Mon­naie byzan­tine repré­sen­tant l’Em­pe­reur Léon IV le Khazar
et son père Constan­tin V Copronyme

Par­mi les per­son­nages hau­te­ment sym­pa­thiques qui régnèrent sur Constan­ti­nople, on en trouve quelques uns d’une même lignée qui furent direc­te­ment impli­qués dans la que­relle ico­no­claste. Petit fils de Léon III l’I­sau­rien, fils de Constan­tin V Copro­nyme, Léon IV le Kha­zar fut inves­ti co-empe­reur par son père à l’âge de 1 an, et gou­ver­na réel­le­ment en 775 à la mort de son père alors qu’il venait d’at­teindre l’âge de 25 ans. Cor­rom­pu, sans réel cha­risme, Léon IV a une telle bonne image et une telle pré­sence qu’on le sur­nomme le Kha­zar en rai­son des ori­gines… de sa mère. Per­son­nage sans grand inté­rêt, il ten­ta de conti­nuer mol­le­ment la poli­tique de per­sé­cu­tion des ado­ra­teurs de saintes images qu’a­vait ini­tié son grand-père, sans grande convic­tion. En revanche, il appa­raît comme par­ti­cu­liè­re­ment ama­teur de richesse et de gran­deur, au point d’en deve­nir com­plè­te­ment malade. Il meurt à l’âge de 30 ans d’a­voir trop aimé l’or. En témoigne cet extrait de L’iconoclaste d’A­lain Nadaud :

Ain­si avide de parures et de bijoux, il avait déjà mis à pro­fit la mort du patriarche Nicé­tas, au début de l’an­née, pour faire main basse sur un cer­tain nombre d’ob­jets pré­cieux et pièces d’orfèvrerie, appar­te­nant au tré­sor de Sainte-Sophie, mais qu’il avait pré­ten­du vou­loir mettre à l’a­bri. Il s’en revê­tait lors de céré­mo­nies pri­vées, cha­mar­ré de bre­loques et de pen­den­tifs, qui cli­que­taient sur lui à chaque geste. A l’ap­proche de la mort, il s’in­fa­tuait de la sorte, comme pour contrer le des­tin, se faire un rem­part de ce qui pas­sait pour n’a­voir pas de prix. Ain­si d’une cou­ronne dont il s’é­tait enti­ché, assez laide en appa­rence, mais d’or mas­sif, ser­tie d’émeraudes, de perles et de rubis, que même à table ou au lit il se gar­dait de quit­ter. Le ban­deau en argent qui ser­vait de pare­ment inté­rieur, mal adap­té à la forme de son crâne, usé sur son rebord infé­rieur et même cabos­sé en d’autres endroits, aurait dû être refait et mate­las­sé de soie pourpre. Il s’y était oppo­sé, pré­tex­tant que cette répa­ra­tion dure­rait trop long­temps. Et, de fait, cette cou­ronne lui ser­rait par trop les tempes. Les enchâs­se­ments de pierres rares, pro­émi­nents sur le pour­tour, par le poids déjà consi­dé­rable du métal, finirent par lui enta­mer le cuir che­ve­lu. La mon­ture des escar­boucles lui grif­faient la chair au point de le faire sai­gner et lui lais­sa ensuite des bles­sures qui se mirent à sup­pu­rer. Le poi­son, a‑t-on dit, dont on aurait enduit le ban­deau d’argent en son point de frot­te­ment avec la peau, mais plus sûre­ment le char­bon, qui avait déjà empor­té son père, les trans­for­ma en tumeurs. Il eut bien­tôt la tête ceinte d’un affreux cercle de plaies noir­cies et enflées qui for­mait comme l’en­vers de cette cou­ronne infer­nale, qu’il avait renon­cé à por­ter mais qu’il conti­nuait de tenir pres­sée contre lui. Il en mou­rut le 7 sep­tembre 780.

Alain Nadaud, L’I­co­no­claste
Edi­tions Quai Vol­taire, 1989

Tags de cet article: , ,