Au nombre des décou­vertes archéo­lo­giques de ces der­nières années, on a pu voir fleu­rir des choses abso­lu­ment excep­tion­nelles. Même si à notre époque, il nous reste tout de même plus de chances de décou­vrir l’hy­po­gée cachée d’un Tou­tan­kha­mon plu­tôt que les jar­dins sus­pen­dus de Baby­lone ou le temple d’I­sh­tar de Mar­duk, l’é­ven­tail des pos­sibles reste fran­che­ment éten­du, même si nous savons que l’ar­chéo­lo­gie est une science qui fini­ra par mou­rir dou­ce­ment ; en effet, le nombre de décou­vertes pos­sibles risque d’al­ler en s’a­me­nui­sant, les décou­vertes se suc­cé­dant et la conser­va­tion des élé­ments de fouilles non décou­verts ris­quant fina­le­ment de ne pas être exploi­table ou tout sim­ple­ment dis­pa­raître. Cette science porte en elle un drame : celui de devoir sans cesse décou­vrir des restes d’une civi­li­sa­tion. Même si l’ar­chéo­logue a une vision posi­tive de la décou­verte, le pro­fane est tou­jours déçu de décou­vrir le déla­bre­ment. Sauf… sauf dans quelques cas, où l’on se demande encore com­ment les objets ont pu nous arri­ver dans un tel état de conservation.

En France, la der­nière décou­verte de taille a été faite en Arles, grande cité romaine au pas­sé riche. On a trou­vé dans le Rhône, immense dis­pen­sa­teur de tré­sors qui n’ont cer­tai­ne­ment pas tous été mis à jour, une tête de Jules César en marbre, gran­deur nature et réa­li­sée de son vivant. On estime que c’est le por­trait le plus réa­liste de l’empereur, un por­trait au regard dur et froid, à la cal­vi­tie naissante.

Le mithraeum d’Angers

Si l’é­vé­ne­ment a été beau­coup moins média­ti­sé, car beau­coup moins spec­ta­cu­laire, il n’en reste pas moins une décou­verte d’im­por­tance. Sur le ter­ri­toire de la ville d’An­gers, a été mis à jour les restes d’un mithraeum (plu­riel mithraea), un temple cultuel dédié au Dieu Mithra, une divi­ni­té d’o­ri­gine indo-ira­nienne dont le culte est très déve­lop­pé à l’é­poque romaine et très lar­ge­ment dif­fu­sé sur le ter­ri­toire des conquêtes. On le sait peu, mais le Culte de Mithra, culte éso­té­rique acces­sible par coop­ta­tion, fut pen­dant quelques temps un concur­rent sérieux du chris­tia­nisme avant d’être inter­dit, comme tous les autres cultes païens en 391 par l’édit de Théo­dose. Mais pour­quoi des traces de ce culte à Angers, si loin de son lieu de nais­sance ? Mithra est un dieu guer­rier dont le culte s’est sur­tout déve­lop­pé chez les légion­naires romains. Pas­sa­ble­ment sus­pect, il n’é­tait pas de bon ton, dans une Rome qui avait adop­té le chris­tia­nisme comme reli­gion d’é­tat de se décla­rer mithraïste. Aus­si, les lieux de culte étaient-ils géné­ra­le­ment enfouis sous terre, exi­gus, confi­nés et ne pou­vaient que rare­ment rece­voir plus de qua­rante per­sonnes à la fois. La décou­verte d’un de ce lieux à Angers marque les pro­gres­sions de l’ex­pan­sion de ce culte sur le conti­nent, qu’on retrouve en réa­li­té jus­qu’à Londres.

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