­ment les titres de son album Com­mu­ni­ca­tion, dont The Came­ra, illus­tré super­be­ment par les images de Blow up d’An­to­nio­ni et de Pee­ping Tom de Michael Powell.
Un spec­tacle superbe, réglé au mil­li­mètre, orches­tré par un Bar­tos frin­guant, sou­riant et dont la voix, tou­jours aus­si claire est la véri­table pâte de sa pré­sence auprès du groupe alle­mand pen­dant toutes ces années de suc­cès. Ses réor­ches­tra­tions sont beau­coup plus ryth­mées, on sent le per­cus­sion­niste dans son meilleur œuvre. Du début à la fin, tout glisse, rien n’ac­croche, jus­qu’au final où les salu­ta­tions, brèves, mettent un terme au spec­tacle sans rap­pel, un spec­tacle hal­lu­ci­né, hyp­no­tique, pour ne pas dire chamanique.

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