A la suite d’Irène l’A­thé­nienne, écar­tée du pou­voir, vien­dra son logo­thète (sur­in­ten­dant des finances) qui régne­ra sous le nom de Nicé­phore Ier et qui res­te­ra sur le trône pen­dant neuf. La fin de son règne s’a­che­va brus­que­ment à la bataille de Plis­ka lorsque son rival, le khan bul­gare Krum lui cou­pa lui-même la tête et avait l’ha­bi­tude de se ser­vir du crâne de son enne­mi comme d’un calice… Son suc­ces­seur, Michel Ier Rhan­ga­bé ne règne que deux ans. Per­son­nage sans enver­gure aux prises de déci­sions contra­dic­toires, il engage une bataille contre les Bul­gares où son futur suc­ces­seur, Léon, se désen­gage avec son bataillon. L’ar­mée byzan­tine est mas­sa­crée, Michel revient à Constan­ti­nople défait et abdique en 813. Il se retire dans un monas­tère et meurt un an plus tard. Léon V est alors couronné.

Cou­ron­ne­ment de Léon V l’Ar­mé­nien — Manus­crit Sky­lit­zès à Madrid

Léon V l’Ar­mé­nien ravive les que­relles de l’i­co­no­clasme en édi­tant de nou­velles lois contre les images. L’empire est à nou­veau secoué par des que­relles intes­tines et l’air du temps devient pesant à Constan­ti­nople, ce qui mine l’empereur qui devient angois­sé et montre vite des signes de dépres­sion féroce. Il oscille entre des crises de mélan­co­lie pleur­ni­charde et des accès de fureurs pen­dant les­quels il roue de coups ses sujets. Ses nuits deviennent un enfer, il se lève toutes les heures et per­sua­dé qu’on com­plote autour de lui, il fait vider puis fouiller sa chambre au moindre bruit. Il apprend que son ancien ami Michel Psel­los com­plo­tait effec­ti­ve­ment contre lui et le fait empri­son­ner, puis condam­ner à mort. Ledit Michel empri­son­né, Léon est pris de cau­che­mars déli­rants et ne trouve plus le som­meil à en deve­nir fou ; c’est ce qui le déci­da à décré­ter que Michel devait mou­rir la veille de Noël, condam­né à périr brû­lé dans les four­neaux ali­men­tant les bains de l’empereur. Sur inter­ven­tion de l’im­pé­ra­trice, l’exé­cu­tion est remise au len­de­main, après les fes­ti­vi­tés de Noël.

Les céré­mo­nies se déroulent dans l’é­glise Sainte-Sophie, per­cluse par le froid de l’hi­ver… André, diacre de l’é­glise nous raconte la scène :

C’est alors, ain­si que cela arrive par­fois, sans qu’on s’y attende, la nuit sur­tout, que se pro­dui­sit un phé­no­mène dont on m’a­vait déjà par­lé mais dont je n’a­vais jamais été le témoin. Lorsque, sous le coup d’une pareille vague de froid, la tem­pé­ra­ture vient à chu­ter bru­ta­le­ment à l’in­té­rieur de la nef, il arrive, par contraste avec celle res­tée constante de la citerne, sur laquelle repose en par­tie la construc­tion, que des bouches d’aé­ra­tion situées sous le dal­lage et à la base des murs filtrent des vapeurs qui com­mencent par ram­per sur le pave­ment, puis montent le long des piliers jus­qu’à plon­ger dans un épais brouillard la par­tie basse de l’édifice.

Dans l’at­mo­sphère étrange de la nef enve­lop­pées de vapeurs blanches, les chants et les hymnes de Noël reten­tissent, l’empereur sur­git et annonce :

« Gloire à Toi, Sei­gneur, qui nous a offert ton fils pour le rachat de nos péchés et, lui don­nant un corps de chair, l’as fait naître humble dans la crèche… » A peine ces pre­miers mots pro­non­cés, ce fut comme s’il avait don­né le signal de l’as­saut. Les ombres qui l’en­vi­ron­naient à quelque dis­tance se pré­ci­pi­tèrent sur lui. Sacri­lège inouï en ce lieu saint !

S’é­tant sai­si d’un lourd cru­ci­fix d’argent ser­ti de pierres pré­cieuses, l’empereur tente de se défendre en fai­sant tour­noyer l’ob­jet litur­gique au-des­sus de sa tête jus­qu’à ce que, épui­sé, il baisse sa garde. Un des conju­rés le blesse au bras et la croix tombe à terre, se défor­mant et envoyant val­ser les pierres sur le pavé ren­du glis­sant par les vapeurs. Les lames attaquent la chair de l’empereur et le clouent au bas des marches.

Michel Psel­los, libé­ré de sa geôle mais pas encore de ses chaînes se fait cou­ron­ner sur le champ, dans le sang de son ancien ami et dans le cli­que­tis de ses entraves… Michel II le Bègue est le nou­vel empe­reur. Afin d’é­vi­ter une éven­tuelle des­cen­dance, les quatre fils de Léon V sont châ­trés les uns après les autres ; l’un deux, Théo­do­sios, en mourra.

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