Au XIIè siècle, l’au­to­ri­té pon­ti­fi­cale de l’É­glise Catho­lique Romaine léga­lise l’indul­gence, un acte mon­nayable par lequel on obtient rémis­sion par­tielle ou totale de la peine tem­po­relle en rela­tion avec un péché par­don­né lors de la confes­sion. Ain­si, les caisses de l’É­glise se rem­plissent bien vite, car les plus riches des fidèles se paient le luxe de com­mettre des péchés dont ils obtiennent rémis­sion de peine en payant rubis sur l’ongle. C’est sur­tout vrai à une époque où la splen­deur d’un évê­ché se mesure à la taille de son cathèdre, donc de l’é­glise qui va avec, la Cathé­drale (c’est bien la taille qui compte). Construire ces pieux monu­ments est un enga­ge­ment de frais astro­no­miques, et si on assiste fré­quem­ment à des détour­ne­ments de fonds ou des méthodes peu recom­man­dables de finan­ce­ments, l’indul­gence y prend une grande part. Ain­si, on voit les cathé­drales de Bourges et de Rouen se parer d’une « Tour de beurre ». Ce nom pour le moins étrange n’a rien à voir avec la cou­leur tendre de celle qu’on peut admi­rer à Rouen et qui s’é­lance à 75 mètres du sol, dans un délire de détails en fai­sant un fleu­ron de l’ar­chi­tec­ture gothique dite « flam­boyante », mais évoque les nom­breux cachets reçus de la part des fidèles qui se per­met­taient de consom­mer des matières grasses pen­dant le Carême et s’of­fraient ce droit, puis­qu’a­près tout, ce n’é­tait  pas si inter­dit que ça…

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